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À la ficelle Des îles

L’oiseau rouge

Au début était la cage blanche

d’où surgit la blessure

fleur fiancée

au vide

 

bouche de laquelle sortit

un oiseau de sang

 

 

 

 

 

 

 

Un mot surgit des chairs

un arbre étincela du sol des réels

après la mort et le nid de cendre

 

de la graine du corps

 

bouquet blanc

au centre du grand feu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’oiseau palpita

battement de silence

échoua aux chapelles des grands souterrains

 

jusqu’aux prisons du fleuve

 

tomba aux rafales

issues des premières fables

qui 

tissèrent le monde

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et dans les tiroirs de l’ombre

un autre oiseau brûlait aux lèvres de l’absence

 

et de son chant giclait

comme un venin mielleux

 

murmure qu’entendait

en son coeur la blessure

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parmi la geôle rose

la braise fut liée

au coeur de la vieille créature

 

l’oiseau de feu chanta

le sens

répercuté parmi toute présence

 

Le vin fut purifié à même le levain

et dans l’alcôve de la terre

le désir surgit

des courbes d’une femme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La foi devint désert

puis océans

 

La volonté seule se dressa

fauve

en maître du bocal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tous les soleils rassemblés

bercèrent l’orage

dans la cache de la mort

 

Ils ont voulu la plume de paon

l’appétit des châteaux

détresses du lion

ils ont reçu la cendre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils ont poussé vainement

la pierre

mais échappé le souffle

dans l’âtre de la lumière

 

ils ont placé le monolith par dessus le

dos des esclaves

et fait vibrer des palais

où les hommes s’accroupissent

pour un baiser pour une bonne pisse

 

Ils ont nié parmi la grandeur de l’horizon

le murmure de la sève

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les reflets auront porté

le cantique des bêtes

à l’oreille branchée à la douceur de vivre

le trou noir

aura fait des rayons tombés

ses enfants

 

 

Les talismans fanés

le bijou auront étourdi aveuglé la foule

médusée

par le règne de l’écran

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les peuples réduits à l’esclavage

auront les poignets liés

par le simple murmure

du miel noir

chanté dans leurs veines

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais puisque l’homme en naissant

posa son pied sur la pierre

et dans les colonnes

imposa son sexe

imitant le son du cobra

quand il croît

 

Il marcha sur les vignes

pervertit le mot

gardien du savoir

 

La femme ayant refusé d’embrasser le venin

elle reçu alors

le sort de la terre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais le livre avait déja été écrit

dans sa chair

 

rayonnait

 

en chaque être

vivant

 

et la meurtrissure était son banquet

souillé de pleurs et de vents

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’oiseau rouge

apparut d’abord timidement

ainsi que l’éclair dans la forêt

 

à travers les mots blancs et noirs

 

miel dans les ruisseaux

couleur dans les saisons

 

emmenant avec lui

l’idéal du sang

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’oiseau est couché muet

dans la vague du gouffre

et récolte la blessure

 

Le cycle du courant

propage le mot de source

une bible écrite

au scalp du limon

 

la main gauche oubliée

la main droite marquée

découpant la plaie­

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La soif a ri de lui

l’a tissé en sa rage

dans la mer de sa sombre oraison

 

Tous les baisers donnés

à la mante

brûlèrent sur le bûcher du corps

bien que sa salive eut été sincère

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seul le fumier raconte

seul le crottin révèle

ce que l’être dissimule dans sa veste

aux fissures de l’histoire

 

La voix seule

est miracle

dansant sur la matière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les astres brillent tous

d’un silence oublié

 

l’homme rayonne l’or

mais l’or est indigeste

et détruit les royaumes

du beau et du vrai

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est à la dernière heure

que culmine la danse

l’obscur tremblement

 

et que les pôles vibrent

depuis la première plaie

 

trop longtemps ignorée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le bonheur tressaille

à chaque violence

de la bête mystérieuse

 

L’absence et le sublime

s’aiment en une même chair

dans un lit de lumière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De l’antre du fruit lacté

l’oiseau noir est issu

et il git étalé

désert de sang

cérémonie de vide

comme un faux crucifix

aux quatre coins du vivant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La mer monte

engouffre le silence

Le monde est muet

 

Le drapeau des toîts d’or

chute comme une pierre

 

est remplacée

par le chiffon

ayant nettoyé les corps tombés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ombre connaît

sur son fil coupant

le trot du flot lacté

 

le cratère est

embrassé

par le vent

 

le sacré ramené aux lèvres de la voûte

 

L’oiseau parle enfin

du miracle de son vol

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et l’oeil qui voit peut voir

derrière le sein perlant

du monstre terrassé

tout un rivage blanc

 

laissant deviner

l’univers sous le voile

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mythe de l’argile

réuni dans la fable

la grenade

chair de vie

est enfin

dégustée

 

la joie

oeuvre complète

est eau et feu de camp

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et les anciennes colonnes

soutenant l’empire

la vision sans croyance

l’acte de l’habitude

sont déja tombées

au tribunal du moment

jugées par le courant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et l’oiseau charbonneux

maintenant empourpré

percé

depuis l’abîme

 

s’en va vers le jardin

non encore initié au coeur et à l’épée

fondus en une chose

dans l’être rassemblés

 

ou un autre serpent

chante

et chantera

la cage blanche

 

 

 

 
II
Peaux mortes

 

 

Au puits des existences

 

Mes cantiques éteints

cherchent couchers de soleil

 

Je suis jardinier de sangs

riant aux larmes

pleurant les feux de joie

 

Je trie mes peaux mortes

pour l’amour du brasier

 

 

 

 

 

Brodé à chaque segment charnel

au noir de notre sang

comme à un veston

d’âme

 

le néant intrinsèque

nous creuse

comme un puits

 

de joies

de douleurs

 

 

 

 

 

La sorgue nous dévore

d’intimes volontés

 

Chétifs nous avançons

aux allées dénudées

 

au temple de notre perte

 

par notre heureux sentier

de mort et de vie

 

 

 

 

Nous serons la fleur

née des pourritures de nos entrailles

retournée à l’humus

depuis sa céramique

 

Notre vie se fond déja

larme de sel

aux chairs vives de la terre

présence intemporelle

 

au sein du vieil oeuvre

 

 

 

 

 

 

 

 

L’âme

depuis ses couches

lumières sombres

miroirs réflétés

 

tonne dans la nuit de son cosmos

depuis sa nature

 

Sous la mouvance des luminaires

le vin mûr des années

bourgeonne 

dans ma poitrine usée

 

poussières de soleil

 

*

 

Frontières

 

Quand on trouve le chemin du sang

il faut l’abandonner

car le sentier est ivre de notre peau

 

À crier l’infini

entre deux combats aux grandes écorchures

l’espace d’un sourire

 

l’ange est tombé sur toi

 

 

 

 

 

Tu créeras déserts de vie

au milieu de l’abîme du corps

plus d’eau dans ta gourde

plus de sourires dans ton front de lumière

 

Le sommeil est le cercle de corail

des bas-fonds

le médicament d’ombre

l’eau des ensommeillés

dont l’éveil

est le seul sevrage

 

 

 

 

 

 

Les machines s’affairent

pour boire le sang mystérieux

des mères

 

Ils grapillent leurs forêts de jade

découpent leurs étoiles

brûlent leur sève noire

torturent leurs cheveux de bois

arrachent et pillent leurs côtes incendiées

déchirent leur chemise

 

Mais qui donc voudra

après ce massacre sans coupable

dans un anonyme baiser

coucher avec la mort

 

 

*

 

 

Rivière

 

Dans le terroir de mes vies

je suis myope

voyant

aux yeux d’émeraudes

 

Je suis les rivières dans les replis de l’enfance

ridé par le vécu des lèvres

et du courage

 

par mes feux oubliés dans leur dernière braise

 

 

 

 

 

 

Le fleuve s’apaise

fleuve d’amour quêtant les cascades

dans la noirceur des eaux sacrifiées

cherchant les chemins aux buissons du verbe

 

parmi le maquis de l’intérieure ruine

 

 

 

 

 

 

Je porte les cornes en spirale

les bois l’instinct

de mon sein jaillit

chemin

de lumières

 

Je bois à l’aurore

une vieille source

 

 

 

 

 

Je cherche lueurs

de sentiers

dans l’écorce de l’esprit

et me retrouve dénudé

au paquebot de songes

 

barque de mon silence

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cerf brame en mon coeur de grands échos

aux corridors des forêts

aux noeuds de l’âme

 

Le feu rougit le jaune dans la poitrine

grange

ma caboche de paille

 

 

 

 

 

 

 

 

Nu dans son absence

par les coeurs boisés

le rire éclate

 

L’orage devient bûcher

parmi les neiges d’automne

 

J’aboutis

fuyant la peur

aux pâturages

 

la meute

sur mon corps

 

au concile

d’obscures constellations

 

 

 

 

 

 

 

Dans mon panier de coeur

j’aurai cueilli des fruits

baies rouges

épis de moissons

 

entre la pierre et l’eau

 

À chaque fois

pierres

terres ancestrales

sur la jetée de l’esprit

 

l’amour

 

comme un archipel

périssent et renaissent

ainsi que le courant

 

 

 

 

 

 

Par les pistes d’un horizon conteur

je me sens décoller

 

dans l’âtre de la vie

multiple et voyageuse

 

le fleuve

cérémonie

d’ardentes criques

 

*

 

Écrire les reflets

 

Amour constellé

îlot de sangs

derrière tes yeux

je vois les labyrinthes

 

les mythes et les miracles

 

sur la mémoire

ouverte

 

des milliards de sentiers possibles

 

 

Artères

 

aux terres fragiles

profondes de notre corps

 

brillent soirs cendrés

terres brûlées

 

les sphères dénudées

 

la présence

 

 

 

 

 

 

Par la voie sans source

j’écris les reflets

 

le beau et sa misère jaunissante

chants des gouffres

 

Horizons

voyez

je suis oiseaux creusés

coeur sableux

au centre de la terre

 

et mes pioches tombent

sans trouver la rivière

 

 

 

 

 

 

 

Je m’évade

aux jardins de feuilles

au passage du silence

dans la ville secrète  forêt décloisonnée

complètement saoul de printemps

 

Constellé

fouillé de noirceurs

les astres criaillent

dans mon être noyé

d’immatériels voyages

 

 

 

 

 

 

 

Je me retrouve en moi   

chercheur de miracles

ailerons dans la tornade de chairs

dans un vide étoffé

à chercher le comment

 

Le réel est sens

voie

 

Je suis mime comme toi

 

 

*

 

 

 

Corps chambre noire

 

La lumière n’enseigne jamais

de force

même au carnivore

 

*

 

 

 

Canyons cendreux

ravins de l’âme recherchée

 

vols braisés

 

condors palpitants

 

oiseaux sans chemin sauf celui des cercles

coeurs tournoyant sur l’amour

 

la vivante charogne

 

 

 

 

 

 

 

 

Tu nous attends derrière ta serrure

en ta forteresse de chants

 

aux lanternes de l’âme

aux grands volets

corps chambre noire

 

J’apporte une goutte amère

sur arides étendues

qui ne connaissent pas le grain de pluie

 

 

 

 

Bruni par les soleils

blanchi de lunes

 

quand le rayon s’endort

dans notre corps aveugle

 

la nuit revient en nous

fière de ses mielleuses chandelles

 

 

 

 

 

 

 

De réveil en réveil

de nuit profane en nuit sacrée

dans mon antre de sens

j’invente le jour

 

faisant du rappel

au gouffre des solitudes

 

retrouvant mon être ivre

muet comme une source

 

*

 

Je suis la crypte froide

En attente de l’arme lumineuse

marchant

sur le printemps

le givre

 

attendant

qu’il perce

mon armure de glace

 

la couche de fourrure de mes hivers rudes

 

moi la nuit en sarcophage

aux ailes

du psaume vibrant

rose

 

 

 

 

 

Dans mes toundras

enchaîné de lichens

digéré

 

d’alcools rouillés

 

je suis la crypte froide

 

Je nais

dans la chaleur

 

des feux de camp

 

ciel où naissent les eaux pures

 

et les flocons de braises

 

 

 

 

 

 

Dans la nuée

au premier murmure

 

sans répit

 

dans l’errement

à la ficelle des îles

désossé dans mes chairs

 

je sculpte le vol

de bernaches quittant l’âme

dans le ciel des matins

 

 

 

 

 

 

 

 

Les oiseaux nous murmurent

les forêts les rivières non barbelées

les armes à emprunter

pour la marche vers le sang

 

Dans le rosé des vies

la foi est plus grande

que l’astre

 

L’espoir est le hasch

des désespérés

 

 

 

 

 
III
Ma terre de laits

 

Ma terre de laits

 

Terre femme

ton sexe est mon fleuve de limons

ta mouvance me porte aux terres ancestrales

Ton sein est le volcan

de mon enfance gardée de statues

 

Femme je reviens vers toi

armé de la torche carnée

de ma blessure

ma solitude tisonnée

tranchante

 

le pain de mon poème offert

 

 

 

 

 

 

 

En fait ma parole de saumure

git masquée sous ta robe

rosée de lèvres

 

Ton alvéole est la perle de mon baiser

 

Mes mains sont sur toi de vieux chemins

 

Mon chant est le lait

qui gicle sur ta peau

 

 

 

 

 

 

À chaque grain de ton chapelet

à l’antre de ton rayon

à ta grasse découverte

je me perds en poèmes gisant sous le nid

 

Une île qu’on n’a jamais pu trouver

étant trop préoccupés à en chercher une autre

à la serrure des grands territoires

l’océan sans fond  sein qui pointe vers toi

 

 

 

 

 

Sous la la lune glacée

de mon corps de vieux garçon

à la lumière de ma déchirure

vers toi je porte l’eau des canicules

toi la grande étincelle

tricottée entre Ste. Cat et St. Denis

entre le franc parler d’Hochelaga

et le ventre de ses tavernes d’écorces

caché sous ton sein sous la pierre

 

*

 

Souffrances constellées

 

Paons douleurs

cherchant soeurs traversières

mer découpée entre toi et moi

océan   ta présence

 

Dans mes grands tiroirs

la chair de mon repas

corps fertiles

passion offerte

 

moi le battement d’aile

un sable dans l’oeil du soleil

morsure des déserts

aux ailes de lumière

 

 

 

 

 

 

 

Comme une marée

je me suis étalé à l’ombre de la pourriture

au mythe buissonnant de la terre

 

J’ai bu

seins vampires dans la nuit

l’oracle de la chair

éveillé le trésor des poitrines

le lait l’or qui coule entre les mains

la vie

le sable

 

 

 

 

Ma place est

en la courbe

j’y vis et j’y respire

en chaque versant de mot de rivière

écorces de prières

comme en faisant en même temps l’amour et la mort

 

En désirs dédales de communions

chair priée

de rêves illuminée

ton corps cathédrale

 

 

 

 

 

 

L’ombre est un palais de verdure

Ma lumière est le velours de ta rose

Au large    ta nudité

 

Aux robes de l’amour

souffrances constellées

corolles de nos lèvres unies

murmure dansant

sur ma blessure

 

ta voix expirant

 

 

*

 

 

De l’orage à l’étoile

 

À ma lèvre mûre

à ta chair bourgeonneuse

j’ai lié la cérémonie de la sueur chaude

l’orage à l’étoile

miroirs de l’étendue

l’orchestre de notre secrète proximité

 

J’ai vu sur ma peau

la peau de celle qui vient

 

et derrière le silence

ta propre lèvre creusée

le monde en agonie

 

 

 

 

 

 

La fête de ton corps

banquet à semer

traffic de lèvres au corps de la terre

Je lace la brise à la braise

la pluie à la semence

 

Ouvre-moi tes lagunes

toi le grand désert

 

Mon cheval fut monté

au sourire de tes fruits

 

 

 

 

 

 

 

Sais-tu

femme

tombant en mon buste territoire

mon sein de grottes et de forêts                     

devant la profondeur des vieilles choses

toi qui es le nouveau

ils ont tout fait pour faire pourir le sourire

au ventre de l’étoile

 

Les oiseaux

ont dispersé le ciel

dans chacune de nos ailes

 

 

 

 

 

 

 

Nu jusqu’à l’errance du mot

je suis aussi vrai que le silence

parmi le tumulte et le bruit de la mort

 

tu me comprends déja

dans ma parole à vif

 

Ouvre-moi le vif des bouches

et des oreilles

 

Ta poitrine délicate

entend pourtant le chant amoureux derrière

la gorge de ma rivière

 

*

 

Vérité de la chair

L’auberge de ton corps de vos corps est risquée

En laçant mes échos

à l’oreille du mouvement

ma danse sur la rivière dévorée de nous

 

je marche sur le vide

 

cadavre de vents  squelette de peaux

 

Je souris au sang séché

comme une toupie sur ton mirage-monde

mis au dépotoir

 

 

 

 

 

 

 

Fantôme d’un cri

mon corps brûlé

offre l’abîme à la terre

en guise de présent

et le vert au bleu

soulève la voie précaire

l’océan âme

voile des steppes

noces de la vague au sable

et de la chaîne au pied

montagne puisée aux ruines d’un univers

 

 

 

 

Ordures de la moelle

mort fleurie

os d’étoile

sexe invité couvent de fourrures

ton oeil entonnoir blanc

qui mène à la lumière de ton corps

cuisses écloses

baiser d’orages blessés

je couvre de mon désert

 

 

 

 

 

Au coffre de la hanche éprise

est un soleil délicieux

que je te laisse savourer

 

Je parle la langue de l’horizon

la langue de la glaise

à toi qui porte ma chemise

 

Je récite la prière du vivant

Je porte le coeur venteux

vénéneux

 

et lève l’amour ardent

 

 

 

 

 

 

Vérité de la chair

au jour de la rencontre

et la soif du tambour

réclamant l’amour dans son oeuvre de silence

bourdonnera le récit

de l’abandon

la lippe à la mort

 

La nuit est une rosée sur l’âme

coquille d’un cosmos

dégusté par des chiens vivant dans l’étoile

 

nuit qui peine à naît­re

parmi le nocturne cadavre

de la vie

mouvante

 

 

 

 

 

 

 

Je porte la nuit des grottes

le silence de l’apôtre

des tresses longs cheveux à couper

pour que les colonnes suivent le chemin de l’abîme

 

Je porte le rouge lys

l’olivier entre les dents

non pour séduire la femme

mais pour écouter le coeur

briseur des tables

 

Je suis le semeur de pierres

et de briques

de la nouvelle cité faite d’oracles et de vents

 

ma tête coupole

vêtue du chapeau pour ne pas prendre l’ombre

 

 

 

 

 

 

Je suis tout un chacun

le un et le tous

J’étreins le chardon

dans la cendre des veines

 

Mais j’ai mal à l’amour

 

Ma couronne est de rocaille et de mousses

spongieuse

comme une volonté

trop lourde pour porter le monde

 

*

 

Semences

J’habite le printemps

L’aurore est mon ruisseau

où je me baigne parfois

Je suis le vide et le clair

le creux et le plein

Je sonde les territoires

du gain et de la perte

l’oeuvre intemporelle

le délicieux jardin

 

 

 

Tu as la volonté de l’aurore

et la puissance de l’eau

mais le coeur de l’énigme

est le geste de l’absence

As-tu perçu l’arbre grandissant

Tout cela est à refaire

Je suis le couteau masqué

 

 

 

 

 

 

 

Tes semences de diamants

ô tigre de cristal

ton chant de jade

foisonne jusqu’à l’outrage

de l’homme et de l’ange

 

Tu fusionnes parmi la nouveauté des cîmes

au front chauve du ciel

royauté du vrai

 

 

 

 

 

 

La nuit crue dans le gosier de l’âme

les vastes océans

prisons du sang

sont des murs à franchir

comme les galaxies

fleurissant ficelant les destins

 

 

 

 

 

Ta passion indigeste

venin blanc

détruit

en créant des symboles

drapeaux et frontières

encore plus brutaux

que l’homme de ce monde

pour encore mieux mal vivre

 

 

 

 

 

 

 

Les portes ouvertes de tes campagnes

sont des chemins mûrs

la salive de l’astre

la sensuelle violence

un lion indomptable

me livre ta peau

festin à déguster

 

 

 

 

 

 

 

La liberté radote comme un petit garçon

qu’elle est la seule

alors que les jardins pourrissent sous son empire

aux barreaux calcifiés

mais le présent demeure

 

Ton cloître salé

tu caches

tes baisers gardés

ivresses aubépines

dans des cachots muets

comme un oeuf

le monde bourgeonneux

 

 

*

Chorégraphies

 

Faisons l’amour Silhouettes

fantômes et vents d’écumes

alcools sur la toundra des chairs

la salive sur la framboise

sein blanc

au plaisir des lèvres

 

 

Oui j’avais autrefois une amante statue

Je l’ai gardée dans ma chambre bleue

toutes ces années de poussières

mais elle a fini par s’enfuir

par les coulisses de ma rouge demeure

et il ne reste maintenant

que sa nudité

comme chorégraphies

sur l’estrade de l’aorte

 

 

 

 

 

Des entrailles de la terre

de la clameur du corps

la beauté bourgeonne

un lys fleuri

jusqu’au palais des mondes

de l’âme qui ne voit plus

 

La volonté

me pousse à aimer

par la souffrance et le lien gagné

 

Ma maison est la rive

où tu t’es éteins

 

 

 

 

 

 

 

Quand tous les chemins seront anéantis

au large du vivant

et que la lumière

aura abandonné la lutte

 

il faudra savoir

 

que le rayon est là dans l’ombre

 

et que bien d’autres luttes viendront

ici et au delà

 

sous le vent terrestre

IV
J’attends que la tempête passe
(2017)

 

 

 

Je porte la marque au front

et j’attends que la tempête passe

 

Du haut des sphères, des murs, des palissades

ma chute n’a pas créé de vol

or c’est en tombant que je suis venu à la vie

 

J’ai fumé d’obscurs calumets

le long des frontières perlant vers d’autres inconnus

                                     *

 

 

 

 

 

 

La culpabilité dans le sang

j’ai ouvert des mondes et la folie

s’est répercutée à force de fumée

 

Je n’ai pourtant pas de faute à donner

ni de faute à vendre

La faute est à tout le monde et à personne

or elle se fait sentir

et chacun porte son fardeau et reconnaît les chaînes

qui lui sont dues

 

                                     *

 

 

 

 

 

 

 

Ce que je suis

je ne le suis pour personne

Je n’ai pas de drapeau au bout de ma vie

comme un État-nation ou une compagnie je n’ai pas de logo

 

Ma nuit ne comporte pas d’enseigne

ni mes rues de lanternes et mon coeur de lampions

 

Mon jour est selon mon humeur

 

Si les lumières s’allument

ou si tout est éteint

 

                                   * 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je ne suis ni bouc, ni agneau

non plus loup ni puma ni kodiak ni chèvre

Je ne suis pas tarentelle ni fourmi ni coquerelle

ni cobra

Je suis simplement le nouveau-né qui braie

 

Parfois, le moment m’imprègne

alors que pas une ficelle d’émotion ne règne

en mes poumons

 

Je n’entends plus le rire et les pleurs des cités

 

                                     *

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai la marque au front et j’attends que la tempête passe

et si je pouvais également la voir passer sur le front

de mes frères et de mes ancêtres...

 

Si je pouvais être avec eux

soutenir leur poids

être leur confident

provoquer leur rire

 

                                     *

 

 

 

 

 

 

 

 

Je me suis évanoui un jour, un soir

Je suis tombé sans doute

 

ma tête s’est fracassée sûrement

 

sur les miroirs

les lèvres sur les trottoirs givrés tout au bas des ciments

 

J’ai caressé ma ruine et aimé le gravier

 

J’ai joué aux échecs avec le cyclone

nu dans la ruelle

le temps de revenir

le temps de redevenir

 

                                     *

 

 

 

 

 

 

 

J’ai porté le masque d’Agamemnon et le lampion des maladifs

 

Or qu’y a-t-il dans ce masque?

 

Il y a, il y avait

l’orgueil déplacé du roi,

dans les plis de sa figure, et dans son nez

il y a, il y avait

des larmes non relâchées

 

Dans ses yeux,

il y avait des taches de sublime provoquées

à force

de trop regarder,

 

et dans son front

il y avait des dés

qu’on doit jeter à la fontaine ou au moins

à la rivière

 

Sa chevelure était une poignée de cordes

avec lesquels on peut tenir mille combattants

devant un château perdu d’avance

 

avant de

se laisser porter par les vents

 

derrière les îles

 

 

                                     *

  

 

 

 

 

Je porte la marque au front

et j’attends que la tempête passe

et qu’y a-t-il dans cette tempête?

un puissant fardeau

Et qu’y a-t-il dans ce front?

que l’arme chaude des marées

et l’odeur rauque des méridiens

 

                                     *

 

 

 

 

 

J’ai une statuette

Elle ressemble étrangement à mon double lorsque personne ne me regarde

 

Je me sais vivre au delà des grands fonds et des tiroirs

 

où je m’enterre

 

mais depuis l’intérieur des cordes

vibre ma grande détresse

 

un désespoir qui rugit tout en haut des usines

parole fauve

inaudible pour quiconque ne sait parler la langue des tigres

 

et qui éblouit le passage qui me prend

 

                                     *

 

 

 

Je suis né au bas de l’étoile

et j’ai longtemps creusé des précipices

éblouissants

et mes lèvres sur des vaisseaux s’est collée

 

des blocs sont tombés sur ma nuque à peine

effleurée par le repos

 

                                   * 

 

 

 

 

 

 

La paix s’est envolée ainsi que l’étoile qui me berçait

Ma chaloupe s’est enfoncée

et les eaux de pluie qui lentement s’évaporent

m’ont laissé sur la grève

 

Mais la ficelle s’est défaite. Et l’oiseau est tombé

jusqu’au bas des lunes et même si le soleil l’a ramassé,

il n’a pas vu le fruit perler, la pulpe qui coulait vers

l’ombre de sa chute

 

Il n’a pas senti la pluie à la surface des vitres lui transpercer le corps

et son esprit chuter au bas des ruisseaux

Il n’a pas vu l’amour le malmener ni son bateau couler vers des pays plus sombres

 

                                     *

 

 

 

 

 

 

 

 

J’occupe une terre ancienne

une terre éloignée

fertile mais désséchée en raison du soleil

et inondée en raison de la pluie

 

Je ne porte pas la marque aux pieds ni à la poitrine

ni le fer au sang

mais la rouille de la terre orne quand même mes chevilles

Je n’ai pas de cicatrice mais un baume sur la main

et ma plaie est césure que des greffes de métal

ont contrainte

et c’est pour cette raison que personne n’ose le dire

 

                                   * 

 

 

 

 

 

 

Alors, si je tends les poings vers les infinis

et vers les frères et soeurs pauvres de l’aventure humaine

je porte la marque au front

et cela n’est pas coupure créée par l’étoile du berger

 

J’attends que la tempête passe

qu’elle se découvre

dénudée

 

Je ne sais pas pourquoi j’écris

parce que j’ai le cri au coeur

et le bras à même les eaux

Je porte la marque au front

et j’attends 

que la tempête passe

                                   *

 

 

J’ai gueulé

tant gueulé déja

dans le silence des foules

parmi le bruit des vivants

 

j’ai gueulé pour ne pas m’assassiner en me mariant au vide

 

Mais que puis-je faire de plus

que léguer ces empreintes?

 

Mais ce cri ce chant

si personne ne les écoute

ne laisse croître le coeur

 

et même le cri se perd dans les voûtes

                                   *

 

 

 

Si personne ne les écoute

personne ne goûtera

mais la chair restera salée...

 

Si personne ne les écoute,

le mal se répercutera de mal en mal

et de pis en pis

mais tout sera comme de coutume

 

La chair deviendra mauve

et elle goûtera la chair de la baleine

 

                                     *

 

 

 

 

 

 

 

Je porte la marque au front

mais qu’y a-t-il donc dans cette marque?

 

Le sourire du vent

le sceau des peuples esclaves?

 

le temps qui vient se reposer

au silence des plages

                                     *

 

  

 

 

 

IV
Fumiers pour l'élite
(2006-2018)

 

 

J’ai une femme…

J’ai une femme

aux seins des gourmandises

de poitrines de crèmes fouettées

aux alvéoles de champs de coton qui m’obéissent

du bout des mamelles

 

J’ai une femme à faire valser les vents

à faire s’éclater les ballons

et casser les ponts

J’ai une femme sans pardon ni serment

 

J’ai une femme célèbre avec de

grandes étoffes et des mini-jupes

J’ai une femme de merisiers

une femme de psaumes

une femme bien grasse comme on les aime

aux hanches des vieilles Vénus

aux lèvres de champs de mûres

aux yeux de cieux purs

aux lèvres d’occasion

 

J’ai une femme silencieuse pour dormir en hiver

une femme calme comme la mer

pour placer son bateau vers de lointaines

contrées

*

 

 

 

L’ancien guerrier

J’ai réuni ensemble tous les déserts

et tous les fleuves

et j’en ai fait une armée

ma cavale

 

J’ai ligoté les lions et les géants

J’en ai fait ma couronne

 

J’ai embrassé les lèvres

Je me suis baigné dans ses repaires

J’ai empli mes gourdes de sa nudité

 

Puis je suis parti en guerre

contre les armées sans nombre

La Perse et Rome réunies

 

Maintenant

j’ai perdu ma langue pour parler

et je ne converse plus qu’avec

le vent

*

 

Mes plaies

Mes plaies

blessures fluviales

où viennent boire les oiseaux

mes plaies bateaux coulés

 

Mes plaies de silences

et de portes éventrées

Mes plaies de coquillages

pour entendre la mer

et les monstres des bas-fonds

mes plaies de morsures

de gibier et de prédateurs

mes plaies de chapelles

nids d’orages

mamelles où se noient les enfants

des mères du monde allaitant les tempêtes

 

Mes plaies de fers

aux mains des esclaves

aux bras des vaincus

Mes plaies de poignets brisés

et de rames

au fer rouge et au charbon

mes plaies d’idoles et de tyrans

mes plaies de maîtres

mes grandes plaies

de drapeaux souillés

et de nations palpitantes

 

Mes plaies de vins

mes plaies de noces

Mes plaies d’âmes soeurs

Mes plaies de sèves et de festins

Mes plaies de douleurs fermentées

Mes plaies de banquets

aux bouches des kraters

Mes plaies de femmes nues

aux lèvres séchées

 

Mes plaies de rouille et de cendre

Mes plaies d’incendies et de bûchers

mes plaies de moyen-âge et d’inquisition

mes plaies d’absences

Mes plaies de messes noires

Fleuries d’oiseaux blancs

*

Le testament

Je vous laisse mon corps

mes jours de marée basse

et ma folie d’eau douce

mon coeur de contrebasse

et un rire voyageur

 

*

 

 

 

 
J’ai empaillé ma muse

J’ai empaillé ma muse tout en haut d’une branche

J’ai empaillé ma muse ma muse belle franche

et cela vous amuse

Je n’allais tout de même pas me faire prendre sa fourrure par les braconniers

ses mystères par l’État en taxes et en impôts

Je n’allais quand même pas jeter son sourire perles à la mer

et son corps rubis à la mort

 

Non, elle git, triomphante, elle se dresse souriante

tout en haut de ce chêne, le plus gros le plus haut

J’ai empaillé ma muse

Maintenant, je peux la voir à ma guise

et cela vous amuse

Sur moi elle n’a plus aucune emprise

et j’en suis bien satisfait

 

*

 

 

 

 

Dans un cheval

 

Dans un cheval

Je viendrai chez toi

caché jusqu’à la nuit

 

Puis dans la blancheur

du soir

je sortirai

Je me vautrerai dans tes draps

Je volerai tes lèvres

Je puiserai ton puits

 

Mes soldats prendront

de toi tout ce qu’ils peuvent

Je briserai tes remparts

et incendierai ton royaume

 

Puis je m’en retournerai

avec mes 1000 vaisseaux

et je clamerai sur tous les toits

que je t’ai eue par la ruse

dans un cheval de Troie

 

Il faut bien que je m’amuse

*

 

 

 

 

Liste

Une plume

pour chatouiller les morts

de l’encre

pour écrire les discours

de l’eau

pour propager l’amour

une enclume

pour forger de nouvelles armes

une amphore

pour partager le vin

des actes

pour mettre fin au combat

une ancre

pour accoster ma vie

 

*

 

 

 

 

Ma chérie

J’ai tressé des tresses à la solitude

J’ai ri avec elle

Je lui ai donné un nom mignon

« Ma chérie »

Je l’ai attachée à un poteau

Je l’ai chatouillée, cajolée à mort

 

En lui disant :

« Ma chérie, Ma chérie

Si jamais tu me quittes

J’en mourrai d’ennui »

 

Et depuis, chaque fois que je me

retrouve seul

mon cœur bat si fort

je rougis

*

 

 

 

Le château est en feu

Le château est en feu

et je voudrais y faire surgir

une brise froide

une simple source

pour y railler le brasier

 

Le château est en feu

depuis que tous les dragons

se sont posés

dans son ventre allumé

 

Le château est en feu

et personne ne te demande

pourquoi

les mémoires s’enfuient

Pourquoi

tu cherches déjà à oublier

 

Le château est en feu

et tu ris aux éclats

car le feu dévore

tout

ce qui n’est plus à toi

et qui s’en retourne

là ou tout s’en ira

 

*

 

 

 

Le trophée

 

Je me suis fait un trophée de ton cœur

de tes os de baleine

tes os de petite fille

tes os de marmotte

 

Et ce trophée, je l’ai mis au beau centre

de notre destinée

car de ce trophée, je pourrai puiser

multiples honneurs et gloires

 

Car en lui réside un amour décimé

mais dont une parcelle prouve que tu m’as aimé

et je pourrai le mettre, bien à la vue de tous,

au coeur

de mon salon

 

*

 

 

La fête du roi

Le vin ruisselle

Par mes cratères

Les gardes allument

Mes réverbères

 

Ici sur terre

Tout m’appartient :

Les femmes, les hommes

Et les chiens

 

Ici, chez moi,

Tout est en fête

Dansent en chœur

Même les bêtes

 

Tout est enrobé

De velours

Le désir le sang

Et l’amour

 

Et aux excès

De mon royaume

Pactisent même

Les fantômes

 

Et mon épouse

est de rubis

de diamants

ensevelie

 

et jusqu’au fond

de mon palais

tout est en or;

même valets

 

et je suis mort

en noir et blanc

tout est fini

même le temps

 

*

 

 

De grandes architectures

Je ferai pour toi des airs inconnus

de grandes architectures

et des hautes charpentes pour les oiseaux

puis je me balancerai sur un air

de sarcelle.

Enfin, j’applaudirai la noce impromptue

et la cérémonie prendra son cours

*

 

 

 

J’ai dans les veines

J’ai dans les veines

la douleur chantée des pères

le chant de quelques oiseaux migrateurs

des merles et des hirondelles

en plus de l’orage laissé

entre mes côtes tapageuses

par cet autre oiseau chanteur

entre mes monts guerriers

aux lueurs du poème

 

*

 

Je reprendrai la mer

Je reprendrai la mer haute

au temps des basses marées

J’attendrai patiemment sur la grève

le temps de mourir peut-être

que les oiseaux viennent picorer mes orteils

et les écrevisses et les puces de mers, que les coquillages fassent ensemble

l’harmonie nocturne de la mer

ce sera le temps de partir

Je chanterai alors les chants obscènes et graves

des baleiniers

vers le naufrage que tu m’as inspiré

en nos jours heureux

 

*

 

Le guetteur de troupeaux

Je suis

le chanteur d’orages

le jeteur de cailloux

et le suiveur d’oiseaux

le ramasseur de fleurs

le preneur de rivages

l’attrappeur de crapauds

et guetteur de troupeaux

 

*

 

 

Donnez-moi vos îles

Donnez-moi vos îles

Vos terres de pluies de lunes

J’en ferai des avirons

j’en ferai des girouettes

pour nos guider hors de l’estuaire

au haut de la colline

en bas des péninsules

là ou les dolmens persistent

 

rejoindre ces soleils de cendre

 

quoi faire ni comment

pour atteindre la rive

pour connaître le sang

pour que l’eau claire

vive

coule

 

le long de nos mains

qui ont connu le vent

*

©François Baril Pelletier

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