LE ROMAN ENTIER : Écrit en prison
-LE ROMAN AUX VEINES-
​
I.
Aux vignes, le désert
​
Le père vert et autres dédicaces
Je n’ai jamais rien vu
dans tes yeux
qu’un père
-ou une paire d’yeux-
vert(s)
et j’ai alors cru
sur la pointe des pieds
à tes pieds pers
et au père noël vert
​
​
​
*
​
​
À Rimbaud
À ma soeur et mon frère
car mon frère sur terre
est la femme
et le coeur dont on a tranché
le cou
d’où les blonds ciels du Nord
-y vais-je?-
et les miels
s’en sont allés
​
​
*
​
​
​
Pour tous les soleils, à la voile
​
J’ai vu deux choses en Égypte
quatre ou cinq :
le Sinaï et la rocaille
Le Caire
une hutte et un tapis
avec mon nom dessus
et le tien caché
parmi tous les poissons
qu’on voit dans le trou bleu
de la mer rouge
au soleil des douces
jordanies
​
​
*
Depuis ma France
chérie, non loin
de Brive-la-Gaillarde
j’ai tenu prisonnières
mille rapières
et un conte:
le coq rôti
à l’air des muscats, du champagne
vins doux du Périgord
tous aux goût
de Brignac
le hérisson le soir
cherchant ses herbes profondes
sa colline
ou son trou de sable
​
​
​
*
​
​
​
St. Robert
prisonnière aussi
d’une chapelle
la rime
dans les pleurs
et l’aimée bien loin
si loin
dans cent Notre-Dame
​
*
​
​
​
On écrit avec le paysage
le vin des souvenirs
et la lave parfois
cendrée aux lèvres
​
avec la plume
prise au cul de la belle
magicienne
ou à l’aile d’un sein
À l’argile, le Christ
Sous l’iceberg
l’océan
s’accomplit
et l’étoile frémit
dans la vase
des cosmos
mi-nuit, soleils
et les fables :
la toile souvenue
au feu de ces nuits, des mondes
se voit redevenue sphère
parmi les voix,
profondes
​
​
​
*
​
​
Et le roman
se faisant
sous la terre
renaît, réapparaît
parmi les rocailles
la péninsule
alors que le monde tout en turbans défaille
de la rivière
jusqu’au ciment des gares
et jette sur la poussière
le doigt coupé de l’apôtre
et de Madeleine le sang
avec la coupe et la sève
du Christ dedans
​
​
*
​
​
​
Jamais un luminaire
Les idoles sont en vie
​
Arabie, des valses
du sud
je donne
avec le Neguev comme algue
comme caverne la sphère
et comme lac le vent
​
​
​
*
​
​
​
Corans
surveillez la rosace sur le doigt de la femme
le noir et le blanc
l’enfant voyant derrière
les murs
et la brique
les fleurs et le vent dans la fissure
le sable en amas
à l’entrée de lumière
là où les vins dans le noir
sont mûrs
​
​
​
*
​
​
​
Pour bien la découper, la lune
avec la gorge
l’enfant sait faire tomber
secouer le ciel
pour que tombe le miel de la ruche
sur la peau de la femme
mais non la peau de la lumière
qui fane
​
​
​
*
​
​
​
Ces hommes
qui ont récolté
le corail
aux lèvres
le vent
​
venu depuis
la bourse rouge
et depuis la sève
​
et les troupeaux patientent
sur le sable
en dehors des tentes
​
les soleils cammoufflant
les sangs tombés
des gorges
assoiffées, des veines,
des rivières
innocentes
​
​
​
​
II.
Le roman et la rose
-poème à l’aimée
​
​
d’Outremers : à la toile
I.
La terre a ses frontières
La terre a ses frontières
mais la mer connaît pourtant
ce que tu caches
dans ta bourse
dans le fond de tes gants
de la grande croisière
jusqu’aux lèvres des enfants
​
II.
Les nébuleuses
Les nébuleuses viennent
d’outremers :
à la toile d’Ariane
Le sol tremble dans ses trembles
et ses peupliers
L’érable a vu juste de sa
sève
chantée dans la cabane
tes lèvres
ce soir
quel beau pâté
ma noire
​
​
​
​
III.
Dans la chapelle
Dans la chapelle
la roche
Elle est belle
la roche
dans ses gorges
et même dans ses dentelles
Elle est entrée
dans le trou bleu
a cherché ses coraux
du creux de son lit de sable
et l’écho de ses territoires
sur l’eau
les tapis
La lune a ses soleils
elle qui vogue
comme
mes chameaux
sur le sable
des groseilles
​
​
​
​
​
​
IV.
​
Étourdie de tes chants
​
Étourdie de tes chants
de gouttière
tes places tes chats et carroussels
O Rome!
Viens sur celle-ci, cette place
et mets-les dans les ponts
tes étoiles
et tes anges
afin que ta voûte
et tes colombes
soient des voiles lactés
​
et mes songes
tes tombes
​
de toi
se débarrassent!
​
V.
​
Derrière les pianos
​
Les poissons
te connaissent
Ils ont couché
(cachés)
plus d’une fois
avec tes grâces
et tes fesses ils ont vu
derrière les pianos du jour
mais aussi ta graisse
et tes champs
sous les eaux
VI.
Toutes les Arabie
Toutes les Arabie
et toutes les Égypte
ne connaissent pas tes Nils
ne connaissent pas tes îles
ne connaissent pas tes flancs
si elles n’ont pas monté
la colline de tes blonds blancs
tes blonds blés
et mon sein a amarré
aux rondeurs de la fée
en voie lactée
​
VII.
Ce doux bleu
Mon île mon cidre et mon gibier
et des chemins
bien fréquentés
le petit sentier d’érables
et la voie
de platanes, jusqu'à la source
l’île qui descend des ciels
et la lune boit les étoiles
et ce doux bleu où mon coeur
est heureux
*
​
L’envolée
Alors je vous offre, du creux de mes cavernes
mes fleurs, mes orgues
l’or de mes cernes
ma peau mes présages
mes belles eaux mes os et mes baleines
l’or de mes cépages, de ma peine
de mes cors,
de mes rennes
et mes grands caribous
Mes trésors : un orage
une tempête belle
l’âge de mes fables
et le fer de mes selles
*
A message to Claudette Commanda:
Have you received
my present
with the Bowl and the Bull Horn
for Moon Beam?
She is the ray of light
and you are the owl
so don’t be frightened
cause it seems
that fright has nothing
to do with a bowl
-a super bowl-
of spaghetti, noodles
or confettis
but grace to the wedding
and cheers for the soup
cause I am the lamb
and you are the Loup Loop
owl
​
​
*
​
​
​
Another message to Claudette Commanda:
Can you give me your adresse
I have a little owl poem
to send to the light...
Chanson de la ou des Nouvelle France
​
Mon corps est à Paris
Et à Pisarro
Et au cœur je me lève
aux lèvres des corps
beaux
J’enlève au Salon eh mes pantalons longs
avec mes dentelles
mon corps de jambon et d’épices
-bons, trop bons et trop lisses pour ses lèvres
et il y a encore une mouche dans ma soupe
​
*
​
​
C’est comme ça que ça commence
Y’a rien qui luit. Rien qui chante.
Rien qui danse.
Du bruit, c’est tout, et un monstre qui descend, qui crisse
comme un moustique, une roue de train qui glisse
​
​
*
​
​
Je prends le vaisseau
Le portent les Baux,
les reins
beaux
à l’air de Provence
Ah, belles eaux de France
et des Afrique
et de Nostre Dame
depuis mon Salon, je dis, ma France
​
​
*
​
Avec mes belles eaux
un beau zoo, de beaux os
et aucune panthère dans les Calanques
juste un gros chat noir
ou un cheval blanc de Flandres
et Nelligan dans ses Norvèges
et ses eaux, blanc de neige
avance sur son train
regarde et voie l’oie
​
​
*
​
​
Et un vieux polonais qui chante
dans le train
À l’eau?
​
​
*
​
​
T’as de la chance
aux Rhin, te baigner les reins
aux Baux, aux belles eaux de France
aux belles eaux,
​
Et Bozo
les culottes
Nelligan dans ses nord vais-je
et Antonio dans son silence
​
​
*
​
​
T’as de la chance
Au salon du port franc,
aux reins
beaux de France
​
qu’il te répond avec un ticket blanc
​
et c’est le délire jusqu’à Lille
​
Et Lyon est toute confite et
tu te regardes aux vitres
et
gare aux muses!
​
hic. Peut-être une gorgée de trop?
Le bord de l’eau
-de l’aix-
y est pour quelque chose
​
*
​
Et l’histoire s’en va
dans ses châteaux qui sont une étable
Et c’est une fable.
Ici commence mon histoire mon roman
Je nage des Nils aux Asie,
je ris au silence
dans mes cultures de riz
sénile comme un rabbi
parmi les paniers
abricots d’Italie
au bord de l’eau!
​
*
​
T’es sincère que je lui dis
quand tu danses sur les tables
mais moi, mes seins
ne serrent point aux midis que j’lui dis
Ils regardent la faim aux cuisses
que j’ai
un ami qui danse comme toi, un ami
au givre des vitres
Et à tes pieds bénis, je prie
tes pics
que dis-je tes pics
une péninsule!
​
*
​
À l’eau? demande Nelligan aux amants de Rimbaud.
​
Celle que je cherche est assise dans mon assiette
celle qui lit violoncelle
​
*
Viens
dans mes fables
et dans mes déserts
à la rose gaie d’une crique
aux gorges, à la fontaine
Et prends bien le brasier
car Saint-Jean a l’ébène
l’orge et le silence
surtout une belle peau
-et le blé, les blés, qui dansent
et le houblon-
les blés
avec le sang dans l’eau
​
*
Moi, j’ai le coeur chaud
ma seule brise bruit
et sans boîte à chansons
je fuis, je te fuis
toi mon bel agneau,
mon rire, ma rive, ma nuit
en suites, aux cargos
Je vais te faire tourner
en tournelys
à la sauce Clamato!
Vite, en croisière en Grèce
à la sauce tournesol
*
​
Viens
armée
d’une folle musique
surtout d’une note gaie
celle d’une crique heureuse
Saint-Guilhem, Montréal,
aux gorges, à la fontaine
mais prends bien le brasier
car Saint-Jean a l’ébène
mais toi t’as aussi l’orge et le silence
surtout une belle peau
et un coeur qui danse
qui panse
​
*
​
Alors je vais au quai
au port dans le brouillard
où le cochard, tard le soir
est pendu dans les rues
avec les saucissons
les fromages crus
et le vieux poisson!
​
​
*
​
​
Viens,
prends ma main
nous n’irons pas bien loin
à Syracuse ou en Nouvelle Égypte
ou dans mes Tunisie ou au coeur de Milan
ou à Suse ou à Port Coton
​
ou bien à Québec mais jamais
à Bostonne
​
Je crains qu’onne s’ennuie
bien trop de la Garonne
​
​
*
​
Mais moi
dans mes belles eaux
je m’ennuie de tes rouges,
des vendanges, des cuisses
et de la lavande
des monastères
sans rien terre de sa langue
de murènes et de jambons d’Afrique
à la lumière des quais
des blanches que nous boirons
des riches blondes
que la France sait ou a connues
de mes, de nos os,
nos
belles eaux de France
​
​
*
​
Or, sortez les fauteuils
et sortez les cymbales
Clamez la douceur générale
de tous les Argenteuil
et de toutes les Afrique
les hymnes des Congo
et tous nos chants beaux
et toutes les musiques
et les tracts de Rio
et montez sur les scènes
aux lèvres de Rabelais
toutes clés dans la fontaine
le chant gras aux veines
des Baux, tout cela de nos belles eaux,
des violoncelles de Cuba
et de nos tourterelles
car ce soir dans la vieille chapelle
je me marie avec Marie : avec Isabelle
​
​
*
​
​
Tous à la Piazza Navona
Ce soir, je prendrai le lys aux roches
​
Aux hanches des forges
des sous-sols
des gorges
je sors du ruisseau
et
haute
la pervenche!
​
​
*
​
​
Ceux qui ont rompu les clés
​
Et refait la grand-faux
des tribus et des hommes
sortez les verres
au rêve de la pomme
car il y eut du pus
au si grand coeur de l’homme!
​
*
​
​
Et puis d’Argenteuil
sortez les chandeliers
et sur toutes les routes
qu’on voit les chevaliers
que du monde, nord au sud
on entende les cors
le rut des selles rudes
et la beauté des corps
Je reviens chez moi
reprendre la grand-danse
au coeur de la Voie
et l’anse à l’eau
à l’or
de ma France
​
*
​
Or, si vous comprenez
moi j’aime tout :
le jour pied de nez
et la nuit sans appel
avec mille caresses et cent mille lunes de miel
Du plafond de la chapelle
aux lèvres de celle qui va venir
au son des violons
d’une simple cohorte;
je suivrai la ficelle
menant à son aorte
et elle sera là
toute seule dans mes mains
mon étincelle lilas
et tous les lendemains…
​
​
*
​
​
Alors nous verrons la Gascogne et Port-Neuf
le soleil se morfondre sur tous les paquebots
et la terre sera vieille
de ta lèvre à Québec
et enfin soulevée, du fleuve à ta salive
du grand vin jusqu’au sec,
au doux vin des cerises
​
​
*
​
​
Alors entrez chez moi, entrez dedans mes rondes
Il a fui les pays, il a connu la suie
dans de larges châteaux sans serrures et sans nuit
et enfin traversé le coeur gras des mondes
si noirs que pas lune ou être n’aurait osé
braver même un seul de ses récifs, une seule de ses dunes
et qu’en seul épervier j’ai croisé l’âme nue
Alors imaginez 24 années, une de plus que l’autre et je serais mort. Et une lune de plus que l’autre, celà à chaque jour
​
​
*
​
Or, tout cela commence et a commencé
au coeur de l’or
et de la danse
​
À l’or dans l’étable à la caverne d’Ali Baba
aux tables des fables
à l’histoire
la Belle
​
​
*
​
​
Donc tuez-moi si vous le voulez encore
faites ce qui vous plaira de ma vie, de mon corps
vous êtes quand même le roi, à titre superficiel
donc tuez-moi maintenant, en ces jardins de miels
​
Cela, je vous l’ai dit du ciel mes amis
mais tuer mes frères n’est pas la même chose ici
car tuer est comprendre
alors ici je veille
Alors laissez sourire
Rêvez et chantez ;
les abeilles
ne se blessent aux prés
ni vos lèvres aux miels
​
*
​
Puisez les amours aux bouches enchantées!
car ceci est mon ciel, vous êtes invités
et si vous pouvez me suivre, même juste à moitié
je vous apprendrai à aimer, à sentir, mais surtout à veiller
-si vous ne savez point-
et ça s’appelle aimer-rêver
toujours-plus jamais moins.
​
​
*
​
​
À l’or, la lumière
à la sueur des loups
les ors que je préfère sont l’or de ton cou
l’or de ta cabane, celui de tes ragoûts
et celui qui se fane
aux sèves de la veille
​
​
*
​
​
Aux confitures
des ciels
des campagnes
comme si je devais finir à la douceur des gorges
je mourrai le coeur grave, en doux guerrier des forges
à battre à la retraite toutes traces de ses nuits
Et dans les grands manèges qu’on nous impose
comme un gilet de laine, une lave, un poème
comme un drapeau pendu... à mon cou
l’épaulard…
Faites ce qui vous plaira de ma vie, de mon corps
vous êtes quand même le roi, à titre superficiel
et vous m’avez tué et nous sommes au ciel
alors que m’importe les lèvres que voilà
J’ai bien plus qu’un érable, j’ai bien plus qu’un chou gras
J’ai mille forêts d’érables et de lumières, tu sais
à l’or, je me promène à la lumière des quais
​
​
*
​
Et je récolte
au corps les courages
les grandeurs aux cènes
des cimes les orages
​
les rendez-vous manqués des gares et des pistes
​
les gorges en été
les printemps aux cuisses
​
Je déguste les sucres et vendange les fruits
Les vignes je chantai toutes nuits devant l’âtre
puisai l’ombre au miel
reconnus l’or aux fables
et déchiffrai la lettre au mot
la sève
à la couleur des âges
​
​
*
​
​
Alors vos oreilles de Christ à l’étable
prenez-les pour comprendre mais surtout écouter
moins pour paraître entendre et toujours à moitié
l’or du monde
non le lard
de vos mondes
et la sève de vos corps
mais j’espère ne pas trop
vous demander
les forts
*
​
​
​
Total Apo Calypso Eclipse Party of the Heart
​
​
Aux robes de la nuit
Aux robes de la nuit
la mariée s’affaisse
le torrent dans les voiles
et le coeur aux tresses
​
Les fesses à froufrou
et le coeur siamois
et ses lèvres adressent
son coeur jusqu’à moy
​
*
​
Les fleurs, les réglisses
c’est mon chant général
et je mets la réglisse
par dessous mon chandail
​
​
​
*
​
​
Alors le muguet, gardez-le pour vos champs
il rend bien les chants vrais
mais non les amants
et moi, je le mets au coeur de vos prisons
alors baissez vos pantalons et assoyez-vous dedans
​
*
​
I. Total A.C. Eclipse P. Of the heart
​
Coucou
coucou
on entend le coucou du ciel et des voies lactées
Et Dodo Bird
et Tweetie à la cuisine
est de trop
et écrit des sonnets dans le silence des gares
et c’est cuit
​
Presto! J’ai dit
c’est cuit
et le silence
Trompe
le monde
et je me souviens de la trompe de phallope et de la colombe
​
*
Et Capitaine Colombo et Cook
décollent de l’école
s’écrient dans leur assiette
sur une arête
mais pas un stop
​
Et Dodo Bird rouspète et répète
dans son bateau qui chante
à la country du Big Mac
et des gros jos du cuisto de Kentucky
Et à Nantucket
et dans le Cocolorado et dans le désert
on dit à la radio
U-tahtah
et Kentucky écrit des repas aux gros jos
de son compte de Tweet
Hi Bird
-I ow ya, qu’il répond
de son Arizozoner avec un boner et un beau zoo des belles eaux
Ho! Hi! Ho!
qu’il dit de Chicago
and off to work we go!
​
​
*
​
​
Et Blondie Blanche de neige à l’horizon
qui dans ses rêves a des totons
​
Et Indiana Jones revient d’Arizona avec la coupe Stanley
​
​
*
Coucou du Marsupilami
Et le dodo jusqu’à Midi
et une belle chanson disco dans son sous-sol
raconte bien l’histoire
le roman qui commence dans ses veines et sa peau
Et Paris dans un sac, une cartouche
une balle de fusil
de Rome, du coeur de Galilée
et moi, en Galilée
pays connu et inconnu
nu et la mer morte et mes belles eaux
La jordanie
et moi
sur un matelas
qui va qui va
sur la plage et moi dans un nuage
sur le trou bleu qui crie
attends-moi attends-moi
pour un instant... Petra
dans les yeux du paysage
*
Je t’écris de San Mattéo
Je t’écris de Caroline du sud
Je t’écris de Paris
du Périgord
d’Égypte et même de Rio
Depuis la plus grande pyramide de Gizeh
ou au point le plus haut des gares
De Cape Cod
III
Des carrés
Des carrés sur le territoire
Régina et la
Wascana,
Saskatoon
de la Saskatchewan jusqu’à Winnipeg
ici-bas, enfin, sur la rue Findlay
dans le Glebe : Ottawa
Le portique
un dessin
sur tes seins
sur tes pieds
un bracelet
et un matelas
Le camp musical
Ste-Julienne où je suis né
dans l’étable ou plutôt, l’érablière
et dans la grange où j’ai donné
un de mes premiers baisers, l’érable et la roche
et sous le grand pin
ou j’ai pleuré... ou encore, Querbes
Outremont, le Mile-End
Un croissant de San Mattéo?
Aimes-tu les amandes?
ou la lumière du matin
dans mes bras
ou dans la lavande
*
​
Et Rome dans un sac
et la Piazza Navona
Et toi, comme une abeille
qui appelle à la fontaine
de Trévi mes mains cherchant tes yeux ton visage
jusqu’au pont des Anges
et à la chapelle
au dôme de tous les panthéons
et celui de Saint-Michel
Donne-moi une pièce, donne-moi un baiser
que je jette la pièce au bas
des escaliers de la Piazza di Spagna
pour aller chercher ton baiser... Avec toi.
Je me jette à tes pieds
comme se rue le troupeau
aux grands flots de la chair
je plante mon drapeau
mais je ne suis pas né, je ne suis que suie
fané
qu’écrit depuis
et mes hopis totos
et tout le monde pense que je suis toto
mais fol, mais fol? Malade?
Vrai mens songe.... À tout prix, mais franchement,
lucide, moi? No no no.
​
IV.
Forteresses et châteaux
Dans les gares
de Paris jusqu’à Rome
de Rome jusqu’à Pérouse
et Pise était grise dans son nombril profond
Et se fait de beaux os
de belles eaux forteresses et fontaines
Florence qui se recueille
au bout de ses mammelles
et ses mademoiselles
jamais seule dans ses statues de trop
et ses os sont de sel et de marbre
blancs comme des radeaux
ou comme les lys que je porte comme le miel
aux troupeaux
mais celui qui se plisse
en mon coeur au flanc beau
*
Sinaï
aux secrets
Ibex et forêts
Ein Gedi hyènes
charognards dans les veines
dans les eaux sous la peau
puisez les fontaines
sortez les vautours
la manne est saoule et je la veux reine
la fontaine est amour
le mal est ta rengaine
que je jette au four
*
Et moi, j’ai le geai sous la peau
et j’ai plus d’un tour
dans son sac
la pomme est l’amour
et Rome est, et -je t’aime...
*
Pour me rendre à Sise
À Kist au coeur ou à la cervelle
de Dahab au trou bleu
je commence à ses lèvres
de sa poitrine à ses yeux
jusqu’aux cieux qui se glissent
au garde-robe des locomotives
et des dieux
et depuis la réglisse
-qui de vous dit mieux?
*
​
Dans la chapelle
I.
À la gare des enfants
On s’amuse à Suse
On se marre à Islamabad
On fait les fous à Korfou
On se Marie en Camargue
On se montre les fesses à la Meskinonge
On se blesse à La Malbaie
On a du fun dans le Mékong
On s’écrie dans le royaume cri
On amarre à Kamouraska
On fait l’amour en corps à La Malbaie
On se nargue au Lac des fées
On se tue à La Malbaie
Et on danse en attendant
à la gare des enfants
*
​
Tu es belle
Comme la mer
Tu es forte
comme le vent
Tu es fière
comme la terre
Tu es grande
comme le temps
Tu es belle
comme la mer
Tu es grande
comme le vent
Tu es fière
comme la terre
Tu es forte
comme le sang
​
​
II.
-J’ai l’Europe au coeur-
Il me faut du beurre
pour faire du chocolat
ah non, je t’ai toi
Alors le chocolat
je le garde pour tes lèvres
alors garde tes lèvres
pour mon érable à moi
​
III.
Tu es mon Italie
dont on ne revient pas
tu es ce pays de muguets et de roses
mais le lys c’est toi (et voici la rose)
alors viens ici avant que je n’explose
Si tu viens, j’explose encore plus
surtout si tu es nue
(pas juste) dans ta voix
​
​
IV.
Mon île
Mon île de trésors, de coquilles
et de roses
Mon île bleue mon île de pardons
Mon île de terre et de cieux de nuits de saumons
Mon île d’amour
déserte de toi
chantée ou accroupie mon île de foi
sur la table de la cuisine
*
Mon île de plages et de confettis
Mon île de noces et de chou gras
Mon île de châteaux et de farce
Mon île de cargos
et d’appétîts
Mon île de gosses et toi la face
dans le bol à fruits
tutti frutti
*
​
V.
Mon île c’est Cuba
et c’est Curaçao
Mon île c’est Tahiti
Haiti Tagore
Mon île c’est la France
Mon île Montréal engloutie
Mon île
Mon île c’est mont île
De France
*
VI.
Et le soleil se lève
à Cordoue
Et sur Séville
la nuit douce
chaude, veille
Aux mers,
veillées de sables
et de cocktails
​
VII.
Libye
Égypte
Trésors
de cent Tunisie
mille Angola
cent Mali
Des Tombouctou jusqu’aux Harar
jusqu’aux Asie calligraphiques
aux levants
sans cent
musiques
*
L’olivier sèche
​
Le vers dans la bouteille :
le jugement d’Orléans
se rend en Louisiane
où les têtes tombent tombent
dedans
depuis
Orléans
des bons scalps d’Oka
*
La richesse est de voir derrière les yeux.
*
Quel âge as-tu?
-L’âge du monde
*
La souffrance se guérit seulement en pleurant.
*
La liberté est de ne pas croire dans les contraintes.
*
La lumière ne recule que dans le rêve de l’ombre.
*
L’oiseau vole mais jamais les framboises.
*
Quand je respire, tout me sourit.
*
I.
Cent secrets
Cent secrets
soleils
mon âme s’émerveille
De la Sardaigne
à Sidi Bou Saïd
en passant par toutes les Sicile
et toutes les Méditerranée
aux 800 000 églises
à une seule chapelle
​
​
*
​
​
​
Des Corse je vogue
sans écorce
je veille avec elle
Ajaccio Boniface
et Napoléon erre dans ses draps
sur la plage des mots
​
​
II.
Tous les chemins
Alors viens et emmène
seulement ta peau
car tes eaux
je les ai récoltées
depuis vingt années
où j’ai puisé deux puits
des do au là au si
et dedans ce si lance
une pierre et prie
car l’amour n’est rompu
par rien et la danse
continue
la valse ne peut
jamais se briser
alors laisse une trace ou pond un poème
en ton sein
mais ne te souviens
car j’ai dans le mien
les traces de tous
les chemins
Animal
Elle:
Je savais que t’étais fou
Je t’avais que t’étais fol
Je savais que t’étais bon
Je savais que t’étais bol
mais je ne savais pas que t’étais tout en cristal
Moi -ce qu’elle aurait dû me dire :
Je savais que t’étais beau
Je savais que t’étais bon
je savais que t’étais pho
Je savais que t’étais con
mais je ne savais pas que tu étais toutou animal
​
III.
Création des ciels
Les blés de la Sicile
Toutes les belles histoires commencent par une seule
une seule étoile d’araignée
Ainsi le grain de sable dans sa main
et je nais, petit
Puis le cosmos naît et toutes les étoiles
et derrière
l’étable a la voile aux fesses
et le boeuf et l’âne
et l’arbre
et les feuilles
et tous les autres voiles
qui sont des masques pour te tenir en vie
car tu es une femme
et je t’ai nommée
Mais le coeur se souvient
et l’oreille se plisse
mais ton corps se rend
et ton coeur se glisse
sous vents
et je goute à mes réglisses
alors un menhir vaut bien ma lyre
-Hisse!
*
​
...Et qui est mon étoile
celle que je suis
celle qui est dans ma main
-la toile
le grain
et qui n’est pas une mouche à fruit
*
​
De là commencent toutes les histoires
et toutes les origines,
à tes cuisses à ton sein
car l’arbre est dans la forêt
et la forêt dans l’arbre
et la feuille
est aussi conte nue
dans l’étable
*
Le ciel je te dirai
Le vin de l’amitié
est le sang de la terre
page blanche
des destins la sueur
et le sel des âges
aux multiples chemins
​
​
*
​
À l’aimée
À la sève d’érable
et pour tous les cantiques
que je ne t’ai pas (en corps)
chantés dans le portique
*
La source des voiles
Aux sources les lumières
au soufre du présage
l’oracle
de ton corps – nuage,
ton corps cormoran
parmi le coeur
des sphères
dans mon sein creusé
et la source des voiles
à la sève des âges
*
-Et la Vérité
​
​
Les hyènes se moquent
mais le lion, accroupi
s’en dore!
​
*
​
​
Aux buissons
le laid
-et la vérité
​
apparences du vrai
et toutes ornementées
vos cavernes et mensonges
aux lèvres enchantées!
Vous êtes dans le songe
Et moi, je bois du thé!
*
​
​
Le ciel et le monde
toutes
apparues
dans tes lèvres profondes
​
et l’araignée est nue
et le corbeau se réveille
se rappelle
que dans l’huître
était la femme
et la femme était belle
alors toutes les fables
étaient belles aussi
aux lèvres de l’araignée
et son témoin noir qui accomplit le beau
faute de le savoir
​
​
​
*
​
​
Mais le croyant avec son estomac
la hyène a ri
et le lion aussi
et le peuple lié
a compris
et toutes les nations
dans l’érable étaient nées
Car le baobab le savait
depuis sa sève sèche
Et les ronds d’eaux
six bouleaux de l’étable
la pierre qui repose
aux lèvres de la source
la fontaine
également s’en rappellent
ce que j’ai mis
dedans
le rappel
​
​
​
*
​
La sueur
le sel et la volonté
également
se souviennent
*
la sève
dans l’érable
la crique
des corps
​
*
Et le chemin se glisse
au corps qui se rend
​
​
​
​
*
​
La source était vieille
au seuil des matins
et la main tissait l’histoire
comme un vieux chemin
​
*
​
​
​
​
Du Lys la couleur
-Devises
À Léonard, à la tombe en fleurs
Un abreuvoir de soleils
un souper d’au revoir
une nuit chaude sans
éclairs
une auberge nue
aux miels et aux lèvres
au menu de noir noce
confettis de roses et de pétales
Léonard,
tes restes de ciels
tonnerres limpides
éclairent
ta lune et tes soleils
nos jours sans tombe
et tes paniers,
lourds présages,
nos cœurs et nos fronts,
tu as tissé d’étoiles
à la belle si belle mosaique,
du grand oeuvre
la toile
*
​
​
À claudette Commanda
​
La griffe du jaguar
l’oeil du tigre
le regard de la tortue
et le jaguar hante
chacun de ses pas
et le serpent la tue
alors elle dore ses flèches
du poison de Saint-Jacques
et de la conque de François
​
​
*
​
​
À Eloy
​
La magicienne et le valet ont trois clés
et plus d’une formule –Au ventre au coeur, au front-
mais par contre mille écus et même pas une strophe
valent bien une belle catastrophe
​
​
*
​
​
À Hamid
L’Empereur navigue sur le ciel
mais au ventre des fleurs
l’étoile est aux miels
mais la lune : belle
dort dans sa voie
​
​
*
​
​
Isabelle Geoffroy
​
Belle, Belle, enfant d’or
l’enfant dormira bien tard
*
​
Paul-André
Tu vas nous chanter
une chanson
au royaume des moissons
-pas au royaume des fées et des confettis-
non à ceux de Judas mais à ceux du Yéti :
au royaume de Maurice, de la glace, du hockey
-et c’est pour ça que ça glisse en dessous de tes pieds
​
​
*
​
Devise de Claude
La souffrance et le sel
la souffrance et les os
moi, j’ai une étincelle
au delà de la peau
Et je sais le désert;
le désert me connaît
et je sais les lanternes
à l’air de la forêt
La fureur des danses
l’aube des monastères
oh moi je sais les transes
de mon coeur et des guets
​
​
*
Devise de Cécile Laliberté
Oh la belle forêt
les oiseaux, les quenouilles, les lapins, les marais
les beaux livres. Elle lit la forêt
et jamais ne se prive
Elle est au bout du monde :
toute faite de ses os
dans son sang : son palais
faque sortez le gin, venez les p’tits moineaux
on va rire et pleurer, jaser en simoneau
tout ce qui manque, c’est le gros
La groseille le sait, l’hirondelle le connaît
mais c’est seulement la forêt qui le tait
*
Devise de Léa
Je navigue sur le monde
Tu navigues sur le rêve
et donc le mystère
est loin de se faire terre
Mais ce n’est pas le mien
Mère, reviens me voir demain
moi, je prends le monde
dans mes rêves, viens!
*
À Sylvie :
Elle avait
le cri de chasse
et la mouche au coeur
C’est pour ça que son mec l’aimait
et son beau mystère :
aimer chasser
avec ou sans
le beurre
*
À mon cher et valeureux cousin Gabriel
L’avenir que j’ai
l’avenir que tu as
À l’or laisse le givre
car la neige est ton drap
sur la table fraîche
pour tes fleurs de trop
​
*
La mienne:
Sale amande un jour
Salamandre, tout jour!
*
Devise de Jasmine
La boxe ne s’enseigne
et le jazz se joue
mais souris, non aux canons
et de toutes tes dents
sinon t’auras une mine
à creuser sans carie
non, c’est du pareil
au même
le jazz ne s’enseigne
mais la boxe se sent
​
*
Devise d’Alexandra Wilson
Elle a froid aux yeux
ne boit qu’un doigt de vin
Elle a des recettes
aime les magasins
et les bons épices se tendent sous ses mains
mais entre les deux bras
au coeur et au sein
elle a aussi le froid (gras)
mais la chaleur s’en vient
​
*
À David Harvey
Les pancartes, la pâte dentifrice
et les pneus
moi, je nettoie le trou
mais j’ai l’air élégant
traité mal traité en robineux
institution
incarcérale :
je suis à la brousse des chemins
Tout le monde à mes trousses
moi, je pars le refrain
*Écrit avant son départ fracassant de Pierre Janet en décembre 2016, puis son arrestation
​
*
​
​
À Isabelle
Isabelle, le lys a pleuré
sur ta rose
et le miel perlé à mes cuisses
fortes
mais l’amour au pré convainc
même l’amoureux
et le vain cul regrette
d’être si malheureux
​
*
​
Au corse
La più bella
est là
où tu sais
*
​
​
À Christian, Hamid, Jean et à Isabelle:
Merci, je vous aime tous
À la prochaine frousse
*
Merci pour le bacon
merci pour le muguet
mais moi je rentre au port
où
m’attend
quelqu’une
​
*
​
​
©François Baril Pelletier