LA NOCE DE SEL
*
Un poème écrit dans son entièreté en prison
(hôpitaux de Pierre Janet et de Gatineau)
entre le 27 août et le 24 décembre 2016,
parmi les abus et la laideur des hommes
et même celle plus désolante, des femmes.
*
Ces textes ont été lus et mis, par voie de vidéos, sur les réseaux sociaux, afin d’allumer les Québécois sur le fait
que le Québec est libre, et donc souverain, et que les droits humains sont chose naturelle, et dans mon Québec,
un Québec souverain et juste, un Montréal uni, ils devraient être respectés, et faire priorité.
Aussi, c’est la merveilleuse occasion de dire que ma folie, pour laquelle vous m’emprisonnez,
est bien belle et ma foy, ne diriez-vous pas, plutôt bien ficelée?
François Baril Pelletier
Le roy
*
PROLOGUE
-TESTAMENT-
Si Félix est un beau chêne
et Nelligan une île d’époque
si Vigneault est une étable devant les rocs
Charlebois un ou deux bouleaux qui tremblent
Si Richard est des Jardins
ou une histoire à boire
demain soir
dans nos mains
Si Maurice est une bulle doseure
ou l’espoir de faire mieux
et d’être en corps, en choeur meilleurs
*
Si Miron est un vent froid qui pointe, l’aurore boréale
Paul-Marie Lapointe, un arbre assis ou cent-mille
Roland Giguère est une toile, celle d’un vaisseau de bois
*
Si Anne Hébert est une roche dans la prairie
Daniel Lavoie est la prairie
Michel Rivard est l’arbre où picore
un pic mineur
Plume est un tremble qui vogue devant les six bouleaux
Cassonade se prend mieux
dans les pommes
de route
de tout un peuplier
*
Si mon père est un terrain vague, un terrain sec, un bureau
Si ma mère est la moisson de l’automne, sans écriteau
Si mes soeurs sont les vendanges avec les fruits des champs
et ma cage, mes barreaux, une pomme avec le ver dedans
Isabelle est mon flanc beau, et l’eau là, mon orage
Moi, je suis le vent qui gronde,
et le sol des mirages, qui soulève et qui danse
avec les herbes folles
à la grand-ronde de nos pas
qu’un érable
que l’on aura pris pour construire la charpente
d’un jardin ou d’un puits
ou une érablière
faite avec mes os
le soir sans un bruit
pour mettre ton coeur au chaud
*
I.
TERRE DES HOMMES
TERRE DES HOMMES
M’en vas construire mon église
mon igloo
sur ta pierre
Falardeau
large comme le sol
heille
et tout nu
comme l’eau
le dos large comme l’ébène et la fraise en juillet
*
M’en vas
dompter les rivières et les cernes
les hivers et les flaques de slush de bière et les lacs
M’en vas ouvrir les riches Arts des Jardins
comme la Bible
m’en va chercher ta tire
lyre
vieille Catherine
Et mon cher, mon ami, mon chêne simple
mon Félix
m’en vas boire ton câlice profond et sans hélices
*
Et dans mes Charles bois m’en va dompter l’hiver
et la Poune dans les bras puis l’amour dans les serres
et la plume au bal con
et plein de Cassonade dans nos pommes de route
et nos filets mignons
au combat à Oka
Au Mont Laurier fait frette
mais surtout il fait froid au royaume de mes bras
*
Pour un pélican blanc
de la gomme d’épinette
m’en vas te faire la guerre
m’en vas scorer des buts
pour l’amour du Québec
m’en vas compter les veines
au fond de la Quécan
au fond de l’océan
et m’as mettre de la joie
au fond du parlement
*
Pour l’amour de Nanette
les gants blancs de Richard
m’en vas dompter le Net
profit
et le frette
m’en vas monter le score
et au Lac des Castors
m’en va compter les roches
m’en vas monter dans l’Nord
tout comme mon beau Richard
sans perdre la croix du Sud –hein mes Jean-
et sur toutes les lèvres, la croix du Nord
*
Terre des Hommes
O bras d’or
Et d’la Bitt’ à Tibi
Et toy sur ton canoë oh mon Gilles
O Vignes
Haut
Canada
Ton argile dans le sol dans la terre du bas
sans te taire
pour un pays d’argile et de neige
en jalvert
un pays pour les riches plein de terres
et d’Afriques
et des jalons tranquilles au portage de nos pères
*
Et Céline plein la voix m’en va compter le monde
À fort Coulonge comme au coeur de Londres
de la terre à Papineau jusqu’au corps du Yéti
au cul de la Caroline
aux lèvres de Virginie
m’en va courir le monde jusqu’aux grands chemins
des doux chants d’Isabelle jusqu’aux hanches de Paris
Et depuis Lanaudière jusqu’à la Chaudière
et du land des Apaches jusqu’aux Appalaches
m’en va écrire les fraises aux lèvres du troupeau
m’en va compter la neige jusqu’au bout de mon drapeau
et tout au haut du Mont Blanc m’a livrer du ciment
avec une coccinelle pour faire nouveau roman
pis j’vas faire un hostie d’show avec un beau party
et un vieux parking avec une goutte de sang
*
Et c’est à Terre des hommes
que je tombe à genoux
en voyant notre ronde
qui chante en Innu
Carillon pour les fous
Quelles frontières du Québec?
Les palissades au cou
le carnaval au bec
Y’en a pas des frontières, icitte on est rois
pis si tu me crois pas, viens avec moi en croisière
*
C’est pas dans mon épave, Oh mon beau Nelligan
Oh toi qui tombe à sec dans ton givre d’univers
-Antonio a du cran
mais c’est bien de son voeu
et pas de sa moustache ni de sa chevelure-
que nous trayons les vaches et traînons les voitures
Vois-tu, le carillon, c’est moi qui l’ai donné
quand je suis venu à bout du Mont Laurier
lorsque je suis monté au coeur de l’Orignal
et c’est pour ça qu’on dit que j’ai l’or dans le faire
et j’ai le cri aux os et le bronze au combat
et le muguet au front et l’art dans le pas
car c’est bien en prison que j’ai puisé mon or
Alors mes continents et mes grands déserts bleus
c’est juste mon salon
et mon plancher est mieux
Mon ciel est l’horizon
et mon coeur l’univers
et c’est bien tout mon art que je mets dans la sphère
alors le zénith et le coeur de ma belle
c’est au creux de ma main
une seule étincelle
Et c’est sur les planchers que dansent mes pépites
Alors venez danser mes vieux : Serge et Séguin
C’est au coeur que je bois, c’est au coeur que je viens
mais si tu veux venir avec moi
Oh Rivard, ton record je l’achète
en ciboire
en pleine mer
c’est icitte que je vois
Car Richard son record c’est de battre le fer
et ça, c’est mon beau Guy Debord -le page-
qui le poste par dessus bord
car la liberté elle se chante en chinois
dans mon pâté de sucre ou bien dans mon érablière
aux oreilles de Christ
Le messie porte le tablier
Et si j’ai, si j’ai chanté croche
avec les mains liées
et si j’ai chanté juste
c’est que j’étais lié
Iberville a vu vrai mais a lancé des roches
et si Riel avait un beau duvet au front :
ce si beau Dumont -comme 1000 bisons-
c’est que notre tombe à tous est tombée
au tumulte
et c’est bien dans les meutes
de moutons
que j’exulte
car est tombé Maurice
tout au bas de vos flûtes
O petits bourgeois d’outre-monts et des mers
et les forts tombés se sont levés des forts
car du Cœur Crevé se sont levés les morts
-le journal a titré- et on empile les morts
les corps et les patates
on empile les forts
*
Mais moi, j’ai chanté juste une seule fois
et j’ai chanté si faux que l’on me crut le roi
alors que pas une cenne aux poches
j’ai marché dans le ring, j’ai marché sur les sentiers,
sur les roches
et si je suis les monts, et si je suis les vents
si j’ai les fers aux pieds
et les mots au désert
j’ai seulement libéré le bras d’or de Maurice
et Montferrand aux vignes
et c’est bien pour cela, Seigneur, que je suis digne
que j’ai les rêves pognés aux lèvres du Grand Cygne
*
Et si mon front est ceint d’une belle cicatrice
et si je suis mignon comme un filet mignon
aux côtes de la police
surtout bien rôti tout comme un bel agneau
c’est juste que j’ai faite de mon coeur la justice
et d’une seule fausse note, péché mignon,
un lys
*
LA NOCE DU CRAPAUD
Écrite en collaboration avec Claude Raymond
I.
Dans la mare des elliptiques
la constellation du r’nard
encrypté le crapaud dort
du Bleu, Blanc, Rouge
dans les mains
bien lavées
En sang bleu
avec l’or de la veille
*
II.
Le renard que voilà
dans sa bouche un fromage
O corps beau que j’ai, que j’ai
ma vitre est un jardin
de givre
À sa fenêtre la princesse
l’éponge entre les fesses
deux p’tits crisses dehors
le hockey dans les poches
Le riche art des jardins
est devenu patinoire
dans la rivière un score
à l’aréna Guertin
*
La plume dans les mains
le Richard prend son vol
en déployant ses ailes
la poque dans les yeux
et le chandail au corps
Le Canadien ah famé
l’habitant dégoûté
le fromage bleu est maure
le mouton égorgé
III.
-En prolongation-
La noce sur le chemin
comme un bouillon brouillon
de la Grande Dépression
les yeux noirs de Maurice
comme tête de proue
contre la tête d’affiche
de Maurice Duplessis
de l’aréna Guertin au Parc Jacques Cartier
*
Les lèvres de la Belle
s’éveillent sur le crapaud
et elle ouvre les ailes
des yeux en un seul mot
*
Tout naît du Grand Fleuve
des rivières dans les mains
patinées d’araignées
dans la toile de nos draps
vers l’écueil de nos bras
L’élégant Nelligan
du haut de ses voiles
le corbeau sur son mât
Antonio était là
Dans la galerie des morts
les soeurs en parlent encore
Le corps beau du p’tit Christ
beau en p’tit Jésus de plâtre
C’était nul au début
Maurice a fait trois buts
Boston a l’air de quoi (croa croa)
à Oka on dort pas
Le fromage bleu fermente
le Lac Saint-Jean vous en parlera
Guy A. Le page, en jazze
Boston avait trop bu
Ils se sont cassé la face
à l’harmonie du soir au château gai des brumes d’Isabelle
-Et la lune était belle
*
C’est mon terroir à moy
de nos pays d’en haut
au nom du Grand Roy
Nouvelle France Tango
Mardi gras, montre tes Jos
Mon Joe
mon Ferrailleux
Mon beau Cyrano
Sur les chutes des Chaudières
pètes-en une gueule de plusse
*
L’orchestre a fait son nid
l’araignée parle et ment
faussement réconcilie
l’art : régner et
1. le lit
2. le lys
3. la lie
*
LE CHASSEUR DE RACINES
Écrite avec des mots soufflés de Rock
Quant à se battre
mieux vaut se battre pour une terre cultivable
la parole dans les veines
la racine sauvage
et pour sauver un peuple
en voie d’extinction
*
3,75 % d’eau potable
une terre fertile qu’on a pavée
mon gars
on s’est nous-mêmes cicatrisés
à la blessure d’un érable
et d’un peuple cultivé rare
usé dans ses racines agraires
*
Et si c’était pas un érable
Notre Félix nous l’aurait dit
Et notre sel sur la sève, ça fait mal en Yéti
Allez, l’aimée promise mon Joe
donne ses lèvres au gros Bozo
Moy, je change pas de maîtresse
Mon Joe
Mon fer, hen dans la plaie des Anglos
Le chasseur de racines a la racine au flanc
toy tu changes pas de maîtresse
moy je change pas de drapeau
mon Joe
*
MISTASSINI
La fleur de lys est démodée
Aski paraît, y’a de la patate là-dedans
Des territoires plein la forêt; je me souviens
Et moy je dis des paradis
Bienvenu à Mistassini
*
l’Île dit au revoir et merci
Mont
Montréal
que j’abhorre!
Et je me saoule, viens toi aussi
dans ma forêt tout le monde s’endort
Bienvenu à Mistassini
*
Amenez-en des chars
des fromages et des onguents
des territoires, plein le scalp de la forêt!
-et des cailles et des attraits
pour les touristes et le Yéti un parking en Voie lactée
Bienvenue à Mistassini
*
Et Natasha Kanapé Fontaine
Ashale moy pas
occupe moy d’ça
de la lumière sur l’aurore boréale
et le party sera bien gras
Bienvenue sur mon sofa
*
Une tente, ça te tente?
Bienvenue dans mon territoire
Pis si tu en veux du grand or
tu demanderas en corps
au corps
de te dépanner tard le
soir
quand ton seul chagrin c’est de pas voir
le mot à la fenêtre du matin
*
Du givre dans’ vitre
ou l'or du chemin
que tu épelles en mots pleins
de roses et de miels
*
Nelligan a la groseille
au sein
mais le bateau il l’a manqué
Gerry le beau Galérien
Val d’Or sera ressuscitée
A l’or prends ça si tu es fin.
*
LE CHASSEUR DE RACINES (II)
Quant à vivre en guerrier
mieux vaut choisir ses guerres
sur une terre agraire
pavée pour diviser
Harpistes; pains et jeux
Paver pour diviser mieux (qui dit mieux)
afin de diluer la douleur d’un peuplier
*
Aucun or n’est mangeable
et aucun épice de maïs
n’est cultivable au fort
On se tanne pas au front
pasque toi tu tank pis tu carabines
pis tu thank you and me
sur la table en os
Tie ta cravate dans l’fond de d’la boête
aboie
qui est ton crâne
que je mets
dans le bois
*
Quant à fleurir sa cour
mieux vaut choisir ses frères
ses hivers et son four
car une terre en bois rond
est une terre agraire
et le cul plein de luck
avec une job un char et un si beau palais
dans le coeur de sa langue et un silence anglais
Chante-moy pas
qu’il te dit en anglais
et passe-moy pas la puck
Maurice était Gaulois
et le coeur plein de loques
on s’en vient nous les droits
avec un coeur de Roc (k)
vous en compter ma foy
*
II.
DE BATOCHE À ORLÉANS
LOUISIANE
Dans les entrailles de Jeanne d’Arc
le feu brûle en corps
bonheur des Anglois
Montréal était mort
et la ville du roi
bat la reine en prison et avec du bon
bleu lui nettoie le menton
*
L’Inquisition est là et tapisse les murs
2000 lieues sous les mers
Jules Verne a compris toutes les balivernes de La Fontaine
Le fakir en prison
Yoda dans son marais qui soulève le trou dans le Rideau Hall
Dune et l’épice
Dans le coeur de Luc
l’Amour revient de guerre
*
Le crapaud dans ses draps dort
lui re-pond un neu-neuf un un
On va laver la bouche des Anglos
avec un bon fromage bleu
des vieux pays d’en haut
Les requins quins quins quins
cailleries de l’espace
Au terroir du crapaud
un bar pour la basse-classe
*
Dallaire de quoi Dollard
Des ormeaux plein les poches
mais la mienne est remplie
d’hydromel et de roches
*
No future no nouvelle
Propagandist Party
Speak White qu’on leur dit
un hostie entre les dents plein la gueule
plein la face
plein le front plein le sang
de leurs maudits mots
dits
*
Sous mon chapeau let’s go
un fromage
en veux-tu d’mon hostie
Mais non –t’as quel âge?
Moi je pars le party
Au pays des Oh
rages
*
BATOCHE
Une belle nuit à l’abattoir
à chanter nu dans un royaume de miroirs
une autre nuit à la belle étoile
à tendre les célestes toiles
*
À tendre l’oreille dans un filet
pas de hareng
mais de voiles liées :
sur le dix cennes ou le dix piastres
une histoire plate
un sourire sous les couvertes :
MacDonald rit dans son regard
de choléra
sous la moustache de Riel
pendu jusqu’à sa septième tache
son septième gras
et l’araignée qui fait son miel
*
La carabine de Batoche
Dumont contre cent Érynnies de fantassins
qui marchent croche
et ce Dumont il a pas peur d’une seule roche
-Il a le monde dans le sein
pas dans l’carrosse
et toute la vie sur une épaule-
Et sur son dos plus qu’une grosse pierre :
son jouet
et nulle autre prière
mais un veston en peau de bison
Et puis Riel est en habits
Il a une fleur sous la peau
et la parole en peau d’agneau
Et puis le coeur dans les os
*
Pas de cravate mais un radeau
de Méduse
avec cent matelots
pour défendre ce champ profond:
toutes les plaines de l’horizon
les soleils et puis l’or flottant
que sont les nuages et les groseilles
et toute la terre qui pousse dedans:
*
C’est un vrai bleuet ce Riel
mais il préfère les saskatoons
La voie ferrée tranche au pay-roll
Riel joue pas de jeu de rôle
car icitte c’est pas la sept carrée
ni les violons ni la valse noire des poupounes
On se retrouvera à la drave
à l’autre fois sur une pitoune
*
MONTRÉAL, LE PARLE HONNÊTETÉ,
QUÉBEC LE PORTE-VÉRITÉ
*Idées de Claude Raymond, le titre mais pas le concept
Au Mont-royal, l’observatoire
est notre Parle-honnêteté
et à Québec l’Orignal a chanté
c’est notre Porte-vérité
Et ça commence avec un bec
et ça finit avec un thé
belle ou un thé fait
à la caverne sans habits
ou en corps mieux avec une p’tite vie
ou une tisane
ou un p’tit rouge ou un rosé
surtout quand viennent Marianne
ou Valentine aux rosées
En fait ça commence encore mieux
avec une danse jusse pour deux
*
Mon corps, ma faim, je les ai donnés
quand j’ai marché au Lac des Castors
À l’or traînez vos traîneaux
et montez haut et fort
car j’y suis né
À l’or montez mes caribeaux
et cueillez l’or dans vos traîneaux
*
LA FLAMME D’UN ÂME : QUÉBÉCOIS
On l’a déjà notre terre agraire
qui se souvient
mais on l’a pas encore réalisée
Seulement avec un seul refrain
vient le party
Le peuple se noie dans son chinois
Le peuple s’enterre de se souvenir
et son party faite de menhirs
Des Havane jusqu’à Laliberté
Che Guevara et la Loi
qui ressuscite le cadavre
du monde qui a en corps chanté
le chant du cygne dans le havre
d’Abraham mais pas de Matane
-Moy pas
J’en ai assez pleuré
mon casque et Bozo
vous l’aura chanté
aux belles eaux
de Maskinongé
*
Je sens les âmes de nos pères
Je sens les âmes et le drâme
Père – cul – t’es
La flamme d’un âme québécois
La flamme d’un âme qui a foy
*
LE PARLE-HONNÊTETÉ
Et la mouffette et les ratons
ont le droit d’y avoir parole
et ce n’est pas une parabole
À l’agora : on est toutes faites
en simonac en simoneau en ciboire et en cibole
Allez levez les ponts!
Lévis:
chante ton corps chante ton sang
Tu as Québec plein la bolle
et l’appétit plein le corps
beau!
Or emmenez-en des Corriveaux
des Chasse-galeries plein le feu de bois
Au feu de camp y’a qu’un corps beau
et c’est le tien
ma gare
née menthe
*
Car moy je ne change pas de maîtresse
Et Isabelle vous l’a bien dit
et elle vous le dira encore
car si je monte d’une seule caresse
c’est moi qui prend le paradis
car c’est moi qui ai pris le fort
*
Alors si j’ai la dent sucrée
c’est que je veux la tarte au sucre
alors tes cuisses derrière le peuplier
c’est là où je veux te voir à soir
et c’est là où je veux écrire mon testament
mais pas avant d’avoir mangé la poire
pis même si je ne vois que du blanc du rouge du bleu du noir
m’en vas aller le dire aux gares m’en vas aller le dire
aux gares
nées menthes
*
III.
UN PAYS
UN PAYS
Un pays nous a jamais abandonné
un drapeau nous a déjà fait chanter
pendant tant de peaux
pendant tant d’années
Mais mon coeur a déjà été destitué
pis à la cour mesdames
en prison j’ai chanté
dans un bateau esseulé
la patate mal isolée
*
Car
dans ton corps il y a mille fables
mais juste une nuit dans une étable
suffit pour plus broyer du noir
avec une seule ou 1000 femmes
T’as le derrière au feu collé
T’as les deux lèvres décollées
même quand tu dis rien
ça danse au Où? Quoi?
Tu es la danse de l’amitié
*
Et quand tu débordes au puits
et quand tu débordes au fort
t’as une amande dans ton ennui
et juste un coeur comme abreuvoir
*
DES BRUINES DANS LE DÉSERT
T’as fait des bruines dans le désert
t’as fait des rides aux monastères
t’as mis ton sang dans les rivières
*
T’as calciné des livres morts
t’as pris le taureau par les couilles
t’as pris le monsieur par le corps
*
T’as brassé plus d’une balançoire
et une brasserie dans tout ton corps
T’as mis les blues à la bedaine
des soirs
*
T’as mis tes lèvres à l’abreuvoir
et tout le monde conte tes histoires
tes histoires de manies,
fesses et de fontaines
*
Et pourquoi pas de pas qui pressent
et pressent le citron des peines
Alors, viens donc, viens donc nous voir
chanter la messe
qu’on se saoule vienne.
*
LABRADOR
Le bras d’or au combat
le coeur aux confettis
Le Yéti est en bas
et chantent les rabbis
Les tout-petits aux lèvres
et les lèvres au balcon
Obélix a la sève
et Rimbaud a du front
*
Le bras d’or party
intoxiqué merci
qui donne ses vieux os
à la sauce exploitée
sous une vieille peau
*
En sortant d’sa poitrine
le coeur est aux latrines
Rimbaud est aux vitrines
le choeur dans le pissoir
En sortant sa poitrine
-le chœur est aux latrines-
aux soeurs il offre dîme :
des orties et des flores
*
On dit Oh Québec!
-Quoi?
On dira Labrador quand on verra le bras
Mais perdez pas le Nord
dans ma langue du Québec
un Canadien errant
Le brador dans les pecks
Et si tu dors un peu
m’as te faire un petit feu
On dira Labrador quand on couchera avec!
*
Le bras d’or party
intoxiqué merci
qui donne ses vieux os
à la sauce exploitée
sous une vieille peau
*
QUAND TU METS LÀ, CHAREST,
ENTRE LES DEUX BOEUFS
Quand tu mets là Charest
entre les deux bœufs
et que tu mets un bleuet
au milieu de la table
Quand tu mets là Charest au milieu de l’étable
*
Quand tu mets là Charest
avec cinquante bleuets
contre cinquante navets
qui veulent briser les tables
-aux lèvres d’Abraham
pas pour faire peur aux dames
mais- pour trier l’érable avec l’ivraie
*
Car le vrai se cachait au milieu de la table
pis c’était un beau rabais
mais ils ont préféré rire
en nous cassant l’érable
*
Quand tu mets là, Charest
au beau milieu des deux boeufs
tu sais plus reconnaître entre le trop et le peu
qui vole un neuf
vole un dix
pute!
J’ai choisi le trop peu
mais garde une p’tite gêne pour Gênes
parce que la mafia est drôlement libérale
*
Pour nourrir leur faim
mille hommes
mourront d’aimer
et sans peau et sans pain
le coeur emmuré
pas avec mère malade ni avec des confitures
mais cassant ta parade avec une belle figure
*
Un oeuf crée la famine
Un boeuf nourrit un peuple
et voler pour manger n’est pas voler Seigneur
Tout le monde sur la Terre
doit se loger se laver se nourrir pour vivre
-sans un toit sans un mois de loyer dans un sou sans un soi-
Régner pour diviser pour mal régner sans rire
*
Quand on met là Charest
on sait plus trop qui a l’oeuf
et qui est le boeuf
mais dans l’coeur de ma blonde
y’a de l’électricité
puis je vais te sortir du coeur
de la Ronde
*
Une queue de poisson n’est pas un coeur de chêne
sans coeur et sans raison
Et un coeur
sans chaînes
est un coeur qui aime sans peine
sans amour car l’amour est au Chêne
*
Mais au Bas Canada c’est la soupe au chou
chou
Voilà LE train qui passe au milieu des bouts d’chous
Et Rimbaud tire le boeux mais Charest lui assis
regarde la bouette et la marde
merci
*
DE NOUVELLE-FRANCE À ORLÉANS
Le désert est ma saison
la feuille d’érable mon ornement
La vigne qui perle à mon salon
orne mon front, le parlement
Passe la vadrouille dans les étoiles
Passe le balais dans les palais
dit Cendrillon levant les voiles
de l’araignée tissant sa toile en glaise
De Québec jusqu’à Matane
de Montréal jusqu’à Mille-îles
pour nettoyer les carillons
y’a les baleines de Natashquan
de Mardi gras jusqu’à Sept-îles
y’a la musique des grillons
des pleurs venant des cours âgées
vingt-mille lieues sous les rapides
les canoës portés par des fées
et nos trésors… Attention!
Nos têtes de foins et de batèches
et puis tout l’or de nos calèches
on les emmène dans notre histoire
là où commence la fin du monde
la danse est mon roman à boire
*
EN SANG BLEU
-LEÇON EN PEINTURE DE L’AUTOMNE-
Prends un rouge, un blanc, un bleu
Prends le rouge et fais en une feuille
une fraise un coeur d’homme un fruit une pomme
Prends un blanc et fais-en un fromage
entre le bec ou entre les doigts mon homme, ma femme
mais juste un petit blanc ce soir
et pas juste un blanc dans les yeux
Prends un bleu et fais en du sang
ou un drapeau ou une amante
mais pas religieuse
une amante
et c’est pour ça que je lève mon verre
En sang bleu
***
EN PROLONGATION :
LE PEUPLE AU COEUR CHAUD
-MON HYMNE NATIONAL DU KÉBEK (2021)
Venus de hautes mers
Nous avons navigué
Venus de hautes-terres
Nous naissons
Sommes nés
L’orignal Qui chante
Et le crapaud qui signe
Derrière la sente
La mort du chant du Cygne
Et le fleuve dans le veines
Du nord ou du sud
De l’est comme De l’ouest
En nos hivers rudes
Sous l’amour de nos sœurs
De nos frères
Au combat
Levons donc notre cœur
Et ne baissons les bras
Depuis les origines
Nous contemplons la sphère
Et si nous sommes dignes
Voyageons sur la terre
Nous monterons aux monts
Nous construirons des ponts
Fiers de notre flambeau
Nous humains de passion
Nous le peuple au cœur chaud
Or dans la Paix du lys
Dans l’amour des lampions
Allons là où ça glisse
Faisons l’Oeuvre où ça fond.
*
©François Baril Pelletier