Chansons
LE DÉLUGE (Album concept écrit : 2004-2006)
1. Je suis un chemin
2. Le banquet
3. bal de mer
4. Quand la terre sera ronde
5. Mère mémoire
6. Histoire du monde en 21 couplets
7. Le cerf
8. Formule magique [pour devenir un homme]
9. Hommage et Dommage
10. d’Amours et d’eaux fraîches
11. La cathédrale de l’écume
12. Le bouquet
13. Le jardin
14. Chanson du riche et du noble
15. Les Harpies
16. Le chant du réservoir
17. L’arche
18. Le lieu saint
*
Je suis un chemin
Je suis un chemin de rosiers
Je suis un chemin de colosses
Je suis un chemin d’oliviers
De Bacchus et d’Éros
Je suis un chemin de mains lacées
Je suis un chemin de joies sereines
Je suis un chemin de cœurs tressés
Je suis le chemin de la peine
Je suis un chemin mal famé
Je suis un chemin affamé
Je suis un chemin épiphane
le chemin des tziganes
Je suis un chemin de printemps
Je suis un chemin de la croix
Un chemin des grands vins
Un chemin vers la joie
Je suis le chemin des enfants
Je suis un chemin de voyage
Sur la grande avancée
Sur la route des sages
Je suis un chemin de rosiers
Je suis un chemin de colosses
Je suis un chemin d’oliviers
De Bacchus et d’Éros.
*
Le Banquet
Dans les fleurs de la nuit des temps
De vieux dragons aux grottes anciennes
Les fleurons des armées humaines
Dans nos veines coule le sang
Le cœur humain dans une caverne
Le labyrinthe des artères
On crie : « est-ce que la vie est vaine »?
Quand coule le sang par terre
Au gré du grand mystère
Job ne peut que se taire
Chanter chanter chanter :
Le cœur dans la poussière
La douleur monte à Dieu
Du bas du cœur au bas des cieux.
II.
Terre : O belle race
Aie-je laisse ma trace
Sur ta peau profonde?
Un homme en cravate
questionne la fin du monde :
David et Goliath
De l'âme un autre psaume
Écrit en une nuit
Entre deux ennemis
-La beauté est enfouie
Aux cigales en été, en hiver :
Aux boissons de la nuit.
III.
Au haut de quelque roc
-Du haut d’un bouclier-
L’espoir est mon auroch
Lion aux pattes liées
Mon cœur est volatile
tel un vieux coquillage
Quelque nouveau fossile
Attendant sur la plage
Un oiseau envolé
Une fleur du désert
Comme un trésor volé
Cueilli à l’éphémère
Un joker déniché
Dans un paquet perdu
Le cliché écorché
D’un homme disparu
*
La bête de velours
Un criminel amer
Pied dans un piège à ours
Un homme a la mer
Une pierre qui roule
Un phare qui s’éteint
Un jardin qui s’écroule
Suspendu au matin
Un bel épouvantail
Au milieu de la foule :
Ton cul dans de la paille
Et mon cœur qui roucoule
Une pluie de raisins
Une armée de colombes
Le fond d’un magasin
Une crypte profonde
Une simple bougie :
Meurtre en nuit rebelle
Une ville endormie
Sous les yeux de la belle
Enfin l’arme du crime
Crevée de poésies
L'amour et son escrime
L’homme et sa magie.
IV.
Mais que se passe-t-il?
Je tombe sur une île
Sur un grand archipel
Où la beauté m’appelle
Mais que se passe-t-il?
Mon âme volatile
Voltige de ses ailes
Et m’apelle le ciel
Artiste naufragé
Mon visage a changé :
J’ai perdu des cheveux
J’ouvre enfin les yeux
*
Suis-je en pays connu?
Dans un endroit hostile?
Suis-je habillé ou nu
Dans quelque Tchernobyl?
Sur un mat attaché
Suis-je en proie aux sirènes?
Dans un pays taché
De gras géants obscènes?
Sur un vieux rocher?
Sur quelconque carène?
Sur quelconque bûcher?
Dans quelconque arène?
Dans un lieu barbare
Au creux de Disneyland?
Au fond de quelque jarre?
Dans quelque No Man’s Land?
Me suis-je évanoui
Tombant du haut des airs?
sur rouge Sinaï?
Aux feux de Lucifer?
Tombé des stratosphères
D’une âme repentie?
Du haut d’un sanctuaire
Aux cris de la pythie?
Est-ce la sainte église?
L’astre d’un frigidaire?
ou la terre promise
Sur un vaisseau de pierre?
Suis-je dans la tourmente?
Aveuglé de soleil?
Dans le lit d’une amante
Attendant le réveil?
Dans les bras de cyclones
Ou aux pieds d’une reine?
Aux lèvres d’Amazones
Tout décoré de chaînes?
Au large d’un abreuvoir
Au cuisses de quelque puits?
Dans l’atmosphère noire
D’où la lumière luit?
V.
Au banquet de Platon
Dans la grotte profonde
Éclairée, tout au fond
Gît la fresque du monde
Entre le monstre et l’homme
Le cœur et la raison
Le désir de la pomme
Et l’amour des saisons
Entre l’homme et la femme
Entre la femme et l’homme
Entre le corps et l'âme
Jérusalem et Rome
Entre combats amers
Et victoires sereines
Entre la terre, la mer
Entre les joies, la peine
Tous les chemins convergent
À la même rivière
Un flot ou l’homme vierge
Rejoint l’âme des sphères
Et je suis comme empli
D’une ivresse profonde
Sur mon âme aucun pli
Mon âme comme une onde
Suit lentement les flots
vers la bouche du monde
Laissant son doux fardeau
entrer
Dans l’antre du ciel
Qui nous sonde.
*
Bal de mer
Le fond des coeurs
Le creux des mers
Une rancœur
Et l’arme amère
Robes d’hiver :
Belles nanas
Un aquarium
De piranhas
La marée basse
Une murène
Une étoile
Sur la carène
Quelques coraux
Quelques statues
Drames immoraux
Et meurtres nus
Vitres brisées
Un baldaquin
Qu'y a-t-il d’autre
Au ventre du requin?
Monstres de mer
Chevaux anciens
Trésors de guerre
C’est l’or des Phéniciens.
II.
La courtisane
Sur un plateau
Quelques hors d’œuvres
Et l’enclume dans l’eau
Dans son veston
Dans son haleine
Son portefeuille
C’est le sexe ou l’écueil
Gun et argent
Du whisky blanc
Une sirène
Un corps de femme
Et tout cet or
Au ventre des alligators
Des seins géants
Un paquebot
Qu’y a-t-il donc
Sur cette île sans peau?
Un ciel ouvert?
Mille caresses?
Vingt mille lieues
Sous des cales perverses
Un archipel
Halo de fruits
Peaux que l’on pèle
Comme on pèle une nuit
Quelques espoirs
Et quelques peines
Îles et courage
Au ventre de la baleine
Un orage
Et mille lits
Fuite à la nage
À l’Hôtel Ophélie.
III.
Une lueur
Dans la tempête
Quelle est la bête
Qui fait naître la peur?
Un papillon?
La vague amie?
Un battement d’aile
Au ventre du tsunami
Couteaux aux dents
Fameux pirates
Putes et rattes
Se jettent aux vents
Au ventre de l’ouragan
Perles de drame
Et l’Amérique
Un pique-nique
En ce doux Titanic
Le minotaure
et l’homme fier
Le grand naufrage
Sur île de Cythère
La beauté pour
Une citadelle
La guerre pour
L’amour d’une mortelle
Ville détruite
Rêves perdus
La folle fuite
Par une mer ardue
Villes rasées
Rages et naufrages
Quelle est la clé?
C’est la foi des croisés!
Ramez encore
Nègres et Slaves
Vivants et Maures
Sur des vaisseaux esclaves
Nouvelles terres
Où l’âme accoste
Et va mourir
Sur de Vieilles Écosses
Déjà le vent
Des prophéties
Ramène au temps
Ceux qui avaient menti
Quelque déluge?
Tout est aux chiottes
Fuck Kyoto
Entérinez l’Atlantide.
*
Mère Mémoire
C’est d’une femme que vint le nom des Hellènes
Le premier musulman fut une musulmane
Jésus, sans une mère, ne serait pas humain
Plus grande que la France fut la petite Jeanne.
Si on dit que les Grecs avaient pour femmes haines
Athéna n’était-elle pas guerrière de Sagesse?
Sappho n’était-elle pas la plus grande poétesse?
Et Maïa, abondante, tandis que Zeus obscène?
Artémis ne semait-elle pas le grain de la vie?
Aphrodite n’était-elle pas ce qui choses lie?
Oublie-t-on que Rachel fut une prophétesse?
Or, jamais on admit une femme rabbi.
Et combien de femmes ont régné, Vatican?
Combien de femmes ont percé l’Église?
Aurait-on oublié la Sarah de la Bible?
Que la plus grande apôtre du Christ porta le gant?
S’il y eut Sainte-Claire, Sainte-Catherine, Sainte-Anne,
Et si ce fut des hommes qui condamnèrent le Christ
Et si, à son tombeau, il n’y eut que des femmes,
Peut-on dire pourquoi l’Église la condamne?
C’est parce que c’est Ève qui mangea le fruit?!
C’est parce qu’elle est faible, c’est parce qu’elle est nuit?!
Alors que l’homme est force et clarté et lumière?!
Et parce que Dieu fit l’homme et l’homme le fit Père?!
Si la femme porte voile à présent, c’est que l’homme
Faible de ses désirs, s’il la met au couvent
et si c’est bien la femme qui croqua la pomme
C’est parce que c’est l’homme qui fut le serpent.
[Et ainsi on transforma Mère Mémoire
Et l’homme devint roi et inventa l’histoire]
*
Histoire du Monde en 21 Couplets
1er
Naissance d’un pêcheur
Avènement d’un Auguste
Le Vésuve : éruption
C’est l’ère du poisson
2e
Montée d’un Panthéon
Érection de Trajan
Jérusalem fond
C’est la Diaspora
3e
Partition de Mani
La Chine en trois Royaumes
L’Orient, l’Occident
Le Grand Zarathoustra
4e
Le grand Empire Maya
Grand empire de Gupta
La Chine voit Bouddha
Constantin voit la croix
5e
Rome tombe de bas
St. Jérôme : la Vulgate
Clovis roi des Francs
Les Barbares s’éclatent
6e
Naissance de Mahomet
Les premiers Vikings
La Chine se remet
Byzance dans le ring
7e
Le Bon roi Dagobert
Dynastie Tang en Chine
L’Islam devient prospère
La règle bénédictine
8e
Montée des Abbassides
Les Maures en Espagne
Afrique et Fatimides
Montée de Charlemagne
9e
L’Âge d’or au Japon
Arrivée des Normands
Mayas au Groenland
Vikings au Yucatan (!)
10e
Le Saint Empire Germain
Expansion des Mongols
Le premier Capétien
Cordoue sans alcools
11e
Les Barbares à Terre-Neuve
Guillaume le conquérant
Les Croisades s’abreuvent
Des canons aux enfants!
12e
Prise de Saladin
Fin de l’Empire Toltèque
Les Templiers sont sains
Et font face à la Mecque!
13e
Marco Polo qui rame
François parle au soleil
Notre dame de Paname
Et le grand Gengis Khan!
14e
La Guerre de Cent ans
Divine comédie
Les papes en Avignon
La peste fait des petits
15e
L’empire Incas se tend
Constantinople clenche
Jeanne d’Arc à Orléans
La vieille Renaissance!
16e
Sang de l’Empire Incas
La course aux Amériques
Les Turcs, Martin Luther
Et la Reconquista
17e
La Guerre de Trente ans
Champlain fonde Québec
Louis XIV est levant
L’Impérialisme au bec
18e
Le Boston Tea Party
La prise de la Bastille
Paris cède l’Amérique
Bonaparte en Égypte
19e
L’Empereur des Français
Les guerres de l’Opium
On vend la Louisiane
Le Canal de Suez
20e
Hitler contre Einstein
l’Italie, l’Allemagne
Le Japon, la Russie
Et les États-unis!
21e
Les Désastres naturels
La chute de Babel
L’homme qui se rappelle
Et l’homme qui s’éveille.
*
Quand la terre sera ronde
Quand la terre sera ronde
Nous aurons les chansons
Nous aurons vu les tombes
Aurons bu les boissons
Nous aurons vu les étoiles
et les constellations
Nous hisserons les voiles
et monterons les monts
Quand la terre sera ronde
Les terres seront blondes
De blés
Les jarres seront fécondes
fertiles et déliées
Quand la terre sera ronde
Nous verrons la moisson
Dégorgée
de ses fers
Les prés seront offerts
Nous ne craindrons plus l’hiver
Les déserts seront verts
Et nous verrons la fronde
tomber
sur la terre
Quand la terre sera ronde
Nous aurons navigué
Nous aurons irrigué
Aurons vu les grands quais
Amours aurons puisées
Les aurons allumées
Les torches seront versées
Et l’or sera donné
Nous verrons la passion
Percer les cœurs d'acier
La mort nous connaîtrons
Mystères seront aimés
Nous serons pacifiés
Nous serons unifiés
Et nous écouterons
Le chant des humiliés
Quand la terre sera ronde
L’homme sera humain
Pour l’homme devenu
Et nous pourrons enfin
Encore marcher nus
Sans craindre le dédain
Et nous aurons le choix
Quand la terre sera ronde
Et aimerons le monde
Fragile entre nos doigts
De ne penser qu’à soi
Nous n’aurons plus le choix
Et chacun sera roi
Et servant à la fois.
*
Le cerf
Je suis un cerf errant
dans un bois déboisé
Aux forêts défrichées
aux sentiers du vent
Rivière à la gueule
le coeur en torrents
le coeur n’est jamais seul
et si seul pourtant
Je fonce de mes bois
dans ces forêts sans sens
je suis l’intime roi
de mon bonheur qui danse
À la source buvant
puits des destins croisés
dans un chemin mouvant
la source de mon sang
Je suis une licorne
qui a perdu sa croix
qui a perdu sa corne
en ce temple sans foi
en ce temple sans loi
Rivière à la gueule
Le cœur en torrents
le cœur n’est jamais seul
mais si seul pourtant.
*
Formule magique [pour devenir humain]
Maîtriser l’hydre du désir
Braver les philtres de l’amour
Vaincre les balcons du grand jour
Apprendre aimer jouer de la lyre
Vaincre le Lion de l’égo
Se défaire en petites pièces
Remettre ensemble les légos
Ne garder que pièces maîtresses
Suivre le fil de la douceur
Et sans se piler sur le cœur
Savoir braver même douleur
Et maîtriser même la peur
Dompter en soi les Sangliers
Et grosses bêtes de la colère
Nettoyer les fumiers d’hier
Et fientes atroces des oiseaux
Prendre le taureau par les cornes
Prendre par les cornes le taureau
Mettre un petit peu d’eau dans son vin
Mais assez de vin dans son eau
Faire cadeau de sa ceinture
Capter le troupeau du soleil
Faire d’étoiles éclaboussures
Retrouver le vin des abeilles
Savoir donner le calumet
Rester humble mais non muet
Et faire don de ses désirs
Et faire don de son sourire
Apprendre à marcher sur le feu
Apprendre à graver ses ravins
Savoir élever ses crapauds
Et embrasser ses Séraphins.
*
Hommage & Dommage
[Hommage aux De Vinci
Hommage aux Mahatma
Hommage aux Salomon
Hommage aux Saba
Hommage aux Cyrano
Hommage aux Sarah
Hommage aux Samson
Hommage aux Gautama]
*
Hommage aux âmes pleines
Hommage aux coeurs béants
Hommage aux coeurs fontaines
Hommage aux coeurs battants
Hommage aux âmes offertes
Hommage aux Jean Valjean
Hommage aux portes ouvertes
Hommage aux cerfs-volants
*
Hommage aux feux de braise
Hommage aux musiciens
Hommage aux grands courants
Hommage aux solsticiens
Hommage aux coups de vents
Hommage aux chants anciens
Hommage aux cœurs en fête
Hommage aux magiciens
*
Aux porteurs de lauriers
Aux porteurs de vignes
Aux preux chevaliers
Aux lacs pleins de cygnes
Aux porteurs de sceaux
Aux porteurs d'espoir
Aux gardeurs de troupeaux
Aux âmes réservoirs
*
Hommage aux Lancelot
Hommage aux glaives frais
Hommage aux bouleaux
Hommage aux cyprès
Aux cueilleurs de pétales
Et aux semeurs de grains
Aux pierres philosophales
Et aux donneurs de sein
*
Hommage aux grands conteurs
Hommage aux rêveurs
Hommage aux poètes
Hommage aux serins
Hommage aux mal aimés
Hommage aux sans amours
Hommage aux sans-soucis
Hommage aux sans-secours
*
Hommage aux feuilles vertes
Hommage aux vastes puits
Hommage aux formes rondes
Hommage aux colibris
Hommage aux mappemondes
Hommage aux feuilles mortes
Hommage aux colombes
Aux îles de saumons
*
Hommage aux forêts vierges
Aux porteurs de grands cierges
Aux perceurs de mirages
Aux consoleurs d'orage
Aux dompteurs de taureaux
Aux donneurs d’émotions
Aux porteurs de fardeaux
Aux dompteurs de passion
*
[Dommage aux Franco
Dommage aux Staline
Dommage aux Lénine
Dommage aux Mao
Dommage aux Castro
Dommage aux Khomeni
Dommage aux faschos
Et aux Mussolini]
*
Dommage aux hyènes
Dommage aux vautours
Aux octroyeurs de chaînes
Aux charognards de cour
Aux dresseurs de bourreaux
Aux disperseurs d’épines
Aux forgeurs de barreaux
Aux étaleurs de mines
*
Aux leveurs de drapeaux
Aux leveurs de légions
Aux branleurs de couteaux
Aux branleurs de canons
Aux constructeurs de castes
Aux diviseurs de races
Aux sonneurs de lassos
Aux sonneurs de clairons
*
Aux délieurs de mains
Cloisonneurs de chemins
Aux falsifieurs d’espoir
Aux briseurs de demains
Aux allumeurs d’orages
Aux semeurs de mirages
Aux érigeurs de cages
Aux façonneurs de rages
*
Aux destructeurs de pierre
Aux destructeurs de marbre
Aux brûleurs de prières
Aux aspergeurs de marde
Aux maquilleurs de blâme
Modeleurs d’entonnoirs
Aux violeurs de miracles
Aux donataires de noir
*
Aux ciseleurs de faim
Aux ciseleurs de bouches
Aux enleveurs de pain
Aux attireurs de mouches
Aux floueurs de paroles
Aux souleveurs de poings
Tueurs de paraboles
Aux octroyeurs de faims
*
Hommage O Grand Hommage
Dommage O Grand Dommage.
*
D’Amours et d’eaux fraîches
L'automne est passé
d'un coup de râteau
mais encore la beauté
vient nous tourner le dos
Aux intérieurs escaliers
où les amants se sont liés
où se sont dites les promesses
là où se sont tissées les tresses
*
Nous sommes miroirs et magies
de grands arbres où pendent fruits
simplicité des pissenlits
aux lèvres du monde
À la lueur de la chandelle
à la clameur des invités
à la lueur de la bougie
aux étoiles de la soirée
*
Amours et eaux fraîches
bouquets de poésies
le soleil et les pêches
dans un panier
merci
Moi je m'en vais pêcher
à la rive des volontés
la vallée de promesses
le coeur ombragé
dans le foin, l'été
*
Aux fêtes de l'heure
nous irons tous, errants, flâneurs
porter quelque vieux bonheur
bien loin de ces festins
Car les coeurs se sont cassé le pied
les promesses se sont fracassées
et se sont défaites les tresses
se sont effacées les caresses
À tous ceux-là il faut donner
*
Amours et eaux fraîches
bouquets de poésies
le soleil et les pêches
dans un panier
merci
Moi je m'en vais pêcher
à la rive des volontés
la vallée de promesses
le coeur ombragé
dans le foin, l'été.
*
La cathédrale de l'écume (intro : Verseau)
Les sanglots sont versés dans l'urne
C'est une violente lune
Et s'il y a des sombres choses
Nous, nous marcherons sur les roses
Nous appellerons dans la vallée
Tous les coeurs des espérés
Nous rassemblerons les prières
Et nous réunirons les frères
Nous dormirons dans le jardin
Nous célèbrerons le matin
Et nous chercherons la voix douce
La grande flambée de la source
*
J'ai mis mes ailes qui me blessent
Mes ailes endolories
Au bouclier de la tristesse
Sans bruit
Et puis dans la braise des corps
Les grandes terres découvertes
Les grandes intériorités vertes
Je veux revoir dans la nuit noire
La cathédrale des trésors
La basilique d'entonnoirs
À l'auberge des brumes
a l'abreuvoir de la lune
la cathédrale de l'Écume
*
Et je n'ai plus qu'une prière
la pleurer aux puits de la terre
sur les sols et dans les sphères
et dans les cornes d'abondance
aux sabliers de la délivrance
et puis aux lèvres des volcans
et dans le torrent de mes chants
aux rivières du sentiment
autours des marées de sang
J'irai pleurer aux puits de pétrole
et aux jardins des oliviers
dans la levure de soirs frivoles
à l'atrium des trépassés
*
J'irai pleurer sur la misère
car je suis seul comme un désert
comme une vague qui se perd
qui vient et part
comme la mer
J'ai mis mes ailes qui me blessent
Mes ailes endolories
Au bouclier de la tristesse
Sans bruit
Et j’irai cueillir les marées
abandonnées de coquillages
les fleurs et toutes étoiles
à la chapelle des orages.
*
Bouquet [Primavera]
Je te donnerai un beau bouquet
plus beau que les vastes forêts
que les matins, que les rivières
au doux parfum des primevères
Je te donnerai un beau bouquet
tout plein de brumes et de criquets
tout plein de plumes et d’atmosphères
et de chaleur et de lumière
À la lueur des banquets
l’orée des bois des amoureux
à la couleur des perroquets
et la joie des aventureux
Je donnerai dans ce bouquet
des pas qui viennent et qui s'en vont
Qui meurent mais qui resteront
Entre le cœur et sous le front
Et nous tournerons tout autours
dans une valse sans solo
buvant aux lèvres de coupes pleines
avec le coeur de rodéo
Je te donnerai une mer
Je te donnerai un enclos
où mettre tes amours vertes
ou mettre tes amours au chaud
Je te donnerai un beau bouquet
un festin dénudé, coquet
tout pleins de miels et de laits
fleuri des promesses des palais
de lilas et de minerais
de lilas je te le promets.
*
Le Jardin
Frère te souviens-tu
des merveilles des mondes
qui faisaient de la terre
un immense jardin
avant la noyade?
Te souviens-tu des lacs
Et des grandes cascades?
des Sahara de Glace
Océans de Grenade?
Te souviens-tu des fruits ?
Des coupes et des mystères ?
Des danses de minuit
Les merveilles d’hier?
Des femmes aux formes rondes
Qui naviguaient dans l’onde
Sur les grandes avenues
Frère, te souviens-tu?
*
Te souviens-tu des fleuves
Des ruisseaux, des rivières
Qui faisaient de la terre
Un immense jardin
Avant la noyade?
Te souviens-tu des Nils
Et des grands Amazones
Qui tissant comme un fil
Déserts et savanes
Unissaient les Royaumes?
Te souviens-tu des Rhin des
Danube? Mekong?
Des dames baignant leurs reins
Aux Seine et aux Rhône?
Te souviens-tu des Tigre
Et des Jardins d'Euphrate?
Des mystérieuses Indes
Aux Ganges écarlates?
De ces Loire superbes
aux pieds des châteaux
Des sueurs et des sèves
Qui défendaient l'Arno?
Des Dieux longeant le Tibre
Dans le matin qui vibre?
Des grèbes et des grues
Frère te souviens-tu?
Des Garonne, des Elbe
Des Tamise et des Pô
Qui ruisselaient dans l’herbe
Qui nous lavaient la peau?
De ces Mississippi
-où le colon descend-
Qui ont fait les pays
où a coulé le sang
Et de ce doux Jourdain
Où nous étions si beaux
Qui nous lavait le sein
De ses bénites eaux?
Et du fleuve qu’hier
Passait tout simplement
artère de nos terres
notre beau St. Laurent…?
*
Te souviens-tu des temples
pavés de la souffrance?
Des châteaux de la faim?
Des îles de silence?
Te souviens-tu des murs?
Te souviens-tu des larmes?
Des bruits de tortures?
Te souviens-tu des armes?
Te souviens-tu des meutes
De manifestants?
Des toits verts, du ciment
Des bourses, de l’argent?
Te souviens-tu des peuples
Qui se combattaient
Pour un bout de frontière
Pour un bout de lacet?
Frère te souviens-tu
des merveilles des mondes
qui faisaient de la terre
un immense jardin
avant la noyade?
*
Chanson du riche et du noble
Vous avez une montagne
Moi j'ai un ruisseau
Vous avez un compagne
Et moi, j'ai un casseau
Vous avez une serre
Et moi, j'ai un jardin
Vous avez une terre
Et moi, j'ai un serin
Vous avez une forêt
Et moi un petit bois
Vous avez une reine
Moi j'ai un petit pois
Mais vous n'êtes pas pauvre
Car vous êtes le roi
Mais je ne suis pas pauvre
J'ai des chansons
À moi.
*
Mais c'est à se demander
Le soir en jouant aux dés
Qui entre nous deux
Est le riche et le paumé
Lorsque sonne la voix
Quand résonnent les trompettes
Quand s'allument les chansons
Et claquent les claquettes
*
Vous avez des murailles
Et moi j'ai un hameau
Vous avez des costumes
Moi, j'ai un chapeau
Vous avez un empire
Moi j'ai des choux gras
Vous avez cathédrales
Moi j'ai une croix
Vous avez un royaume
Moi j'ai une malle
Vous avez des chevaux
Moi j'ai des cigales
Vous avez la puissance
Moi j'ai de l'écorce
Vous avez de la chance
Moi j'ai de la force
Mais c'est à se demander
Le soir en claquant des doigts
Qui entre vous et moi
À vraiment le choix
Quand résonnent les trompettes
Et que sonne la voix
Qui de nous deux
est vraiment amoureux
*
Vous avez chiens de chasse
Moi j'ai des sangliers
Qui passent sur ma terre
Sans me regarder
Vous avez un carrosse
Moi j'ai un blaireau
Qui dort sous ma maison
Qui sort quand il fait beau
Vous avez des vitraux
Et moi un verger
Qui donne des fruits doux
À la fin de l'été
*
Mais c'est à se demander
Le soir en jouant aux dés
Qui entre vous et moi
Est le riche et qui le pauvre
Mais de notre seule bouteille de vin
Je vous nourrirai à votre faim
Et je vous tendrai la main
Et j'écouterai vos chagrins
Car si je suis le riche et vous le roi
Nous sommes bien des voisins
Des frères ou bien des cousins
Alors venez pour le festin
Qui est le riche et qui est roi
De toute façon, on s'en fout bien
Tout cela est bien incertain.
*
Les harpies
Un grincement de dents
un pincement de doigts
rugissement de voix
des croissements de pis
Quand un crime est commis
je te le dis ma mie
dans le soir et la nuit
viennent à moi les harpies
Et ce sont comme amies
larguant à tous les vents
leurs doux sous-vêtements
leurs suaves habits
tel furieux printemps
au grand serpent des temps
leurs chairs et leurs plis
et toutes leurs parois!
Elles offrent au menu
auréoles alvéoles
des poitrines menues
grasses fesses créoles
des hanches souvenues
des courbes soutenues
des jambes de la rue
O cuisses espagnoles!
Et vous sentez les nerfs
jouer les tambours
quand se cassent les verres
et se penche l’amour!
sans même une parole
sans même un discours
dans le creux de l'école
dans le fond de la cour!
Et les robes se lèvent
et les jambes se collent
et les chansons s’achèvent
en lamentations molles
et s’ébrèchent les ongles
les jambes s'écartèlent
se déchirent les crocs
O langues larves longues
O griffes dans le dos!
Aux relais de poitrines
aux lèvres des matelots
elles dansent aux vitrines
au doux parfum d'urine
pour faire lever les rats
vômissantes d'éclats
O grandes ballerines!
O danseuses à Gogo!
Les rubis se dévoilent
en poitrines de perles
Se déchirent les voiles
en pépiements de merles
c'est l'heure où s’étoilent
c’est l’heure où déferlent
où tombent, cognent, tonnent
où sonnent les cymbales!
Lorsqu’elles font leur entrée
toutes démaquillées
elles ressemblent aux nuées
à peine dénouées
de chachas de flaflas
et fardées de tabacs
enivrantes buées
pleines d’écoeurements las
elles sont distribuées!
Elles montent comme fièvres
graves javas de lèvres
de razzias de points chauds
dégoulinantes sèves
aux coulées de mambos
fondantes de tangos
elles tombent en fracas
en grondants flamencos!
Éclatent les chorales
Et les nappes s’étalent
les coupes sont fringales
quand commence le bal!
Ce sont fesses festives
lorsque tombent les draps
Ce sont noces nocives
Applaudissements gras!
Elles dansent comme fauves
Tenant ces cloches aux mains
Dans des ruelles mauves
Aux sordides chagrins
Aux berges émeraudes
Aux ballets souverains
contorsions de guimauves
Oh craquements de reins!
Et ce sont comme plaies
Aux jambes de cristal
Aux cuisses de velours
Aux gorges de métal
Aux bouches de secours
Aux lèvres de pétales
Dans les nids de l’Amour
Aux paniers vandales
Mais lorsqu'elles se couchent
Sur matelas de coquerelles
A la morve des mouches
Les hommes ne veulent qu’elles
Elles deviennent si belles
O baisers maquerelles
-consacrées aux bordels-
Ce sont femmes farouches
Sublimes tarentelles!
Quand revolent les crinières
Quand revolent les brassières
Quand elles montent les scènes
Quand elles montent les selles
C'est le divin polo
Le brûlante crécelle
le tourniquet tout chaud!
Le cuisant rodéo!
Porteuses de cobras
Elles fondent en pianos
Et les nylons sont bas
Et les talons sont hauts
Elles tombent en mille gammes
Tout comme des vraies femmes
Et tonnent sopranos
En grands Acadabras!
Dans leurs robes à doudou
Aux bravos, aux hourras
Elles se touchent le nid
Comme des Érinyes!
Aux branlements de bras
En branlements de mains
En orchestres de cris
déraillements de trains!
Ce sont des boas
Qui montent sur les cuisses
Autours de cous gras
Glissant sur la peau lisse
Et c’est la grasse ronde
Le violent casino
Le manège immonde
Le bar de délices!
Quand elles sortent leurs poussins
De ces œufs à la coque
Aux graves clavecins
aux orgues de Bangkok
De curieux bolides
Leur lèchent les seins
leur frottant la jonquille
en spacieux épilogues
Et les rideaux se lèvent
Spotlight sur la scène
Tournez les caméras
C'est une fièvre oscène
C'est un banquet de rats
C’est un repas de reines
Oh, ce sont mets de choix
C’est une belle scène
Les bouquets sont offerts
Même aux plus pervers
Splendides sont les vers
De ces mammifères!
La gogo girl crie
Et son corps à genoux
On fait l’eucharistie
De son corps juste pour vous!
C’est la boîte a surprise
Des exhibitionnées
Et tombent les délires
Les pudeurs ont germé
Se brisent les tirelires
se flattent les poupées
on se montre le cul
aux grandes avenues!
Et les fleurs rétrécissent
Les seins sortent et tintent
Ce sont comme iris
Pleuvant du lait de saintes
Elles tombent comme des bombes
Et cognent comme des plombs
Se secouent les pelvis
en grand cris d'outre-tombe!
Et ce sont là les Harpies
Grinçant comme des pies
Voguant comme nacelles
Tournant comme toupies
ce sont casse-noisettes
Pirouettes accroupies
Castagnettes claquettes
Girouettes de Paris
Dans leurs robes exquises
Les fesses à froufrou
Elles tentent la cerise
En relâchements mous
Attireuses de poursuites
Expertes en couraillages
Elles terminent aux suites
En de violents cépages
Allez à l'arrière-salle
Veloutée succursale
Où les fesses nymphales
Vous prendront, garde à vous!
Où ces roses vestales
Aguichantes méduses
Vous plieront les genoux
dans un jet triomphal!
Dans le bruit de la valse
Tout le monde languit
Pluie de cris pluie de crasses
aux caprices de Capri
C'est le bal des tounus
Obscure symphonie
Gala de malvenus
Brousse de malappris!
Et c’est la débandade :
Elles s'en retourneront
où vont toutes parades
dans ces pays sans nom
Laissant ces étalons
Aux prises des étreintes
Sur de grands sofas longs
Dans ces salons d'absinthes
Quand viendra le matin
On tirera la ficelle
Tout sera effondré
Les ruines seront belles
Ces furieux pantins
Se perdront d'au revoir
En sourires fondus
Dans de beaux grands tiroirs
Et si l’heure retentit
Les djinns confettis
Disparaîtront enfin
Dans des palais de faims
Et aux déserts de rêves
Sans lumières et sans trêves
Elles fondront de saluts
en neiges disparues
Mais quand le soir viendra
En opéras de pas
Ces grands opéras nus
Elles seront revenues
Lançant des petits cris
O danseuses de prix
Sales salsas sexes hauts
O frousses bienvenues!
Oh, c’est le rêve exquis
Je vous le dis, ma mie
Quand viennent, dans ma nuit
Quand viennent les Harpies
Quand dans le vent qui bruine
Ces déesses sublimes
de grossiers pays
Nefertitis en ruines
si délicates et fines
reviennent dans ma vie
aux charmes de Pompéi.
*
Le chant du réservoir
La montée des grands vins
la violente passion
L’amour a ses ravins
Et le coeur y résonne
C’est le chant des anciens
C’est l'écho des madones
Des espoirs incertains
Des bêtes et des hommes
L’âme qui évolue
L’âme qui se repente
Le souper révolu
L’homme descend la sente
Qui mène vers l’intérieur
Au creux de la lueur
La source de la nuit
La source de la peur
Par ces festins d’été
À la table du soir
Même sans invités
Même sans auditoire
Il se laisse tomber
Tout comme un arbre noir
Au chant de la gaieté
Au fond du réservoir
*
Les ailes tombées
Sans aviron
Et le cœur en diapason
Une lettre de l’horizon
moi je descends aux peines
et aux lumières pleines
au fond de la rivière
au creux de la fontaine
*
Tout au bout du chemin
Le cœur en est témoin
Il fait tomber ses ailes
Et se laisse aller loin
Vers la douce étincelle
Au rond point éternel
Pénétrant entonnoir
Au chant du réservoir
Des fleurs et des orages
C’est le repas des sages
L’homme chante sa rage
À ce profond mirage
L'homme chante sa peine
À cette nuit interne
En ce grand abreuvoir
À ce précieux dolmen
Par delà ces ravins
Ces quelques pentes raides
Il y trouve des vins
Il y trouve un remède
Derrière les bouquets
Derrière les ruisseaux
L’eau qui coule aux yeux
L’eau qui coule aux sceaux
*
Les ailes tombées
Sans aviron
Et le cœur en diapason
Une lettre de l’horizon
moi je descends aux peines
et aux lumières pleines
au fond de la rivière
au creux de la fontaine
*
Le mystère est secret
Et nu comme une bête
Et nu comme une femme
D’une quelconque secte
Mais non loin je descends
Au creux des arbres secs
Au chemin des enfants
Au chemin des affects
Caché comme mille fruits
Citadelle à l’envers
sous l’écorce de la nuit
Aux entrailles de la terre
C’est le repas offert
De coupes et de volcans
De roses somnifères
D’enfers et de calmants
Les étoiles à mes trousses
l’amante à ma rescousse
le désir à la couche
Bien mangé et bien bu
je descends dans la rue
à ce sacré domaine
pavé d’ors et de menthes
bien caché de feuillus
*
refrain :
Les ailes tombées
Sans aviron
Et le cœur en diapason
Une lettre de l’horizon
moi je descends aux peines
et aux lumières pleines
au fond de la rivière
au creux de la fontaine.
*
l’Arche
Nous ne sommes plus seuls à construire l’Arche
Nous ne manquons plus de matériaux
Ce n’est plus seulement qu’un radeau
Un vaisseau d’or et de grenache
S'il est construit de bois d'érable,
De la franchise des bouleaux,
La maturité des grands arbres
pour la charpente il faut plutôt
Il faut plutôt pour la charpente
Des voix qui brillent, des voix qui chantent
Et puis des coudes qui se tiennent
Plutôt que la corde ou l’ébène
*
Pour redéfinir les frontières
pour réunir les méridiens
se tenir les mains et les poings
retrouver le sang du chemin
Plus que la force des sabres
que la clameur du palabre
des bras, des mains, des coeurs unis
et mille voix en harmonie
Nous ne sommes plus seuls à construire l’Arche
*
Plus château que palissade
Plus forteresse que tranchée
Pour protéger de la noyade
Les cœurs ardents et les coeurs gais
C’est pour agrandir les drapeaux
Non par conquête mais par les mots
C'est pour offrir son chapeau
Pour que chacun reste bien au chaud
Et c’est l'oiseau tombant au large
Les vagues fendues par la voile
Parmi l'ardeur des étoiles
Un feu de braises marchant sur l'eau
*
Pour redéfinir les frontières
pour réunir les méridiens
se tenir les mains et les poings
retrouver le sang du chemin
Plus que la force des sabres
que la clameur du palabre
des bras, des mains, des coeurs unis
et mille voix en harmonie
Nous ne sommes plus seuls à construire l’Arche.
*
Le lieu saint (1995-2004)
Il fut un domaine qui fleurit
du néant
une nuit, en l’hymen
de sa fin aurorale
où naquirent les chants
délicieux des cigales
et les champs et les cieux
et la vie et le sang
En sept jours,
le jardin fut construit :
sept étages
Au huitième,
il fit nuit
-et ce fut le repos
*
Puis vint Abel et Caïn et le premier déluge
Babel et Gilgamesh ensemble se fondirent
comme l’homme et la femme dans une même main
Et il y eut un chemin menant hors du jardin;
Ce fut l’Ère du Feu, ce fut l’Âge des Glaces
-et le singe incertain fit ses fables promises;
Il n’y eut que la pierre pour braver la banquise
Il n’y eut que la pierre pour laisser sa trace
Puis vint l’Époque sombre
des tombeaux oubliés
des tours et pyramides
Ombres des grands guerriers
Des centaures buvant dans des fontaines d’or
Et on vit cœurs briller
sur la terre torride
Les Bacchantes criaient dans les forêts horribles
Les nymphes s’effaçaient dans les bois allumés
Les satyres baisaient dans des eaux combustibles
Les sirènes chantaient sur des îles d’aimés
Puis les larges cyclopes édifièrent palais
Les géants élevèrent des Temples et minarets
Et de grands labyrinthes furent tissés par Minos
Les monstres furent semés même intra-muros
Puis vinrent les Thésée, les Hercule et Persée
Qui chassèrent de la terre Colosses et Gorgones
Et les fils d’Ariane et feux de Prométhée,
Aux puissantes cités, élevèrent les hommes
Et après guerres de Troie et retours à la terre
perdu(s) pendant dix ans
mangé(s) par des géants, dévoré(s) par la mer
David vainquit le monstre et s’installa dessus
-Et c’est l’homme à son tour qui devint le titan.
*
©François Baril Pelletier