TU ES L'ATMOSPHÈRE (2012)
l’Heureuse moisson
Aux terres de l’ombre
on cultive la lumière
aux jardins de la mort
tu es le grain qui dort
*
O beauté de mystère
Je suis le plant qui creuse
de racines profondes
à tes célestes terres
Ton eau miraculeuse
où toute âme se noie
Oh vie amoureuse
Amour je suis ta proie
*
Aux terres de l’ombre
on cultive la lumière
aux jardins de la mort
tu es le grain qui dort
*
Et en toi je me perds
dans ce vivant naufrage
Il n’y a pas de frontières
le coeur est sans visage
le coeur est sans rivages
Et tu respires en moi
comme un arbre qui sait
le monde est ton reflet
et je suis blé de toi
*
Aux terres de l’ombre
on cultive la lumière
aux jardins de la mort
tu es le grain qui dort
*
Coupe de mille désirs
en toi anéantis
plus de pleurs plus de rires
Bonheur garanti
*
Le naufrage
Mon corps sablier
côtoie l’âme à genoux
Si j’ai les mains liées
j’ai l’amour jusqu’au cou
Laissons couler le temps
rivière jusqu’à l’égout
ce cycle qui descend
au noir rendez-vous
Au vaisseau de l’espoir
je chante l’au revoir
au corbillard du vide
J’ai l’amour à la proue
*
Le naufrage promis
est tombé de la nuit
et toi fais tes prières
Les pieds dans la mer
*
À la croix des chemins
au pays du présent
aux îles de la faim
laissons couler le sang
Vieux poison du divin
mare de tout mer de rien
Si tu veux voir derrière
ne fuis plus la lumière
Les algues te promettent
le violent naufrage
Tes ailes se perdront
au ciel de l’orage
*
Le naufrage promis
est tombé de la nuit
et toi fais tes prières
Les pieds dans l’atmosphère
*
Tu es l’épave
Les squelettes ont parlé
Les vaisseaux sont tombés
Dans la glace des pôles
chacun fige son rôle
*
Tu es le monstre de toi-même
tyran des étoiles
le coeur bercé
Tu es l’épave
*
Dans nos vieux passés
le trou de notre empire
Les glaciers ont percé
combien de navires
*
Tu es le monstre de toi-même
tyran des étoiles
le coeur barbelé
Tu es l’épave
*
Nous avons engraissé
baleines sur les grèves
Nous nous sommes engouffrés
dans notre propre sève
*
Tu es le monstre de toi-même
tyran des étoiles
le coeur transpercé
Tu es l’épave
*
Lorsque la nuit s’achève
le soleil se lève
Encore des décennies
ton amante sera nuit
*
Ton coeur
Vas-tu regrouper une armée
pour défendre ce coeur galé
ce morceau de chardons blessé
ce coeur sauvage
délaissé
au nord au sud
au point marquant des solitudes?
*
Au mystère
de l'agonie
aux seins aux lèvres
et dans les lits
Ton coeur est-il empli
de rage
de confettis ou de grelots
A-t-il rempli les pages
des mots
ainsi qu'orages
de sanglots
*
Vas-tu regrouper une armée
pour défendre ce coeur galé
ce morceau de chardons blessé
ce coeur sauvage
délaissé
au nord au sud
au point marquant des solitudes?
*
Ton coeur est-il un repaire
enfoui sous la terre, aux vaux
avec au ciel un grand fardeau
jusqu'à la cruche de vins hauts
Ton coeur est-il l'île
ou fragile
un raz-de-marée
une tempête
à éclairer?
Sous les draps, une ville
éclats d'ombres
est-il le guerrier sombre
le rosier qui rôde?
*
Vas-tu regrouper une armée
pour défendre ce coeur galé
ce morceau de chardons blessé
ce coeur sauvage
délaissé
au nord au sud
au point marquant des solitudes?
*
Demie)-lune
Je suis une demie-lune
je creuse les miroirs
Je cherche le moment
où je pourrai voir
jusqu'à la rive de mes ravins
Je me fous des saisons
Les saisons se foutent
de moi
corps morte moisson
désert de toi
Je bois comme la terre
nos corps sur la poussière
je suis une prière
mystère de la frousse
jusqu’à la rive de mes ravins
*
Tu es le geyser
florissant de silence
tu es l’amour d’hier
la future semence
Et tu es l’atmosphère
je suis l’amour du temps
je suis vert et pervers
je suis vivant
et je te cherche encore
encore encore à corps
tu es le silence
la rive de mes ravins
*
Coeur trappeur
Aux grottes endormies
tu dompteras la nuit
et naîtra dans ta croix
la fureur de ton fruit
L’amour te prendra
rivière de tes souches
et des amours roses
embrasseront ta bouche
*
Quand vient l’heure
de laisser son fardeau
suis ton coeur
qui piste le nouveau
coeur trappeur
*
Tu iras aux sentiers
des espoirs et des peurs
toi le grizzly rêveur
chasseur de chasseurs
La naissance aura lieu
des corbeaux aux colombes
et dans l’âme du vieux
viendra l’hécatombe
*
Quand vient l’heure
de laisser son fardeau
suis ton coeur
ton coeur
qui piste le nouveau
coeur trappeur
*
Et la richesse bleue
triomphera dans l’ombre
avant de trôner feu
sur la lumière des tombes
*
Chanson de la poussière
Silence on filme
Les cultures s’entrechoquent
c’est le temps de la dîme
et des ondes de choc
ça se passe dans ton âme
ou dans ta galaxie
pogne tout ton p’tit change
bénis et dis merci
*
Allez on troque le mystère
un berceau contre un cancer
C’est la chanson de la poussière
silence on tourne
dans ton univers
On te réclame
à la réception
à la fête de l’archange
au bureau
des disparitions
*
C’est à toi de donner
tes amours détritus
tes espoirs de gouttière
tes bonheurs perdus
Laisse derrière ta tête
emmène dans tes poches
au creux de l’atmosphère
la justice de l’aorte
*
Allez on troque le mystère
un berceau contre un cancer
C’est la chanson de la poussière
On te réclame
à la réception
à la fête de l’archange
au bureau
des disparitions
*
Et tu diras alors à l’oreille de la mort
mon amour prends moi
dans ton château de blanc
Laisse derrière ma friture
mon roc ma figure
mon doux logis de sangs
l’opacité des murs
Et elle te répondra
je donne ton corps aux rats
aux vers et aux ingrats
sois sûr de comprendre
tu entres dans l’antre
mais ton corps doit se fendre
*
Allez on troque le mystère
un berceau contre un cancer
C’est la chanson de la poussière
On te réclame
à la réception
à la fête de l’archange
au bureau
des disparitions
*
Et derrière le voile
les bêtes sont mourantes
au coeur de l’étoile
un logis est en vente
*
Conseils d’un frère
Mets ta chemise de pluies
ta robe d'au revoir
ton pantalon de suies
ta vieille chanson noire
Mets ton roman de roses
ton visage d'horizons
mets ton coeur de pardons
tes lèvres d'apothéoses
Mets ton coeur d'hirondelles
et porte dans ton cou
le murmure de la mer
en litanies de perles
Vets-toi du coucher
de l'or des matins
mets ton coeur de rocher
de partances
et fuis les méridiens
Mets tes soleils indiens
tes fantômes et tes foires
mets ton coeur du jour
et ta larme du soir
*
©François Baril Pelletier