Chansons
LE DÉLUGE IIÈME PARTIE (2004-2008)
1. Avant que le déluge ne se rassoie
2. l'Archipel
3. Avant que le déluge ne se rassoie (deuxième partie)
4. Terra Nostra
5. Les loups sont toujours affamés
6. Trois histoires de mer
7. Au creux de la rivière
8. Mare de merde ou mer de marde
9. Narcisse à l’eau
10. La terre est une île
11. Le Triangle des Bermudes
12. La danse des moutons
13. l'Amour, la guerre
14. La mémoire de la marée
15. J'ai cru
*
Avant que le déluge ne se rassoie
Quand l'idée du déluge se fut rassise
dans les granges et dans les églises
et que les grotesques frises
éclatèrent de vieux sanglots
les cigognes aux clochers
myriades d’oiseaux aux cheminées
la grenouille et la mariée
furent sous les pierres cachées
*
Et furent crachées les clairières
les terres furent fleuries de naufrages
aux restes, lambeaux de vieux orages
comme un bouquet, hameau de paix
la terre fut fleurie de mystères
en une gerbe de secrets
*
Aux terriers des mammifères
dans les nids des bénitiers
où les loups se cassent les crocs
nous bûmes, nus aux sentiers
avec des fleurs dans le dos
et dans des paniers de rosaces
nous gravâmes nos noms dans la crasse
aux fleurs de bois et vestes de loup
dans la vase des égouts
la crevasse du carcajou
*
Et puis chantèrent les troubadours
aux élégants flots des rivières
les mots coulèrent dans les cours
abandonnées au fond des mers
et furent dévalisées les eaux
la fable fut nue sur la page
et puis la vie revit le jour
Et puis la vie reprit son cours
Insectes te tournant autours
noces de bals et de détours
en de doux labyrinthes d’amour
par des grands jardins de cristal
et tous se passèrent le mot
sous les voiles, dans les flots,
l'histoire au départ des eaux
Nous retrouvâmes les sanglots
en gerbes d’énormes bouquets de mots
des miettes de miels et de blés
*
Et furent crachées les clairières
les terres furent fleuries de naufrages
aux restes, lambeaux de vieux orages
et de morceaux de paysages
Et s’amusèrent les enfants
à des colonnes de serpents
qui s’enroulaient autour du cou
parmi les chouettes et les hiboux
Et nous calmâmes les mirages
et nous aimâmes les ouragans
et aux ciboires, nous bûmes sauvages
comme des doux enfants d’Adam
*
Et puis aux nids des bénitiers
où les loups se cassent les crocs
nous fûmes nus aux sentiers
avec des fleurs dans le dos
Et dans tes mains tu viendras boire
au carrefour des chemins
l’étendue de la plaine sans fin
la vieille histoire.
*
l’Archipel (1995)
L'eau monte
Je construis mon navire
L'eau monte et
mon espoir chavire
Ma voile était ma voix
mon navire ma lyre
L'eau a monté trop haut et
noyé mon bateau
*
Mais l'eau ne m'aura pas
je mourrai plutôt
car je suis déjà en enfer
ou pire
Mais l'eau ne m'aura pas
je préfère mourir
Car je suis déjà en enfer
*
C'est sur des rêves que j'ai fait naufrage
et là je divague, perdu sur les rivages
comme un lambeau d'algues spectralisant les plages
et perdu dans le vent des mers qui m'encagent
*
Je n'ai rien à boire et rien à manger
Je n'ai rien à croire et rien à changer
l'Archipel sera mon unique refuge
Et je serai en vie après le déluge
Dans les bras d’océan
prêts à tout engloutir
dans son cœur de géant
bras béants
Et parmi les pleurs et sanglots
qu’il inspire
il me prend mes désirs
en ses bras de paon
*
En tes îles tu caches un îlot désolé
Tu as pris les Apaches,
Moi tu m'a isolé
Sur une petite île qui sortait de ton ventre.
Aux lèvres d’Ariane, au rêve de Cassandre
Et sur la grande voile de Cassiopée
*
Mais je m’envolerai de mes ailes de cire
et suivrai lentement le courant des zéphyrs
je monterai par dessus les prés saccagés
et je m'envolerai par dessus les nuées
De la pluie pour sept ans
De la pluie pour sept ans
Est-ce la vengeance de Dieu ou bien l’œuvre de Satan?
*
Avant que le déluge ne se rassoie (2ème partie)
Mais avant
que ne cessent les déluges
que l’océan ne se rassoie
sur la terre redevenue verte
et que les vaisseaux ne se taisent
à l’ombre des ports et des fêtes
*
On connaissait sur l’eau de soie
la grande épreuve de la faim
aux trésors de miettes de pain
aux grandes tables de la foi
gravées aux frises de la fin
*
Aux voûtes
d'arc-en-ciel endormis
les statues fondirent dans la mer morte
arches de triomphes promis...
Et puis aux portes de Gomorrhe
-ces grandes portes où l’on dort-
aux figuiers et aux sycomores
un dragon respirait encore
*
Loin sur la berge du silence
les cyclopes eurent des yeux de lance
et puis la fuite au grand désert
par la plaine bleutée des mers
et au fantôme de la marée
la licorne fut amarrée
*
Et sur la grande mappemonde
tracée par les premiers marins
au mat des terres englouties
les faucons aux poignets des rois
voulurent leur crever les yeux
Et quand sonnèrent les trompettes
les anges se mirent à l'abri
les enfants s'éclaboussèrent
les tourterelles firent leur nid
et les colombes de jadis
-même les griffons sur les murs-
perdirent des pierres et des plumes
*
Et dans les chemises oubliées
où fleurissait encore l'été
et sur l’étendue des mystères
par la plaine bleutée des mers
et par la danse des esprits
à la lueur des écrits
la licorne fut amarrée
Et s'amusèrent les pantins
les marionnettes mirent leurs gants
et les soldats ne virent rien
derrière les rideaux de sang
au doux sourire des enfants
*
Mais aurons-nous les poings unis?
aux terres, aux ruines ensevelies?
Tamiserons-nous le tonnerre
sur tous les chemins de la terre?
*
Terra Nostra
Porteras-tu la couronne d’étoiles
Tiendras-tu les fils endormis
Aux labyrinthes de pétales
À la chapelle des promis?
Épieras-tu les coins de murs
Pour y cueillir les murmures?
Dans des auberges de prières
Et aux cimentes cathédrales?
Iras-tu flûtiste charmer les rats?
Iras-tu fendre les fleuves d’en bas
Parcourras-tu les grands déserts
Tous les sables du Sahara?
Flatteras-tu les barracudas
Changeras-tu les hommes en pierre?
Affronteras-tu l’océan
Et les grands monstres de la terre?
Te cacheras-tu dans les enceintes?
T’enfouirais-tu dans les palais?
Flatteras-tu les ouragans
Écriras-tu les grands romans
ou irais-tu armée de plaintes
dans la lumière du moment
et n'aimeras-tu
donc
que le vent?
*
Les loups sont toujours affamés
Les loups sont toujours affamés
parcourant campagnes vidées
de diamants de perles rares
de rubis blancs, de rubis noirs
de leur cœur de bois asséché
châteaux d’amours débarrassés
de tous ces désirs arrachés
entre dentelles et rosiers
*
Les loups sont toujours solitaires
et ils dérivent dans la bière
parcourant les terres salées
par des forêts, fêtes noyées
et dans des ports aux corps choyés
à l’ombre des églises, du mystère
et dans des chemises trouées
entre les torches et les brasiers
*
Les loups sont toujours assoiffés
de coupes de coke et de champagne
de va et vient et de baisers
dans les chambres de soie blindées
incendies de lèvres gercées
des lèvres des femmes et des fées
avec leurs grands rêves sacrés
entre dentelles et rosiers
une cargaison à voler
une cargaison à violer.
*
Trois histoires de mer
(brouillon vague)
I.
Jonas pleurait dans la baleine
Buvant et embrassant sa peine
À l'intérieur de l’enceinte
De ce monstre aux chants anciens
Serait-il un jour recraché
du sein de ce grand cachalot
De cette chapelle de mollusques
De cette île de sanglots?
Comment pourrait-il se sauver
De cette cage animée
De cet hospice aux jets brusques
De ce cachot du fond des eaux?
Mais Dieu parle en métaphores
Et faute d'avoir trouvé de l'or
Jonas trouva bien un trésor :
Une histoire écrite à même les murs
comme un murmure
Au cœur aux os
de ce mammifère des eaux
Après avoir gardé espoir
même dans les moments obscurs
dorloté au berceau du noir
Il fut recraché sur la terre
plein de mystères et le cœur dur
avec au ventre un fruit mûr
*
II.
Noé construisait son bateau
Par une commande de l’eau
Afin d'emporter sur son dos
Un homme et une femelle
De chacun des animaux
Et par le hurlement du loup
Au grand tremblement du tonnerre
La chouette et le marabout
Se faisaient seuls sur la sphère
Et l’eau montait jusqu’aux genoux
L’oiseau resta au garde à vous
sur le mat redressé comme un clou
L’œil vers silencieuses contrées
Les bêtes firent leur entrée
Dans ce taciturne zoo
La terre devint comme une mer
Le ciel fut embrassé par l’eau
Jusqu'à ce que revienne la rosée
Que l'oiseau blanc fut arrivé
*
III.
La Grèce n’était qu’île rocheuse
Atteignant le pays des dieux
Or de ses tentacules creuses
La perse cognait à sa porte
Un géant, mille cohortes :
Un roi dirigeant mille armées
Maître de la terre et de l’eau
Durent s’allier les cités
Contre cet ultime fléau
Les Grecs demandèrent un oracle
Delphes par deux fois réagit
Après un vide simulacre
Au second souffle leur prédit :
« Vous ne saurez résister
À ce roi qu'à quatre pattes
À moins de ne combattre…
Derrière des remparts de bois! »
Plusieurs y virent l’Acropole
Mais furent vite mis en pièces
L’oracle parlant en parabole
Entendait des murs plus modestes
Mais le grand chef Thémistocle
Vers la mer le peuple guida
Donnant éclatante victoire
Sur les navires aux murs de bois
*
[Et ce n’est là qu’une histoire
Mais dans le mythe vibre
le mystère de vivre]
*
Au creux de la rivière
Suis tombé au creux de la rivière
Au creux de la rivière suis tombé
Et j’ai croulé comme une pierre
Dans le torrent versé
Et suis tombé dans le torrent
Et m’a emporté le courant
*
N’écoute pas ma bien aimée
Mon frère
Ni ses larmes versées
*
J'y ai vu des poissons de pierre
Poussières de coquillages
Et j'ai trouvé vaisseaux de guerre
Au royaume des cétacés
Et l’or de toutes les sphères
Qui était là caché
*
N’écoute pas ma bien aimée
Mon frère
Ni ses larmes versées
*
Et suis tombé dans le torrent
Et m’a emporté le courant
J’étais si lourd
si lourd d’amour
Lourd comme un coffre de bois
Et de chagrins qui durent toujours
Le cœur lourd comme un poids
*
N’écoute pas ma bien aimée
mon frère
ni ses larmes versées
*
Suis tombé au creux de la rivière
Aux creux de la rivière suis tombé
Et j’ai remis mes larmes de fer
À tous les naufragés
Et j’ai trouvé une prière, ce chant
Que je vous ai légué
*
N’écoute pas ma bien aimée
Mon frère
Ni ses larmes versées
*
Car ces larmes seront portées
À la grand mer salée
Car vous savez l’océan
Transporte les larmes des humiliés
Des hommes et des géants
Des hommes dépravés
Je suis tombé au creux de la rivière
Au creux de la rivière, suis tombé
Et j’ai trouvé une prière, ce chant
que je vous ai légué
*
N’écoute pas ma bien aimée
Mon frère
c’est elle qui m’a poussé.
*
Mare de merde ou Mer de marde
À se noyer dans une flaque d'eau
Avec des fleurs dans le dos
On apprivoise la tornade
À se noyer entre vos cils
Entre vos cieux, entre vos îles
Aux cerceaux des petites filles
À se noyer
À vos larmes de crocodile
J’en oublie même mes fardeaux
J’en oublie même mes gros mots
J'en oublie même vos charades
Mare de merde ou mer de marde!
*
Avec les deux pieds dans l'eau
Resté poigner dans vos marais
Avec le coeur comme un valet
À attendre le vol des outardes
Rester pogné aux vieilles baves
Comme un engrais, comme une épave
À vos étangs, à vos guédilles
Nus pieds à lécher vos palais
Le coulis de nez en çédille!
Ah, j’en deviens presque malade!
Mare de merde ou mer de marde!
*
La politique sur un fil
Peut-on être plus fragile
Avec au cœur une aiguille
Avec au cœur une écharde
Il faut croire à la météo
Le cœur aussi a son crédo
Fais ben attention où tu piles
Elle est finie ta mascarade!
M'as te le mettre t'sais où ton pédalo
Mon petit barde!
Mare de merde ou mer de marde!
*
À être bête dans un enclos
Le cœur, le cul dans vos étables
Être forcé d’être docile
À être contraint à l’exil
Un officier dans la parade
à vos grandes envies serviles
Et bien collectionnez-la, ma bile!
Mare de merde ou mer de marde!
*
Oh, j’ai des fuites de sens
Oh j’ai des grandes coulées d’essence
Oh dans mes suites de romance
Détruites
Dans mes grandes gorgées d’espérances
fortuites
Dans la flambée de mes urgences
gratuites
Oh dans le calme de ma puissance
-Et sans une goutte d’innocence-
Je vous dirai:
Mangez donc une trâlée de marde
Mare de merde ou mer de marde!
*
Narcisse à l’Eau
Il est beau dans l’eau mon visage
Il est si beau que je te gage
Que je pourrais l’embrasser
Que je pourrais l’embrasser
Dans les eaux calmes de l’orage
Dans la mare du monde cassé
Dans les eaux calmes de l’orage
Dans la mare du monde cassé
Dont je crois pouvoir me passer
*
J’ai les joues roses et les yeux bleus
Les formes rondes comme des pneus
Comme des boules de crème glacée
Est-ce un reflet, est-ce un mirage?
Il me semble voir la beauté
Dans ce beau visage que j’ai
*
Pourquoi contre moi tant de rage?
Pourquoi me poursuivre, m’attaquer?
Sinon que vous me jalousez?..
Car j’ai la douce peau de plages
Et puisque je n’ai pas d’âge
Et un doux front sans tracés
On me reproche d’être peu sage
D’avoir le cœur un peu volage
Mais moi on veut encore m’épouser
*
Oui, j’aime bien mon image
Et lorsque j’aurai le courage
De m’embrasser sans me noyer
Je sais que vous verrez, je sais
Dans ce reflet plein de naufrage
Dans cette mare en plein été
*
Lorsque dans l’eau je danserai
Lorsque je boirai les nuages
Lorsque j'embrasserai les cieux
Dans les eaux calmes de l’orage
Dans la mare du monde cassé
dont je crois pouvoir me passer
Je sais que vous verrez, je sais
Lorsque j’embrasserai les cieux
C’est l’eau qui se noiera dans mes yeux.
*
Le Triangle des Bermudes
Dans les tropiques
des attouchements
dans les ruelles
du sentiment
l'exposition
est rude
plus on descend
au sud
Aux allées
des transpirations
les chars font flasher leurs phares
les seins de métaux soleils d’or
Au bord des squares
de caresses
ça sent l’amour
ça pue le sexe
dans la chaleur
qui se dresse
*
Et ce sont chairs
qui se dénudent
c’est le triangle
des Bermudes
l’exposition est rude
plus on descend
au Sud
*
Le sel à la bouche
un îlot de requins
deux corps sous la douche
un roman arlequin
Caviar et maquereaux
et le baiser qui fond
deux corps qui se touchent
qui montent au plafond
Vallées sans bikinis
barques sans matelots
plages sans alibis
deux corps au fond de l’eau
Suave interdiction
la bave de passion
dentelles aux hameçons
étoiles aux caleçons
Coquerelles aux hotels
brassières à nos filets
la belle à nos ficelles
c’est l’île de friction
Aux rondes des foufounes
Oh ma belle poupoune
Crois-moé pas croé-moi donc
La terre est une île de poissons
*
Et ce sont chairs
qui se dénudent
c’est le triangle
des Bermudes
l’exposition est rude
plus on descend
au Sud
*
Quand on joue au poker
c’est le trèfle ou le pique
avant que ne tombe le coeur
les vêtements dramatiques
Les yeux en hippocampes
la danse de l’étoile
le phoque a de la chance
la danseuse est à poil
Et parmi les chaudes poitrines
il se noie aux corsages
gonflés comme des soeurs ursulines
au bord des orages
Il s’engouffre dans l’amour
parmi les restes de lupanars
encore allumés en plein jour
toute noyade confondue
la terre est une île de poissons.
*
La Danse des Moutons
Passez piétons
Passez moutons
Les clous aux pieds
Passez
Tag à l'oreille
Le ventre rond
La marque au front
passez
Passez piétons
Passez moutons
Dans un sommeil profond
Et suivez
La circulation
Et mangez des groseilles
*
Mangez, mangez
mangez à satiété
Mangez des fonds
Mangez des monts
Mangez des herbes
Mangez des gerbes
Dormez, dormez
Dormez et sommeillez
Visitez nos parcs d'attraction
Fréquentez nos bars de friction
Visitez nos malls de fiction
Nos cinémas d'explosions
-le tout à même vos salons d'été
Et puis surtout
ne protestez
ce n’est pas bon
pour la santé
Vous aurez la macro vision
Attendez seulement qu'on vous tond!
*
Passez piétons
Passez moutons
Les clous aux pieds
Passez
Tag à l'oreille
La marque au front
Le ventre rond passez
Passez piétons
Passez moutons
Dans un sommeil profond
Et suivez la circulation
Oh suivez les mauvais bergers
*
Ce ne sera pas long, mes amis
Mais seulement attendez
Il y a un gros méchant loup
Mais nous l'aurons, c'est promis
Mais ça sera un dur coup
il est partout
il vit partout
ça pourrait même être
l’un de vous
Alors surtout ne protestez
Car votre vie est en danger
Il y a un vilain carnassier
Et je sens qu'il vous tourne autours
Mais vous pouvez compter sur nous
Nous sommes là pour vous protéger
Moyennant un tribut modéré
Nous serons votre sécurité
Mais surtout ne vous inquiétez
Votre tâche à vous est remplie
Vous êtes très bons, c'est promis
Vous faites rouler l'économie
*
Passez piétons
Passez moutons
Les clous aux pieds
Passez
Tag à l'oreille
La marque au front
Le ventre rond passez
Passez piétons
Passez moutons
Dans un sommeil profond
Et suivez la circulation
Oh suivez les mauvais bergers
*
Mais surtout ne vous inquiétez
Nous allons vous l’exterminer
Mais ce sera un dur coup
Pour l'économie
Il faudra briser quelques cochons
voir s'envoler quelques maisons
puis égorger quelques moutons
il faudra bombarder un peu, mais bon
Il y a mal nécessaire
Mieux vaut en sacrifier un ou deux
Pour que tous soient heureux
Bien mieux vaut casser quelques oeufs
Afin de garder quelques boeufs
Mais vous pouvez compter sur nous
Nous sommes là pour vous protéger
Moyennant un tribut modéré
Nous serons votre sécurité
*
Allez, passez
Mes bons moutons
par ici passez
Nous traitons bien
notre produit
nous vous mettrons
bien à l’abri
Allez, passez
Passez, c’est par ici
Nous allons
vous récompenser
Allez par ici
Mes amis
Étendez vous là sur le dos
Il nous faut rien que votre peau
Et ne prenez pas ça personnel
c’est parce qu’elle est tellement
tellement belle
Et nous vous laisserons bien
le cerveau
Mais passez
passez
passez mes doux agneaux
Si ça peut vous faire sentir
Plus beaux
On vous vendra
dans des casseaux
À des moutons
plus gros.
*
l'Amour, la guerre
On fait l'amour sans soutane
Car l'habit ne fait pas l'amant
Mais l'amour fait sûrement le moine
On fait l'amour vivement
Héhé
Le plus souvent sans vêtements
On fait l'amour avec les femmes
Aussi avec les grands garçons
On fait l'amour avec les dames
On peut être galant ou non
Celà dépend de notre degré de charme
Hé hé
Degré de charme
Mais avec les femmes ou les garçons
Avec les femmes ou les garçons
On fait l'amour sans soutane
On fait l'amour sans caleçon
Avec les femmes ou les garçons
Hé hé
Et toujours aussi vivement
Mais la guerre, y'a qu'une seule
Façon de la faire
Et c'est pas par en avant
C'est pas par en arrière
C'est avec la haine et la misère
Hé hé
La haine et la misère
On fait la guerre avec des pions
On fait la guerre avec des plombs
La guerre n'a qu'une raison :
On fait la guerre quand on est con.
*
On fait l'amour avec du miel
On fait l'amour, c'est bon et long
On fait l'amour aux étincelles
On fait l'amour avec des sons
On fait l'amour, c'est pas cruel
On fait l'amour de la cervelle
On fait l'amour aux chansons
On fait l'amour entre les ailes
On fait l'amour en étalons
Il faut se bouger le bedon
On fait l'amour comme des porcs
On fait l'amour de tout son corps
On fait l'amour de tous ses pores
On fait l'amour comme des pinsons
*
Et même si c'est pas d'hier
Que sont nés l'amour et la guerre
L'amour y'a mille bonne raisons
Cent mille bonnes raisons de le faire
On fait l'amour à l'atmosphère
On fait l'amour de cent façons
à la pénombre de la terre
en 46 000 positions
On fait l'amour sous la lune
On fait l'amour sans costume
On fait l'amour avec des plumes
On fait l'amour dans les dunes
Même si on se trompe un peu
Dans les tables ou dans les cieux
On fait l'amour en Don Juan
On fait l'amour, c'est pour le mieux
On fait l'amour comme des Dieux
On fait l'amour quand on le peut
On fait l'amour en sangliers
On fait l'amour en contes de fées
On fait l'amour sous la pluie
On fait l'amour dans la suie
Avec le vent et le mystère
C'est une autre forme de prière
Hé hé
Une autre forme de prière.
*
On fait l'amour sans soutane
Car l'habit ne fait pas l'amant
Mais l'amour fait sûrement le moine
On fait l'amour vivement
Héhé
Le plus souvent sans vêtements
On fait l'amour avec les femmes
Aussi avec les grands garçons
On fait l'amour avec les dames
On peut être galant ou non
Celà dépend de notre degré de charme
Hé hé
Degré de charme
Mais avec les femmes ou les garçons
Avec les femmes ou les garçons
On fait l'amour sans soutane
On fait l'amour sans caleçon
Avec les femmes ou les garçons
Hé hé
Et toujours aussi vivement
Mais la guerre, y'a qu'une seule
Façon de la faire
Et c'est pas par en avant
C'est pas par en arrière
C'est avec la haine et la misère
Hé hé
La haine et la misère
On fait la guerre avec des pions
On fait la guerre avec des plombs
La guerre n'a qu'une raison :
On fait la guerre quand on est con.
*
On fait l'amour avec du miel
On fait l'amour, c'est bon et long
On fait l'amour aux étincelles
On fait l'amour avec des sons
On fait l'amour, c'est pas cruel
On fait l'amour de la cervelle
On fait l'amour aux chansons
On fait l'amour entre les ailes
On fait l'amour en étalons
Il faut se bouger le bedon
On fait l'amour comme des porcs
On fait l'amour de tout son corps
On fait l'amour de tous ses pores
On fait l'amour comme des pinsons
*
Et même si c'est pas d'hier
Que sont nés l'amour et la guerre
L'amour y'a mille bonne raisons
Cent mille bonnes raisons de le faire
On fait l'amour à l'atmosphère
On fait l'amour de cent façons
à la pénombre de la terre
en 46 000 positions
On fait l'amour sous la lune
On fait l'amour sans costume
On fait l'amour avec des plumes
On fait l'amour dans les dunes
Même si on se trompe un peu
Dans les tables ou dans les cieux
On fait l'amour en Don Juan
On fait l'amour, c'est pour le mieux
On fait l'amour comme des Dieux
On fait l'amour quand on le peut
On fait l'amour en sangliers
On fait l'amour en contes de fées
On fait l'amour sous la pluie
On fait l'amour dans la suie
Avec le vent et le mystère
C'est une autre forme de prière
Hé hé
Une autre forme de prière.
*
La mémoire de la marée
À l’ombre des guitares espagnoles
Par les ravins doux qui te violent
Par les plastiques incorruptibles
Et les romans lus de la Bible
Par la mémoire de la marée
Montée comme une synagogue
Sur la plage des effacés
Où les mémoires se cajolent
Sur les côtes de la merci
À l’aube des oublis fanés
Comme une sorte de messie
Qui descend avec ses armées
Comme une sorte de banderole
Brandie plus haute que les années
Au seuil même des paraboles
et des épis qui ont germé
Par les violents vins des Barbares
la bière qui jaillit des jarres
par les mers fleuries de phares
Derrière les fers, derrières barres
Un vaisseau dans la nuit
Se construit de pierre
Pour braver les récifs
Pour braver les déserts
Et les grands esprits
Qui nagent solitaires
Et Noé assombri
Naviguant de prières
Une Arche se construit de pierre
Défiant les plaines des mers
Et naviguant sur les hauts monts
R'montant le courant comme un saumon
*
Les animaux sont des pensées
Les dauphins connaissent le chemin
La colombe sait se poser
Aux premières terres du matin
Là où existe la rosée
et le rameau de l'olivier.
*
J’ai cru
Tu es comme une île
Tes fesses sont blanches, franche-comté
Vertes collines
Tes seins deux Bourgogne
Ton cou est jardin du Luxembourg
Où je pose le collier
Tes cheveux sont des toits de cigognes
Où les rêves se posent
Tes lèvres sont jardins de foie gras
Et de vins sucrés
Ton ventre est le festin sacré
Tes hanches sont Camargue longues
Et pleines de flamants roses, blancs chevaux
De saintes portées à l'eau
Tes yeux sont Calanques
Tes sourcils sont les arcades de Versailles
Ton nombril est Château de Chenonceau
Tes jambes sont Chateauneufs-du-pape
Ton sexe est de velours
Tes joues sont ombries, roses
Tes cuisses sont Toscanes
Et tu n'a pas de Paris en toi.
Ton ventre est Avignon de beauté
Tes baisers sont robe sauvage et visage démaquillés.
*
©François Baril Pelletier