L'éveil des pierres (1997-2008)
harem
Son corps est Arabie
ses cuisses Saharas
Mes mains caravanes
longent son dos de Hedjaz
vent chaud levant tempêtes de sable
pour y vendre trésors de lèvres
myrrhe des Royaumes
Encens enfouis
De Yémens
Abyssinies
*
Vers toi je brandis mon sceptre de calife
En toi, je plonge
mes canines de lion
Je trace mon pomœrium
De ta peau,
mon palais
je fais un royaume
*
Tes jardins suspendus
talons hauts que je longe
Jambes plus hautes que la ville
Tu vogues plus haute que la mer
*
Imperator conquis
j’avance
et
me convertis
à ton prodige
*
Je navigue sur ta peau d’eaux
Toi mon port, ma Césarée
Dans tes voiles
de chairs offertes
greniers de jarres données
Amphores ouvertes
par tes cavernes
d’or
repaires d’Ali Baba
*
Je me catapulte
en tes places fortes
tes châteaux
tes Sion
À ta chair
à tes murailles
je me donne
sans ambition
mendiant
tes rivières
au bord de la rive
*
Le soleil
entre dans la pièce
d’airain
comme un messager
de lumière
d’amour
de joie et de bien
dans la pièce d’airain
*
Tu es mon archipel
où mon âme se rue
Assoiffé mon esprit se traîne à tes portes
se laisse couler
vers tes chemins
car tu es Rome
pour moi
étendue
ta peau
de gorges
de sables
et de rivières
*
hors d'oeuvres
(1996-1997)
Chemins
Mettre à jour les nuits perdues
en chemins effrayés
sous les lanternes de lunes
de miels
ruches, lac pour les cygnes
que les abeilles laissent un soir
disparaissant dans les brouillards épais
pour rechercher un autre amour
et la nuit vient se dévêtir de ses brumes noires
pour se donner à nous, d’une chaleur d’une étrange
blancheur noire
*
Ton regard,
Sentier
Route interminable
Chemin de fer
Menant droit à la gare
au cœur de tes prunelles
J’ai le hoquet d’esprit
Je répète à tout prix :
Perdez-moi, hic, ici
Au bord des paradis.
Quelle est ta maladie?
Perroquet, chante, dis
-ta lucide vie
là est ta maladie.
*
Consommer les entrailles
en fouillis de mémoire
amours en galettes
bouillies de songes
galipettes
culbutes de corps hostie
aux castagnettes doigts
-passant comme les soirs
claquant comme le christ
à son dernier repas
*
un funambule effacé sur un fil
les écrous écroulés de ma belle épargnée
éparpillés dans le portrait de mes yeux
*
Aux rives du dernier rocher
Aux cryptes de la chair
par la caverne sans lumière
vertèbres bien closes du coffre vivant
où luit la fresque des étoiles
*
Le coeur comme un désert
O corps rocailleux
je sens comme un défunt
les attouchements de l’amour
la flamme des artères
où rôdent les fantômes
dans le purgatoire
aux cryptes de la chair
caverne sans lumière
les vertèbres bien closes du coffre vivant
où luit la fresque des étoiles
Le coeur feu d’artifice
éclate par ces festins de l’âme
*
Je suis apparenté à la couleur des sangs
jailli des songes moulé des ombres
découvert des vieilles lumières
les fourmis tissent sous la peau les toiles du vouloir
dévorées des songes bêtes du soir
et la fin de la nuit de proie qui te suit
pourpres papillons
derrière les rideaux de vins ou la vie prend place
et puis l’espoir qui ne vient pas jouer
et l’attente qui ne fait que durer
et donc qui n’attend plus rien
le murmure du mur qui nous renseigne
sur les voix prises aux piège
et sur les silences qu’on brise du doigt
mais qu’on ne brise pas
*
L’homme est feu de désirs
et soif des rivages
mer de courage
île de peurs aux grands cratères
passion sauvage
et parfaite
*
Douleurs blanches
les baisers érodés
de rouges silences
coeurs étalés
épaves violettes
figure perdue dans ses écorchures
rêves pêchés
d’hameçons de désirs
*
Si je te baisais toute entière
en déplumant lentement, lentement
ta chair de son mystère
si sous le jour mort et craché
aux veines de l’espérance aux couchers de soleils
je te dévorais toi et ta peine
tout en sueurs
jusqu’à avoir les restes de la nuit entre les dents
et toi, goûtée blanche momie
hostie dans la bouche
*
Pour que tes yeux ne soient pas volés
échangés ou souillés par les Barbares
je ferai d’eux des lumières d’étoiles ou de phares
Pour que tes draps soient toujours emplis de baisers et ta coupe de miels
je donnerai mes deux yeux et mes deux lèvres
Afin que tes pieds connaissent les plus beaux sols dans les plus grands palais,
ta chair les plus doux vêtements,
afin que ton esprit vive noyé d’ivresses et de joies
je donnerais ma voix
*
Grottes
des intérieurs arcs en ciel
couleurs vives dans les noirs forts
et nous sommes pris à l’intérieur
au célèbre couronnement du désarroi
qui s’installe confortable sur son large sofa
a la foule de silence qui gueule et applaudit
laissant sa graisse nous couler au bord du crâne
aux rives du dernier rocher
et sur la table déjà mise
rouge repas ocre sanglot
et les corps rêves en enclos
dans la prison au ras le sol
et puis le dos du glaive au col
les damnés se lèvent au soleil couchant
les cocons du sommeil dorment plus longtemps
et le roucoulement simultané des chants et des amants
des cloches et des rumeurs
et les yeux qui naissent en larves de sanglots
vers les tragiques espérances
*
Tenu tout en sanglots
dans de vieilles noyades
aux vieilles eaux de pluie
ah je suis
tenu tout étripé
fripé de maux de vents et de brises brisé
ah je suis
le vent qui me pointe l’horizon de la nuit
et le jour à suivre
je suis
sacré bordel je t’aime
toi ma belle impossible
je suis ivre mortel
vivant contagieux
moisi de rêves rouillés
sur le bout de la langue
de vieille larve
j’ai la voix sans direction
toute désordonnée
fripée de maux de vents dans les flots
de sanglots de pétales
ah je suis
l’horizon
des yeux
le train de la marée ah je suis
*
Cueilli
tout en bouquet
je suis
tenu tout en paquets
brindilles réverbères
tordues croches séchées
en gerbe de douleur
tenu tout étripé
tendu croche fripé
tordu tout en sanglots
fripé de maux fouets et de brises brisé
mouvant muet aux vents qui me poussent devant
Bordé sacré devin
je t’aime a n’en plus finir
et pire encore
myope je suis
je veux être
je suis
fou
de bassan
silencieux
vieux printemps te voilà
en pétales de morves
sourires et sueurs
*
rhinos éros
(2004-2007)
Une femme
I.
Une femme
Un océan
Hymen de la vie
Du sang
Une caverne de mystère
Marée mère
Maïa engendrant
Monstres et mondes
Et chants montants
En hymnes blancs
Une femme
Une goutte d’eau
Un bloc d’argile
Une perle
Tirée à la couille de l’homme
-si l’homme vient après la couille, la femme vient sûrement avant le coq-
*
II.
Une femme
feuille de pubis
Un rubis noir
Sur l’eau de chair
Un voile au vent
Sur le mystère
Bateau passant
Et deux yeux pers
verts
caressant
*
III.
Une femme
Une boîte ouverte
huître d’amour
Une île verte
Un ventre d’or
Aux mille séjours
mille trésors
mille détours
*
IV.
Une caravane
de razzias
Désert -d’où Paul
Tombe encore de cheval
Une caserne de voleurs
À dévorer ton gâteau de noces
Je m’efforce de patience
Voici ton insolence,
o bouche :
Mouche à sucres,
Tu dégustes la royale obscénité
Que je t’offre
Comme une bague a ton doigt
Comme si j’étais la soie
Et toi le pic
Comme si j’étais le vagin
Et toi le pénis
Érotiquement
Sensuelles sangsues élastiquement
Élégants tiques
Sous les ombrelles
Sous les dentelles
sous les jarretelles
sur les mamelles
dans un déclic sans bretelles
Nous nous suçons éperdument !
*
V.
Elle s’accroupit
Et ses seins
Sont épis
De raisins
Ses jambes
sont naufrages
Où je me fais
Ulysse
*
O Rome de Rivières !
Rues de cuisses
Rives parcourues nues
Siciles bues
Îles sexuées
De sirènes farouches
Et de silènes louches
*
Sur rives
De minuit
Aux bords de
Passages
Lisses
*
Terres de présages,
Terres de chairs
Découvertes
Vertes d’oracles
Et d’éclairs
*
VI.
Naufragé du désert
je tombe dans son puits
Son Olympe
De ses blancheurs cruelles
Et ses hauteurs
Massada
Fière
*
VII
Tu la touches sans gants
Elle s’accroupit, sonore
En danses de corsages
Elle te blesse
De ses seins
Bêtes sauvages
-Nichons impolis
Impudents blancs
Fauves qui te dévisagent-
se dévoilent
jusqu’au corps
jusqu’en lits de griffes
plages
Et ses seins sont épis
De raisins, cors sonnants
Et son cul, soleil d’or
D’Orient
-grotesque, géant,
dort.
*
VIII.
Elle se penche
Et ses hanches
Messes de lunes blanches
Statues de ciels
Fesses franches
Se fondent
En rondes
lunes
De miels
Miracle en coupe
Déserts de marbres
Dunes de chairs
Et de présages
*
IX.
Je suis ivre de plaies
Tête de vignes, digne
Cœur chevauchant sa bouche
Je m’efface
Comme glaces
En ces brousses
marines
Et sa croupe
est la voûte
Où je goûte
ses cimes
Et je broute
la mousse
Sous la housse
fine.
*
Grandes entrées
Messes de chairs
Et croix levées
Montées de lait
Grandes entrées dans les palais
Bouches bouchées
Portes ouvertes
Masques et nylons
Wagons salés
Grandes entrées dans des cuisses sucrées
*
Aux bouches de rivières
De la bouche des sangs
Porté par le courant
Le fil du désir
La table du phantasme
L’ascenseur de la nuit
Porté par le courant
*
Je prends ton corps à corps
comme on prend l’apéro
au sensuel bar
à l’hôtel porno
*
Tes seins sont mes étoiles
tes hanches sont mes côtes
ton ventre est ma source
tes paroles ma voile
ton corps est coquillage
tes cuisses une plage
tes fesses un désert
tes jambes un territoire
tes seins sont fruits sauvages
ton nombril oasis
ton pubis est chapelle
ta poitrine l’autel où je prie
ma cavale de sentiment
mon port
tes yeux sont mes rivières
tes côtes mon pays
ton sexe est une rose
où je me rassassie
*
En des endroits sans havres
un chemin délié
en horizons défaits
je bois la rosée
des prés
*
Lumière de ses yeux
Diffusée pour la nuit
croiser la route de ses pas
O poésie
Je danse comme un garçon
dans ses ports
Et puis je retrouve
Le vin de la chanson
En son corps, mon fruit
*
À ses cuisses merveilles
Ovaires chemins de lumières
Cités d’ors, de trésors
Des aurores de plus
Des bijoux plus que nus
mes jardins perdus
*
Comment se rassassier
D’une seule source?
Comment rattraper l’étoile
Dans sa course?
*
Par la parole
le mot
ma voix se voile
d’émotions
Royaume :
ton corps mielleux
Tes yeux mes cités bleues
Tes lèvres
ma Jérusalem
Ton sexe
de velours de soie et de miels
de framboises
gelatos italiens
t’étendre toute la journée
au soleil
tes cuisses sont mes veilles
je pisse sur tes poteaux
mon territoire
piller les trésors
que les autres ont oublié
trésors tout sucrés
à tes rochers je me tiens
*
Le souper de la hyène
Nos murs étaient de noirceurs infinies brodées
nos yeux étant les étoiles notre passion de vivre
notre douleur
car nous avions craché sur de vieux idéaux
écrit sur des palais dessiné à la craie sur les murailles
nos monstres et nos démons
pour nous mettre en pleine lumière
*
Tu fouilleras mes vies comme dans un tiroir
aux astres tournant tous autour de ton nombril
Sois narcisse mais ne te noies pas
Coupe les têtes des Goliath
les colosses du savoir
*
Nuits
que poursuivent les armées
à pleines dents à pleines épées
corps qui se ravagent d’amours entrecoupés
pendaisons torturées
*
Hommes nous sommes insondables
dans nos rires et dans nos détresses
Notre misère est inventée
Nous sommes riches de douleurs
et torturés de purgatoires de plaisirs
Nous sommes saouls de jours et de nuits
et de nous battre contre l’heure dans notre sein
Nous n’aurons pas le temps d’en avoir assez
car les mots passent derrière nous
et devant nous le bonheur
*
Le temps nous jette ses pleurs
comme si c’était d’éternelles gerbes
du moins ceux de l’histoire
des hommes et des femmes des enfants du monde
Nous sommes coupables d’être vivants
Nous avons tous un cœur de pomme
Mais nous sommes plus qu’innocents
*
Tu sais que ta vie incarne tous les ancêtres
en commençant par les atomes
et toute la vie qui trônait dans le monde avant toi
Tu sais que tu incarnes la vie en toutes ses manières fabuleuses, en ses gestes sacrés
Tu sais que la vie ne s’arrêtera pas sans toi
Elle te l’a confié : elle veut être beaucoup plus
aller beaucoup plus loin
Si elle se fraie un chemin, elle sera éternelle
Et le feu viendra pour tout détruire, surement
Comme l’eau des pluies était tombée pour tout nettoyer
Qu’y a-t-il de plus grand que nous?
Dieu viendrait-il du néant, comme nous
L’interrogation est-elle magistrale
Pourrait-il nous aider à vaincre l’espace, à vaincre le temps, à s’y accommoder
Il n’est pas commode d’être malheureux
Il est plus commode d’être heureux
Le bonheur me transperce de toutes ses envies
Espace, Espace qui respire, poumons de Dieu, saignante voie lactée, trous noirs yeux du néant
Ah, voyez dans quelle position nous sommes. À parler de tout ceci.
*
Taupe des lumières ténébreuses, vieux sot éclairé des sagesses
Sphinx répond moi Je sais ce que tu dis :
même dans les silences les plus profonds des puits plus creux tu dis
le plus affreux et le plus beau
La seule torture qui soit
est le plaisir tout entier
*
Ils ont brandi la poésie comme une arme tranchante.
Ils ont scalpé les poitrines de nos chants
et dégonflé les poumons cornemuses
de nos voix.
Ils nous ont enflés de maladies littéraires.
Et maintenant, nous n’avons plus rien à dire
aux bourreaux de nos songes.
*
La chapelle est vide. Les ombres ont mangé dans l’ombre les dernières miettes, les derniers pas de ceux qui sont sortis.
Mirage à nous qui serons morts.
Voyez les pyramides, les temples que l’on bâtit pour vous, de fil en aiguille, les oiseaux que nous vous envoyons.
Les vies, nos vies, que nous vous offrons.
Saignons, au nom du jour.
*
Mais c’est de la folie. La vie nous a anéantis. Miracle à nous : nous sommes libres. Libres de mourir pour un baiser. Libres de vivre aussi, pour ce même baiser.
Quand le temps nous prendra comme glorieux amants, nous verrons les jours se solidifier dans leur suprême carapace et les mourants se rappelleront nos paumes enracinées dans notre amour vivant.
Les vents nous voleront.
Richesses emportez-moi.
*
Cantique pour même pas
l'ombre d'une amante
Pour même pas l'ombre d'une amante, d'un regard amoureux, d'un baiser
j’ai écrit mille écrits
élevé mille tours
fait croître pour ma passion aux jardins secrets
pour le grand amour de statues blanches
craquées et moussées de lierres
pour seul amour
aux regards des jungles de châteaux
mais je ne reçus même pas un gant à embrasser
et calmer ma faim
*
J’ai puisé les baisers du grand désert
des heures
noyé dans la pudeur de tes salives
Je me suis pendu à l’arbre de ton cœur
essayant de dresser ton cœur jusqu’à la rive
et mille arcs-en ciel sont venus se poser
comme des éperviers
sur mon poing refermé
Comme un rocher
prêt à délivrer Prométhée.
*
Je pressentais en moi quelque sanglante
aurore
comme une caresse de l’ours
le visage à ses griffes
les lèvres de la mort appuyées sur la tempe
l’amour entre les cuisses
et le sang débordé
pompé du cœur pompé
comme d’un puits aux coupes lasses
comme mille sacrifices
d’un coup ingurgités
l’âme trop grasse
qui ne sait remercier.
*
Tes seins je veux gruger
Comme champs de cerises
Tes clavicules seront
Mes chemins
Et je garderai la clef de ton corps
De ton cœur
Dans le mien
*
Tes rires
Sont des voraces
Qui déchirent la chair en vie
Et l’ignorance qui vient
Lasse graver son nom
Myope
Sur les profondeurs
De ma pierre philosophale
*
O tes lèvres ma belle ont la saveur de sang
Un délice
Et ta langue a le goût d’aiguilles
Et c’est mon propre sang qu’à la fin je goûte
C’est ma propre mémoire
Que j’avale ma belle
C’est pour toi que le soir,
J’avale des rasoirs
Tu me tues de savoir que je t’aime
ma cruelle
Toi qui préfères ignorer
*
Mélancolie de noces
Sous draps déchiffrés par les âges
En sueurs
Et toi à mes côtés, et ta blancheur humaine
Et meurtrière
Du crime, tu portes la lueur
Et la vie dans nos veines qui cherche à se rejoindre
*
Le sang des aurores efface les mémoires
Le ciel est bu en une gorgée de sang
Bleu comme la mer
Blanc comme les nuées
Je viendrai pour te boire
Alors déshabille toi
Je viens
Je viens te voir
Par la fenêtre ou à l’intérieur, sur ton lit d’ivoire
Sur ton vêtement d’amour
Sous ton manteau
Ta peau, ta peau, je viens boire.
Allez viens, déshabille-toi :
La mémoire enlevant ses sous-vêtements noirs.
*
Oh, je t’enflerai de mes baisers d’eau de
Cologne
Je rougirai ta peau de mes griffes
Laisse-toi te faire dévorer tout rond
de notre romance des bas-fonds
*
Tes seins sont jeunes vaux
et tes yeux, pièges verts
ta poitrine, champ de bataille
où ils se disputent ta main :
regarde
la jalousie me vainc
car tu ne n’aimes pas.
*
Le cœur du caribou
Le ciel modèle tout
à la splendeur
-de la chemise ou-
de la robe
*
Et ce grain de sable
C’est toi et tes troupeaux
Et tous les Sinai
Tes lèvres et ta peau
Ton cœur de canal
Qui mène à Toulouse
Dans un château en fleurs
Moi je chante à Pérouse
*
Le cœur dans le muguet
C’est la forêt qui danse
Un cœur qui roucoule
Et puis toute la France
Le cœur de la musique
Et puis toute l’Amérique
Le cœur du silence
Et le tour de France
*
Je suis le petit cheval blanc
Je suis le grand cheval des champs
Je suis le doux cheval des sables
Je suis le cheval lié des fables
*
Sous l’aile l’horizon
Sur les chemins
Le ciel
À l’or le testament
Dans la main
Le ciel
*
Le cerf se déploie
La source écoute
Piocher ne suffit pas
Quand les rafales
S’en doutent
La caverne qui chatoie
Dans l’eau
Tous les déserts
De l’homme
Et la voix
Qui chante
À toi
Miss
Terre
*
En nos ruines
Nos épines
Nos chardons nos cris
Nous errons
La parole et la fureur du feu
Des sangs, la récolte
*
Les feuilles s’envolent
Jusqu’au sang
Et au silence
Des blessures
*
Je suis né dans les prés
À l’or d’un érable
Et aux sèves
Des fées
*
Fragments
Rome
Un bouquet d’histoire
Que j’ai rangé
Dans mes tiroirs
Avec une roche oubliée
*
Prague
Que j’ai croisée :
Les cuisses élégantes d’un pré
Un désir du passé
*
Paris
Un souvenir
Un poème
Toujours vivante
Égoiste mais présente
Je te préfère en été
*
Enraciné
Comme le jour
La pierre tisse
En moi ses rayons
Le silex me grave
Dur comme l’homme
Au cœur tatoué
De secrètes cicatrices
*
Le ruisseau tombe
et la poésie meure encore une autre fois
les oiseaux se font rares, se font fanés
et les arbres se laissent
mourir sans racines
*
L’homme est feu de désirs
et soif des rivages
mer de courage
île de peurs aux grands cratères
passion sauvage
et parfaite
*
J’attendais ta lettre
Nu dans mon opale
À ma boîte a lettre
Comme une mygale
J’avais rassemblé
Mes mots
Dans ma poitrine
*
Le désir entre les doigts
la main du temps
quelle usure aie-je mis
aux tiroirs flambants
le feu est un ami
que la larme rencontre
le matin ou le soir
repas d’un feu béni
*
La rose première
À l’argile, le Christ
La rose première
Au désert
Mille déserts
Et mille étincelles roses
Au coin de l’univers
Sel vivant
Lumière
Mondes jetés
Aux frontières
Du vivant
*
Amour, lassitude
Portées
Avenirs
Muets sur les grèves
La solitude éteinte
Jette un regard
Vieille huître
Sur les rivages verts, sur les plages
Je me promène et j’erre
À la lueur des gares
*
À Naxos
La baleine a des os
De bitume
Et l’âne est bien parké
Même si les peaux se donnent
Sur le bord des plages
Sur le bord de l’eau
Sur le bord des âges
Sur le bord des bars
À Naxos personne n’a l’âge de ta peau
*
Les palais, mes veines
Et même si je fais
La croix à Corinthe
Ou l’oiseau sur le bord
Des réserves
Je crois et je promène
Les îles
Au-delà de ces peaux
Dans les palais
Mes veines
*
La rose première
« Et l’histoire, mon roman
Se fera dans les draps »
*
Sous la voûte étoilée
Sous la voûte étoilée
Des trésors dans la nuit
À grand coups d’hirondelles
On déballe le présent
La musique dans les ailes
À la mer endormie
Les tisons qui s’envolent
*
L’église est triste
L’église est pleine de rires
Et toi tu as l’âme belle
Autant qu’un cœur franc
Qui fait de l’escrime avec
Un poème
Se poser nu sur ton front blanc
*
Raffiner le noir
Aux lèvres de l’histoire
Aux lèvres de ma vie
Moi je suis ici
Aux lèvres de ton corps
À quêter la pluie à raffiner le noir
*
L’amour à mes pieds
Et le cœur qui résonne
J’ai mangé la beauté
Elle a mangé la pomme
Et la peau de la fée
Je garde pour le dessert
Ou la rose -je ne sais-
Ton corps je préfère
L’hostie et la beauté
Nous avons savourées
Mais le soir je rends
Mon cœur à sa portée!
*
mythologies
Demande au serrurier
Lequel des chemins
Demande au joallier
Le sable de tes mains
*
Le Roy t’appelle
Mon Isabelle
Monte à Sion
Mais attention
Y’a une abeille
Dans mon Salon
*
Entré dans le trou bleu
L’Écosse et l’Italie
Ont cherché ses coraux
Et le creux de son lit
*
Sur le sable
Au bord des mers rouges, Sinai
Jordanie
Dans l’écho de Pétra
Qui est morte
pays désert
Dans les bras d’un autre
Qui n’est pas un chameau
*
©François Baril Pelletier