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L'éveil des pierres (1997-2008)

harem

 

Son corps est Arabie

ses cuisses Saharas

Mes mains caravanes

longent son dos de Hedjaz

vent chaud levant tempêtes de sable

pour y vendre trésors de lèvres

myrrhe des Royaumes

Encens enfouis

De Yémens

Abyssinies

*

Vers toi je brandis mon sceptre de calife

En toi, je plonge

mes canines de lion

 

Je trace mon pomœrium

 

De ta peau,

mon palais

je fais un royaume

 

*

 

 

 

 

Tes jardins suspendus

talons hauts que je longe

Jambes plus hautes que la ville

Tu vogues plus haute que la mer

 

*

 

Imperator conquis

j’avance

et 

me convertis

à ton prodige

 

 

*

 

 

 

 

Je navigue sur ta peau d’eaux

Toi mon port, ma Césarée

Dans tes voiles

de chairs offertes

greniers de jarres données

Amphores ouvertes

par tes cavernes

d’or

repaires d’Ali Baba

 

*

 

 

 

 

Je me catapulte

en tes places fortes

tes châteaux

tes Sion

 

À ta chair

à tes murailles

je me donne

sans ambition

 

mendiant

tes rivières

au bord de la rive

 

*

 

Le soleil

entre dans la pièce

d’airain

comme un messager

de lumière

d’amour

de joie et de bien

dans la pièce d’airain

 

*

 

 

 

 

Tu es mon archipel

où mon âme se rue

 

Assoiffé mon esprit se traîne à tes portes

se laisse couler

vers tes chemins

car tu es Rome

pour moi

étendue

 

ta peau

de gorges

de sables

et de rivières

 

*

 

 

 

 

 

 

 

hors d'oeuvres

(1996-1997)

 

 

Chemins

 

Mettre à jour les nuits perdues

en chemins effrayés

sous les lanternes de lunes

de miels

ruches, lac pour les cygnes

que les abeilles laissent un soir

disparaissant dans les brouillards épais

pour rechercher un autre amour

et la nuit vient se dévêtir de ses brumes noires

pour se donner à nous, d’une chaleur d’une étrange

blancheur noire

*

 

Ton regard,

Sentier

Route interminable

Chemin de fer

Menant droit à la gare

au cœur de tes prunelles

 

J’ai le hoquet d’esprit

Je répète à tout prix :

Perdez-moi, hic, ici

Au bord des paradis.

Quelle est ta maladie?

Perroquet, chante, dis

-ta lucide vie

là est ta maladie.

 

*

 

 

 

Consommer les entrailles

en fouillis de mémoire

amours en galettes

bouillies de songes

galipettes

culbutes de corps hostie

aux castagnettes doigts

-passant comme les soirs

claquant comme le christ

à son dernier repas

*

 

 

 

un funambule effacé sur un fil

les écrous écroulés de ma belle épargnée

éparpillés dans le portrait de mes yeux

 

*

 

 

 

Aux rives du dernier rocher

 

Aux cryptes de la chair

par la caverne sans lumière

vertèbres bien closes du coffre vivant

où luit la fresque des étoiles

 

*

 

 

Le coeur comme un désert

O corps rocailleux

je sens comme un défunt

les attouchements de l’amour

la flamme des artères

où rôdent les fantômes

dans le purgatoire

aux cryptes de la chair

caverne sans lumière

les vertèbres bien closes du coffre vivant

où luit la fresque des étoiles

Le coeur feu d’artifice

éclate par ces festins de l’âme

*

Je suis apparenté à la couleur des sangs

jailli des songes moulé des ombres

découvert des vieilles lumières

les fourmis tissent sous la peau les toiles du vouloir

dévorées des songes bêtes du soir

et la fin de la nuit de proie qui te suit

pourpres papillons

derrière les rideaux de vins ou la vie prend place

et puis l’espoir qui ne vient pas jouer

et l’attente qui ne fait que durer

et donc qui n’attend plus rien

le murmure du mur qui nous renseigne

sur les voix prises aux piège

et sur les silences qu’on brise du doigt

mais qu’on ne brise pas

 

*

 

 

 

 

 

L’homme est feu de désirs

et soif des rivages

mer de courage

île de peurs aux grands cratères

passion sauvage

et parfaite

 

*

 

 

 

 

 

Douleurs blanches

les baisers érodés

de rouges silences

coeurs étalés

épaves violettes

figure perdue dans ses écorchures

rêves pêchés

d’hameçons de désirs

 

*

 

 

 

 

 

Si je te baisais toute entière

en déplumant lentement, lentement

ta chair de son mystère

si sous le jour mort et craché

aux veines de l’espérance aux couchers de soleils

je te dévorais toi et ta peine

tout en sueurs

jusqu’à avoir les restes de la nuit entre les dents

et toi, goûtée blanche momie

hostie dans la bouche

 

*

 

 

Pour que tes yeux ne soient pas volés

échangés ou souillés par les Barbares

je ferai d’eux des lumières d’étoiles ou de phares

Pour que tes draps soient toujours emplis de baisers et ta coupe de miels

je donnerai mes deux yeux et mes deux lèvres

Afin que tes pieds connaissent les plus beaux sols dans les plus grands palais,

ta chair les plus doux vêtements,

afin que ton esprit vive noyé d’ivresses et de joies

je donnerais ma voix

 

*

 

 

 

 

Grottes

des intérieurs arcs en ciel

couleurs vives dans les noirs forts

et nous sommes pris à l’intérieur

au célèbre couronnement du désarroi

qui s’installe confortable sur son large sofa

a la foule de silence qui gueule et applaudit

laissant sa graisse nous couler au bord du crâne

aux rives du dernier rocher

et sur la table déjà mise

rouge repas ocre sanglot

et les corps rêves en enclos

dans la prison au ras le sol

et puis le dos du glaive au col

les damnés se lèvent au soleil couchant

les cocons du sommeil dorment plus longtemps

et le roucoulement simultané des chants et des amants

des cloches et des rumeurs

et les yeux qui naissent en larves de sanglots

vers les tragiques espérances

 

*

 

 

 

 

 

 

Tenu tout en sanglots

dans de vieilles noyades

aux vieilles eaux de pluie

ah je suis

tenu tout étripé

fripé de maux de vents et de brises brisé

ah je suis

le vent qui me pointe l’horizon de la nuit

et le jour à suivre

je suis

sacré bordel je t’aime

toi ma belle impossible

je suis ivre mortel

vivant contagieux

moisi de rêves rouillés

sur le bout de la langue

de vieille larve

j’ai la voix sans direction

toute désordonnée

fripée de maux de vents dans les flots

de sanglots de pétales

ah je suis

l’horizon

des yeux

le train de la marée ah je suis

 

*

 

 

Cueilli

tout en bouquet

je suis

tenu tout en paquets

brindilles réverbères

tordues croches séchées

en gerbe de douleur

tenu tout étripé

tendu croche fripé

tordu tout en sanglots

fripé de maux fouets et de brises brisé

mouvant muet aux vents qui me poussent devant

Bordé sacré devin

 

je t’aime a n’en plus finir

et pire encore

myope je suis

je veux être

je suis

fou

de bassan

silencieux

vieux printemps te voilà

en pétales de morves

sourires et sueurs

*

 

 

 

 

rhinos éros

(2004-2007)

Une femme

 

I.

Une femme

Un océan

Hymen de la vie

Du sang

Une caverne de mystère

Marée mère

Maïa engendrant

Monstres et mondes

Et chants montants

En hymnes blancs

Une femme

Une goutte d’eau

Un bloc d’argile

Une perle

Tirée à la couille de l’homme

-si l’homme vient après la couille, la femme vient sûrement avant le coq-

*

 

 

 

 

II.

Une femme

feuille de pubis

Un rubis noir

Sur l’eau de chair

Un voile au vent

Sur le mystère

Bateau passant

Et deux yeux pers

verts

caressant

*

 

 

III.

Une femme

Une boîte ouverte

huître d’amour

Une île verte

Un ventre d’or

Aux mille séjours

mille trésors

mille détours

*

 

 

 

 

IV.

Une caravane

de razzias

Désert -d’où Paul

Tombe encore de cheval

Une caserne de voleurs

À dévorer ton gâteau de noces

Je m’efforce de patience

 

Voici ton insolence,

o bouche :

Mouche à sucres,                                                          

Tu dégustes la royale obscénité

Que je t’offre

 

Comme une bague a ton doigt

Comme si j’étais la soie

Et toi le pic

Comme si j’étais le vagin

Et toi le pénis

 

Érotiquement

Sensuelles sangsues élastiquement

Élégants tiques

Sous les ombrelles

Sous les dentelles

sous les jarretelles

sur les mamelles

dans un déclic sans bretelles

Nous nous suçons éperdument !

*

 

 

V.

Elle s’accroupit

Et ses seins

Sont épis

De raisins

Ses jambes

sont naufrages

Où je me fais

Ulysse

*

O Rome de Rivières !

Rues de cuisses

Rives parcourues nues

Siciles bues

Îles sexuées

De sirènes farouches

Et de silènes louches

 

*

 

Sur rives

De minuit

Aux bords de

Passages

Lisses

 

*

 

Terres de présages,

Terres de chairs

Découvertes

Vertes d’oracles

Et d’éclairs

 

*

 

 

 

VI.

Naufragé du désert

je tombe dans son puits

Son Olympe

De ses blancheurs cruelles

Et ses hauteurs

Massada

Fière

 

*

 

 

 

 

 

VII

Tu la touches sans gants

Elle s’accroupit, sonore

En danses de corsages

Elle te blesse

De ses seins

Bêtes sauvages

-Nichons impolis

Impudents blancs

Fauves qui te dévisagent-

se dévoilent

jusqu’au corps

jusqu’en lits de griffes

plages

Et ses seins sont épis

De raisins, cors sonnants

Et son cul, soleil d’or

D’Orient

-grotesque, géant,

dort.

 

*

 

                                                                                         

 

 

 

 

 

VIII.

Elle se penche

Et ses hanches

Messes de lunes blanches

Statues de ciels

Fesses franches

Se fondent

En rondes

lunes

De miels

Miracle en coupe

Déserts de marbres

Dunes de chairs

Et de présages

*

IX.

Je suis ivre de plaies

Tête de vignes, digne

Cœur chevauchant sa bouche

Je m’efface

Comme glaces

En ces brousses

marines

Et sa croupe

est la voûte

Où je goûte

ses cimes

Et je broute

la mousse

Sous la housse

fine.

*

 

 

 

Grandes entrées

 

Messes de chairs

Et croix levées

Montées de lait

Grandes entrées dans les palais

Bouches bouchées

Portes ouvertes

Masques et nylons

Wagons salés

Grandes entrées dans des cuisses sucrées

*

 

 

 

 

Aux bouches de rivières

De la bouche des sangs

Porté par le courant

Le fil du désir

La table du phantasme

L’ascenseur de la nuit

 

Porté par le courant

*

 

 

 

 

 

Je prends ton corps à corps

comme on prend l’apéro

au sensuel bar

à l’hôtel porno

*

 

 

 

Tes seins sont mes étoiles

tes hanches sont mes côtes

ton ventre est ma source

tes paroles ma voile

ton corps est coquillage

tes cuisses une plage

tes fesses un désert

tes jambes un territoire

tes seins sont fruits sauvages

ton nombril oasis

ton pubis est chapelle

ta poitrine l’autel où je prie

ma cavale de sentiment

mon port

tes yeux sont mes rivières

tes côtes mon pays

ton sexe est une rose

où je me rassassie

*

 

 

En des endroits sans havres

un chemin délié

en horizons défaits

je bois la rosée

des prés

*

 

 

 

 

Lumière de ses yeux

Diffusée pour la nuit

croiser la route de ses pas

O poésie

Je danse comme un garçon

dans ses ports

 

Et puis je retrouve

Le vin de la chanson

En son corps, mon fruit

*

 

 

 

À ses cuisses merveilles

Ovaires chemins de lumières

Cités d’ors, de trésors

Des aurores de plus

Des bijoux plus que nus

mes jardins perdus

*

 

 

 

Comment se rassassier

D’une seule source?

Comment rattraper l’étoile

Dans sa course?

*

 

 

 

Par la parole

le mot

ma voix se voile

d’émotions

Royaume :

ton corps mielleux

Tes yeux mes cités bleues

Tes lèvres

ma Jérusalem

Ton sexe

de velours de soie et de miels

de framboises

gelatos italiens

t’étendre toute la journée

au soleil

tes cuisses sont mes veilles

je pisse sur tes poteaux

mon territoire

piller les trésors

que les autres ont oublié

trésors tout sucrés

 

à tes rochers je me tiens

*

 

 

 

 

 

Le souper de la hyène

 

Nos murs étaient de noirceurs infinies brodées

nos yeux étant les étoiles notre passion de vivre

notre douleur

car nous avions craché sur de vieux idéaux

écrit sur des palais   dessiné à la craie sur les murailles

nos monstres et nos démons

pour nous mettre en pleine lumière

*

 

 

 

 

 

 

 

Tu fouilleras mes vies comme dans un tiroir

aux astres tournant tous autour de ton nombril

Sois narcisse mais ne te noies pas

Coupe les têtes des Goliath

les colosses du savoir

*

 

 

Nuits

que poursuivent les armées

à pleines dents à pleines épées

corps qui se ravagent d’amours entrecoupés

pendaisons torturées

*

 

 

 

Hommes nous sommes insondables

dans nos rires et dans nos détresses

Notre misère est inventée

Nous sommes riches de douleurs

et torturés de purgatoires de plaisirs

Nous sommes saouls de jours et de nuits

et de nous battre contre l’heure dans notre sein

Nous n’aurons pas le temps d’en avoir assez

car les mots passent derrière nous

et devant nous le bonheur

*

 

 

 

 

Le temps nous jette ses pleurs

comme si c’était d’éternelles gerbes

du moins ceux de l’histoire

des hommes et des femmes   des enfants du monde

Nous sommes coupables d’être vivants

Nous avons tous un cœur de pomme

Mais nous sommes plus qu’innocents

*

Tu sais que ta vie incarne tous les ancêtres

en commençant par les atomes

et toute la vie qui trônait dans le monde avant toi

Tu sais que tu incarnes la vie en toutes ses manières fabuleuses, en ses gestes sacrés

Tu sais que la vie ne s’arrêtera pas sans toi

Elle te l’a confié : elle veut être beaucoup plus

aller beaucoup plus loin

Si elle se fraie un chemin, elle sera éternelle

Et le feu viendra pour tout détruire, surement

Comme l’eau des pluies était tombée pour tout nettoyer

Qu’y a-t-il de plus grand que nous?

Dieu viendrait-il du néant, comme nous

L’interrogation est-elle magistrale

Pourrait-il nous aider à vaincre l’espace, à vaincre le temps, à s’y accommoder

Il n’est pas commode d’être malheureux

Il est plus commode d’être heureux

Le bonheur me transperce de toutes ses envies

Espace, Espace qui respire, poumons de Dieu, saignante voie lactée, trous noirs yeux du néant

Ah, voyez dans quelle position nous sommes. À parler de tout ceci.

*

 

 

 

Taupe des lumières ténébreuses, vieux sot éclairé des sagesses

Sphinx répond moi  Je sais ce que tu dis :

même dans les silences les plus profonds des puits plus creux tu dis

le plus affreux et le plus beau

La seule torture qui soit

est le plaisir tout entier

*

 

 

 

Ils ont brandi la poésie comme une arme tranchante.

Ils ont scalpé les poitrines de nos chants

et dégonflé les poumons cornemuses

de nos voix.

Ils nous ont enflés de maladies littéraires.

Et maintenant, nous n’avons plus rien à dire

aux bourreaux de nos songes.

*

 

 

 

 

 

La chapelle est vide. Les ombres ont mangé dans l’ombre les dernières miettes, les derniers pas de ceux qui sont sortis.

Mirage à nous qui serons morts.

Voyez les pyramides, les temples que l’on bâtit pour vous, de fil en aiguille, les oiseaux que nous vous envoyons.

Les vies, nos vies, que nous vous offrons.

Saignons, au nom du jour.

*

 

 

 

 

 

 

 

Mais c’est de la folie. La vie nous a anéantis. Miracle à nous : nous sommes libres. Libres de mourir pour un baiser. Libres de vivre aussi, pour ce même baiser.

Quand le temps nous prendra comme glorieux amants, nous verrons les jours se solidifier dans leur suprême carapace et les mourants se rappelleront nos paumes enracinées dans notre amour vivant.

Les vents nous voleront.

Richesses emportez-moi.

*

 

 

Cantique pour même pas
l'ombre d'une amante

 

Pour même pas l'ombre d'une amante, d'un regard amoureux, d'un baiser

j’ai écrit mille écrits

élevé mille tours

fait croître pour ma passion aux jardins secrets

pour le grand amour de statues blanches

craquées et moussées de lierres

pour seul amour

aux regards des jungles de châteaux

mais je ne reçus même pas un gant à embrasser

et calmer ma faim

*

 

 

 

J’ai puisé les baisers du grand désert

des heures

noyé dans la pudeur de tes salives

Je me suis pendu à l’arbre de ton cœur

essayant de dresser ton cœur jusqu’à la rive

et mille arcs-en ciel sont venus se poser

comme des éperviers

sur mon poing refermé

Comme un rocher

prêt à délivrer Prométhée.

*

Je pressentais en moi quelque sanglante

aurore

comme une caresse de l’ours

le visage à ses griffes

les lèvres de la mort appuyées sur la tempe

l’amour entre les cuisses

et le sang débordé

pompé du cœur pompé

comme d’un puits aux coupes lasses

comme mille sacrifices

d’un coup ingurgités

l’âme trop grasse

qui ne sait remercier.

*

Tes seins je veux gruger

Comme champs de cerises

Tes clavicules seront

Mes chemins

Et je garderai la clef de ton corps

De ton cœur

Dans le mien

*

 

 

Tes rires

Sont des voraces

Qui déchirent la chair en vie

Et l’ignorance qui vient

Lasse graver son nom

Myope

Sur les profondeurs

De ma pierre philosophale

*

 

 

 

 

 

O tes lèvres ma belle ont la saveur de sang

Un délice

Et ta langue a le goût d’aiguilles

Et c’est mon propre sang qu’à la fin je goûte

C’est ma propre mémoire

Que j’avale ma belle

C’est pour toi que le soir,

J’avale des rasoirs

Tu me tues de savoir que je t’aime

ma cruelle

Toi qui préfères ignorer

*

 

 

Mélancolie de noces

Sous draps déchiffrés par les âges

En sueurs

Et toi à mes côtés, et ta blancheur humaine

Et meurtrière

Du crime, tu portes la lueur

Et la vie dans nos veines qui cherche à se rejoindre

*

Le sang des aurores efface les mémoires

Le ciel est bu en une gorgée de sang

Bleu comme la mer

Blanc comme les nuées

Je viendrai pour te boire

Alors déshabille toi

Je viens

Je viens te voir

Par la fenêtre ou à l’intérieur, sur ton lit d’ivoire

Sur ton vêtement d’amour

Sous ton manteau

Ta peau, ta peau, je viens boire.

Allez viens, déshabille-toi :

La mémoire enlevant ses sous-vêtements noirs.

*

 

 

 

Oh, je t’enflerai de mes baisers d’eau de

Cologne

Je rougirai ta peau de mes griffes

Laisse-toi te faire dévorer tout rond

de notre romance des bas-fonds

*

 

 

                               

Tes seins sont jeunes vaux

et tes yeux, pièges verts

ta poitrine, champ de bataille

où ils se disputent ta main :

regarde

la jalousie me vainc

car tu ne n’aimes pas.

*

 

 

Le cœur du caribou

 

Le ciel modèle tout

à la splendeur

-de la chemise ou-

de la robe

*

 

 

Et ce grain de sable

C’est toi et tes troupeaux

Et tous les Sinai

Tes lèvres et ta peau

Ton cœur de canal

Qui mène à Toulouse

Dans un château en fleurs

Moi je chante à Pérouse

*

 

 

 

 

Le cœur dans le muguet

C’est la forêt qui danse

Un cœur qui roucoule

Et puis toute la France

 

Le cœur de la musique

Et puis toute l’Amérique

Le cœur du silence

Et le tour de France

*

 

 

Je suis le petit cheval blanc

Je suis le grand cheval des champs

Je suis le doux cheval des sables

Je suis le cheval lié des fables

*

 

 

Sous l’aile l’horizon

Sur les chemins

Le ciel

À l’or le testament 

Dans la main

Le ciel

*

 

 

 

 

Le cerf se déploie

La source écoute

Piocher ne suffit pas

Quand les rafales

S’en doutent

 

La caverne qui chatoie

Dans l’eau

Tous les déserts

De l’homme

Et la voix

Qui chante

À toi

Miss

Terre

*

 

 

 

 

En nos ruines

Nos épines

Nos chardons nos cris

Nous errons

La parole et la fureur du feu

Des sangs, la récolte

*

 

 

Les feuilles s’envolent

Jusqu’au sang

Et au silence

Des blessures

*

 

 

 

 

Je suis né dans les prés

À l’or d’un érable

Et aux sèves

Des fées

*

 

 

 

Fragments

 

 

Rome

Un bouquet d’histoire

Que j’ai rangé

Dans mes tiroirs

Avec une roche oubliée

*

 

 

 

 

Prague

Que j’ai croisée :

Les cuisses élégantes d’un pré

Un désir du passé

*

 

 

 

 

Paris

Un souvenir

Un poème

Toujours vivante

Égoiste mais présente

Je te préfère en été

*

 

 

 

 

Enraciné

Comme le jour

La pierre tisse

En moi ses rayons

Le silex me grave

Dur comme l’homme

Au cœur tatoué

De secrètes cicatrices

 

*

 

 

 

 

Le ruisseau tombe

 

et la poésie meure encore une autre fois

les oiseaux se font rares, se font fanés

et les arbres se laissent

mourir sans racines

 

*

 

 

 

 

 

L’homme est feu de désirs

et soif des rivages

mer de courage

île de peurs aux grands cratères

passion sauvage

et parfaite

 

*

 

 

 

 

J’attendais ta lettre

Nu dans mon opale

 

À ma boîte a lettre

Comme une mygale

 

J’avais rassemblé

Mes mots

Dans ma poitrine

 

*

 

 

 

 

Le désir entre les doigts

la main du temps

quelle usure aie-je mis

aux tiroirs flambants

le feu est un ami

que la larme rencontre

le matin ou le soir

repas d’un feu béni

 

*

 

 

La rose première

 

À l’argile, le Christ

La rose première

Au désert

Mille déserts

Et mille étincelles roses

Au coin de l’univers

Sel vivant

Lumière

Mondes jetés

Aux frontières

Du vivant

*

 

 

 

 

 

Amour, lassitude

Portées

Avenirs

Muets sur les grèves

 

La solitude éteinte

Jette un regard

Vieille huître

Sur les rivages verts, sur les plages

Je me promène et j’erre

À la lueur des gares

 

*

 

 

 

 

À Naxos

 

La baleine a des os

De bitume

Et l’âne est bien parké

Même si les peaux se donnent

Sur le bord des plages

Sur le bord de l’eau

Sur le bord des âges

Sur le bord des bars

À Naxos personne n’a l’âge de ta peau

 

*

 

 

 

 

Les palais, mes veines

 

Et même si je fais

La croix à Corinthe

Ou l’oiseau sur le bord

Des réserves

Je crois et je promène

Les îles

Au-delà de ces peaux

Dans les palais

Mes veines

*

 

La rose première

 

« Et l’histoire, mon roman

Se fera dans les draps »

 

*

 

 

Sous la voûte étoilée

 

Sous la voûte étoilée

Des trésors dans la nuit

À grand coups d’hirondelles

On déballe le présent

La musique dans les ailes

À la mer endormie

Les tisons qui s’envolent

 

*

 

 

L’église est triste

L’église est pleine de rires

Et toi tu as l’âme belle

Autant qu’un cœur franc

Qui fait de l’escrime avec

Un poème

Se poser nu sur ton front blanc

*

 

 

Raffiner le noir

 

Aux lèvres de l’histoire

Aux lèvres de ma vie

Moi je suis ici

Aux lèvres de ton corps

À quêter la pluie à raffiner le noir

*

L’amour à mes pieds

Et le cœur qui résonne

J’ai mangé la beauté

Elle a mangé la pomme

 

Et la peau de la fée

Je garde pour le dessert

Ou la rose -je ne sais-

Ton corps je préfère

 

L’hostie et la beauté

Nous avons savourées

Mais le soir je rends

Mon cœur à sa portée!

*

 

mythologies

Demande au serrurier

Lequel des chemins

Demande au joallier

Le sable de tes mains

*

Le Roy t’appelle

Mon Isabelle

Monte à Sion

Mais attention

Y’a une abeille

Dans mon Salon

*

 

 

 

Entré dans le trou bleu

L’Écosse et l’Italie

Ont cherché ses coraux

Et le creux de son lit

 

*

 

 

 

Sur le sable

Au bord des mers rouges, Sinai

Jordanie

Dans l’écho de Pétra

Qui est morte

pays désert

Dans les bras d’un autre

Qui n’est pas un chameau

 

*

©François Baril Pelletier

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